Le culte des ancêtres en Chine


Le culte des ancêtres est fondé sur de très anciennes croyances selon lesquelles l'homme est animé par des forces, des énergies et des souffles vitaux. Non seulement ceux-ci ne disparaissent pas après la mort, mais si ils sont correctement et fidèlement nourris, ils survivent pour posséder bientôt un caractère céleste, quasi-devin, qui rejaillit sur leur descendance terrestre. Au fil d'un temps mesuré à l'aune de la mémoire humaine, l'individualité de l'ancêtre s'estompe et il s'en va rejoindre la masse indistincte des esprits. les mal nourris vont quant à eux, gonfler les cohortes des fantômes errants ou furieux. C'est au cours de banquets que sont célébrés l'alliance et le partage entre les vivants et les morts, le monde visible et invisible.

Les sociétés aristocratiques Shang puis Zhou étaient organisées autour du culte rendu aux ancêtres du lignage. Chaque lignage faisait fabriquer les vases rituels destinés à des cérémonies où se retrouve toute la lignée. Ces cérémonies complexes au rituel immuable, s'organisaient autour d'un repas auquel les ancêtres étaient censés assistés ; on leur faisait des offrandes de nourritures diverses (viandes et céréales) et de boissons alcoolisées consommées et servies en libations. Les ancêtres étaient supposés disposer de pouvoirs considérables susceptibles de favoriser ou d'anéantir la prospérité de leur lignée. Du respect scrupuleux des rites dépendait le succès des guerres et la fortune du clan.

Des mages ou des membres du lignage recevaient et traduisaient la parole des défunts et leurs intentions à l'égard de leurs descendants. Au moment de l'inhumation d'un membre de la lignée, des vases rituels dont le nombre varie en fonction du rang, sont inhumés avec le défunt pour qu'il puisse aussi dans l'au-delà accomplir les rites dédiés à ses ancêtres. De magnifiques ensembles de la vaisselle du sacrifice ou des services de communion de la Chine ancienne nous sont parvenus sous la forme de vases de bronze destinés à recevoir les mets préparés et le vin des banquets ancestraux.

A l'époque des Shang, des fidèles et des serviteurs du souverain sont immolés et inhumés en même temps que lui. Les cérémonies funéraires rassemblaient le clan et ses alliés. A partir de l'époque des Royaumes combattants, le culte des ancêtres demeure mais les offrandes sont plus dédiées au profit du donateur qu'aux mânes familiales.

Rangées dans le Citang, sorte de tabernacle, à droite du tabernacle familial (Jiatang), destiné aux dieux protecteurs de la famille, les tablettes d'ancêtres étaient honorées par des offrandes de bâtonnets d'encens et de petits cierges, que l'on faisait brûler ou que l'on allumait à l'occasion des cérémonies familiales (naissances, mariages) et des fêtes du calendrier. On y ajoutait alors d'autres offrandes, par exemple des galettes, des abricots pour la fête du Nettoyage des tombes, du riz nouveau pour la fête des Murs et des Fossés (Chenghuang), dont les dieux protégeaient les villes et les villages, des fleurs de chrysanthèmes le 9ème jour du 9ème mois, une fête que l'on célébrait par des beuveries, des expositions de chrysanthèmes et des promenades sur les hauteurs.

Aujourd'hui encore en Chine de nombreuses familles rendent hommage aux ancêtres notamment à l'occasion des fêtes, mariage et naissance. En effet, malgré révolutions et modernité, le culte est demeuré vivace dans les pays chinois et sinisés. Lors de la fête des Morts, célébrée tous les 5 avril, les familles chinoises ont conservé la coutume de se rendre sur les tombes de leurs ancêtres pour y partager leur repas avec les esprits ancestraux.

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