Les Maîtres célèstes du taoïsme


L'éclosion d'un courant religieux du taoïsme au IIème siècle après JC, se présenta comme un sursaut réformiste face à la prolifération des cultes locaux voués à des héros défunts et à la dérive sanguinaire des sacrifices qui leurs étaient adressés. En 142, un dénommé Zhang Daoling (en photo), retiré dans les monts Heming dans le Shu pour s'adonner à la quête de l'immortalité, fut visité par une apparition de Laozi qui l'enjoignit de fonder une communauté de purs, combattant les croyances immorales pour ne se vouer qu'au culte du Dao. Zhang fonda une organisation dont les membres, dans la plus stricte égalité des sexes, devaient adopter un mode de vie frugal et suivre un ensemble de préceptes reposant sur le respect de la vie et de la nature.

Zhang Lu, son petit fils, reprit le flambeau en 191. La communauté devint si importante qu'elle s'érigea en État autonome, basé à Hangzong, aux confins du Shu et du Shaanxi, dans une région largement peuplée d'ethnies non Han, dont les cultes et les croyances imprégnèrent l'organisation taoïste. Fondée sur l'autorité d'une lignée de patriarches dont la charge se transmettait par voie héréditaire depuis Zhang Daoling, elle prit le nom de Voie des Maîtres célestes. Elle était organisée en paroisses, dont les sièges étaient les montagnes et autres lieux sacrés investis par la ferveur populaire.

Les fidèles s'y réunissaient au cours de trois assemblées annuelles (les 1er, 7ème et 10ème mois) pour confesser leurs fautes et verser à l’Église une contribution de riz. Obole qui valu à la communauté des Zhang son sobriquet de "secte des cinq boisseaux de riz". L’État des Maîtres Célestes fut démantelé par Cao Cao en 215. Ses patriarches restèrent autorisés à enseigner à condition de se rapprocher du centre du pouvoir.

Après une très large diffusion dans la Chine du Nord à l'époque des Trois Royaumes, le mouvement gagna la Chine du Sud à l'époque des Six Dynasties. Sous le nom de Xuanxue "École des Arcanes", il prit un tour plus individuel que communautaire et une colorisation ésotérique, bâtie sur les expérimentations alchimiques et la méditation visionnaire. Au VIème siècle, le courant du Joyau Magique développa les traditions médiumniques toujours en usage dans la liturgie taoïste moderne.

Sous l'influence du bouddhisme, le taoïsme religieux connut un grand renouveau entre le Xème et le XIVème siècle. Les pratiques d'immortalité anciennes évoluèrent vers l'approche empreinte de spiritualité du neidan ou "alchimie intérieure" qui enseigne une médiation centrée sur l'écho dans le corps humain des grands mécanismes naturels universels. Le neidan devint la voie préconisée par le nouvel ordre taoïste du Véritable Total, apparu vers 1170 et qui constitua avec la Puissante Alliance de la Vérité et de l'Unité, les deux grands courants du renouveau taoïste à compter de la dynastie Yuan des mongols.

Parmi les patriarches des Maîtres célestes on compte Zhang Jixian (1092-1126), zhang Zengchang (1335-1378), Zhang Yushu (1361-1410). En 1949, Zhang Enpu (1904-1969), 63ème patriarche, abandonna le siège central de l’obédience sur le mont Longshu pour s'établir à Taïwan, ou réside aujourd'hui encore le dernier, et controversé, Maître céleste, Zhang Yuanxian.

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