Xuantian Shangdi, le dieu chinois tueur de démons


 Xuantian Shangdi, appelé aussi Zhenwu (guerrier parfait) ou Xuanwu (guerrier obscur) est une divinité taoïste dotée de pouvoirs de guérison et d’exorcisme dont les origines remontent au IIIème siècle avant JC.

Xuanwu est un pourfendeur de démons et un autre directeur du destin, responsable des registres de vie et de mort, qui réceptionne les rapports communiqués par les Trois Cadavres, les dieux censeurs du corps humain.

L'empereur Song Zhenzong (qui régna de 998 à 1022) fit construire son premier temple à son honneur dans la capitale Kaifeng.

A l'époque Yuan, il fut associé officiellement au mont Wudang et élevé au rang impérial avec le titre de Suprême Empereur du Ciel obscur en 1304. Sous les Ming, on le considéra comme la 82ème manifestation de Lao-tseu. Fut alors fondé un vaste complexe religieux, spécialisé dans les exorcismes et les arts martiaux. Le mont fut rebaptisé Wudang (Résistance martiale).

L'Empereur Yongle, l'un de ses fidèles les plus sincères, le choisit comme divinité tutélaire de sa dynastie. Il lui consacra un temple au sein de la Cité interdite à Pékin, et commandita la construction et la restauration de sites du mont Wudang, lequel acquit une importance supérieure à celles des 5 pics.

A partir de l'époque Ming, Zhenwu est représenté sous les traits d'un guerrier aux longs cheveux  et aux pieds nus, portant un large manteau par-dessus son armure et l'épée des 7 étoiles, référence à la constellation de l'Ourse. A ses pieds figure souvent un serpent enroulant ses anneaux autour d'une tortue (Xuanwu). on l'appelle parfois le suprême Empereur du Ciel obscur.

Le panthéon taoïste


Le panthéon taoïste est un système ouvert et en constante transformation. Il fut souvent restructuré et élargi au fil des siècles, mais conserva toujours un ordre hiérarchique rigoureux. On ne présentera ici que les divinités centrales du taoïsme moderne. Si certaines sont apparues tardivement et doivent leur origine à l'émergence de courants ou aux influences bouddhiste et confucianiste, d'autres ont une histoire de plus de vingt siècles, durant lesquels leurs positions ont varié selon leur popularité.

Cette dernière était souvent déterminée par les cours dynastiques, qui avaient le pouvoir de conférer rang et titres célestes. A l'époque Song ont ajouta les divinités bouddhistes et les dieux populaires, qui étaient quant à eux tenus cependant pour "impurs". En outre, dès l'origine, le taoïsme eut une attitude ambiguë vis-à-vis des cultes locaux, s'en tenant officiellement à distance tout en s'appropriant certains aspects. De nombreuses divinités populaires furent ainsi incluses dans les rangs inférieurs du panthéon à travers de véritables investitures qui les assujettissaient à cause de l'orthodoxie.

A toutes les époques, elles restèrent bien distinctes des divinités "pures", considérées comme des émanations du Dao et liées à la révélation des écritures sacrées.  

Entre ces deux catégories prenait place le vaste groupe des Immortels ; on pensait que ces personnages semi-légendaires avaient accédé à la réalisation spirituelle grâce à des techniques de purification intérieure.

A partir de la fin des 6 dynasties, le sommet du panthéon, d'abord occupé par le Suprême seigneur Lao ou par l'un suprême, revint au vénérable céleste de l'Origine primordiale. L’Empereur de Jade, nommé divinité suprême par décret impérial du XIème siècle, est souverain quant à lui des divinités populaires, sa position est donc hiérarchiquement inférieure à celle des 3 vénérables célestes.


Il existe plusieurs versions du panthéon. Selon la tradition, le corps démembré de Lao-tseu donna naissance à l'univers. A l'inverse l'univers se retrouve au complet dans le corps. Chaque organe abrite une divinité : la Reine-Mère d'Occident (la lune) dans l'oeil droit et le Duc-Roi d'Orient (le soleil) dans l’œil gauche forment une triade avec T'ai-yi, le Grand Un, dans le cerveau.

Selon une autre version, les hiérarchies célestes du taoïsme peuvent être classées selon une tripartition qui se présente comme une reproduction de l'organisation humaine (cour impériale, fonctionnaires et peuple). Le premier niveau est occupé par les divinités du ciel antérieur (xiantian), qui existent avant la manifestation du Ciel et de la Terre, c'est à dire avant l'union de Yin et Yang dans la cosmogonie taoïste ; y sont inclus les 3 Vénérables célestes, les 4 Ministres célestes, les 3 Fonctionnaires et les divinités des astres. Le deuxième niveau est occupé par les Immortels qui, ayant atteint la réalisation après la création du Ciel, sont appelés divinités du ciel postérieur (houtian). Enfin le niveau le plus bas est occupé par les divinités de la religion populaire.

A partir des Song, une prééminence fut donnée à une série de protecteurs d'aspect martial parmi lesquels figurent le Guerrier Obscur (Xuangwu) et le Tueur noir (Heisha ou Yisheng), tous deux liés aux nouvelles pratiques d'exorcisme qui apparaissent alors.

Les Maîtres célèstes du taoïsme


L'éclosion d'un courant religieux du taoïsme au IIème siècle après JC, se présenta comme un sursaut réformiste face à la prolifération des cultes locaux voués à des héros défunts et à la dérive sanguinaire des sacrifices qui leurs étaient adressés. En 142, un dénommé Zhang Daoling (en photo), retiré dans les monts Heming dans le Shu pour s'adonner à la quête de l'immortalité, fut visité par une apparition de Laozi qui l'enjoignit de fonder une communauté de purs, combattant les croyances immorales pour ne se vouer qu'au culte du Dao. Zhang fonda une organisation dont les membres, dans la plus stricte égalité des sexes, devaient adopter un mode de vie frugal et suivre un ensemble de préceptes reposant sur le respect de la vie et de la nature.

Zhang Lu, son petit fils, reprit le flambeau en 191. La communauté devint si importante qu'elle s'érigea en État autonome, basé à Hangzong, aux confins du Shu et du Shaanxi, dans une région largement peuplée d'ethnies non Han, dont les cultes et les croyances imprégnèrent l'organisation taoïste. Fondée sur l'autorité d'une lignée de patriarches dont la charge se transmettait par voie héréditaire depuis Zhang Daoling, elle prit le nom de Voie des Maîtres célestes. Elle était organisée en paroisses, dont les sièges étaient les montagnes et autres lieux sacrés investis par la ferveur populaire.

Les fidèles s'y réunissaient au cours de trois assemblées annuelles (les 1er, 7ème et 10ème mois) pour confesser leurs fautes et verser à l’Église une contribution de riz. Obole qui valu à la communauté des Zhang son sobriquet de "secte des cinq boisseaux de riz". L’État des Maîtres Célestes fut démantelé par Cao Cao en 215. Ses patriarches restèrent autorisés à enseigner à condition de se rapprocher du centre du pouvoir.

Après une très large diffusion dans la Chine du Nord à l'époque des Trois Royaumes, le mouvement gagna la Chine du Sud à l'époque des Six Dynasties. Sous le nom de Xuanxue "École des Arcanes", il prit un tour plus individuel que communautaire et une colorisation ésotérique, bâtie sur les expérimentations alchimiques et la méditation visionnaire. Au VIème siècle, le courant du Joyau Magique développa les traditions médiumniques toujours en usage dans la liturgie taoïste moderne.

Sous l'influence du bouddhisme, le taoïsme religieux connut un grand renouveau entre le Xème et le XIVème siècle. Les pratiques d'immortalité anciennes évoluèrent vers l'approche empreinte de spiritualité du neidan ou "alchimie intérieure" qui enseigne une médiation centrée sur l'écho dans le corps humain des grands mécanismes naturels universels. Le neidan devint la voie préconisée par le nouvel ordre taoïste du Véritable Total, apparu vers 1170 et qui constitua avec la Puissante Alliance de la Vérité et de l'Unité, les deux grands courants du renouveau taoïste à compter de la dynastie Yuan des mongols.

Parmi les patriarches des Maîtres célestes on compte Zhang Jixian (1092-1126), zhang Zengchang (1335-1378), Zhang Yushu (1361-1410). En 1949, Zhang Enpu (1904-1969), 63ème patriarche, abandonna le siège central de l’obédience sur le mont Longshu pour s'établir à Taïwan, ou réside aujourd'hui encore le dernier, et controversé, Maître céleste, Zhang Yuanxian.

La grotte de la flûte de roseau, un lieu légendaire chinois


Dans le paysage calcaire des collines de Guilin en Chine, se cachent des grottes extraordinaires visitées chaque année par des milliers de touristes. La plus connue, celle de la Flûte de roseau, doit son nom aux roseaux touffus qui poussaient jadis devant l'entrée et dont on faisait des instruments de musique. La caverne, longue de plus de 250 mètres, fut découverte sous la dynastie des Tang (618-907). Puis, pendant longtemps, seule la population locale, qui venait régulièrement s'y réfugier pour échapper aux bandits ou aux soldats, s'intéressa à son existence.

La grande salle intérieure, qui peut accueillir jusqu’à 1000 personnes, a été baptisée le Palais de cristal. Divisé en deux parties par un lac, elle est hérissée en stalagmites et stalactites. Les étranges concrétions calcaires, éclairées par des lumières électriques multicolores, évoquent des arbres noueux, d'épais arbustes, des animaux tels que chevaux, lions et bêtes féroces, et même des instruments de musique. De partout jaillissent de superbes couleurs rappelant le corail, l'agate, l'ambre et le jade.

Parmi les formes humaines sculptées par la nature figure le Vieux Sage. Il aurait été changé en pierre après avoir vainement tenté d'exprimer en vers la beauté du site. Selon la vieille légende du Voyage vers l'Occident, la grotte fut le palais, rempli de trésors, du roi Dragon.

Cette histoire, très populaire, relate les aventures d'un pèlerin chinois qui se rendait en Inde pour recueillir des textes bouddhiques originaux. Il voyagea en compagnie du roi Singe. Dans la grotte de la Flûte en roseau, ce dernier détruisit l'armée du roi Dragon, constituée de généraux crabes, de soldats crevettes, escargots et méduses qu'il laissa pétrifiés sur le sol. Un gros rocher de calcaire blanc serait l'aiguille magique utilisée par l'assiégé pour se défendre.