Dans toutes les villes de Chine ou presque, il y avait un temple ou au moins un autel dédié à l’empereur Wenchang qui régnait sur une constellation formée de six étoiles à côté du Boisseau du Nord et qui était chargé de la promotion des humains. Ce dieux était surtout vénéré par les lettrés fonctionnaires dont il commandait la réussite.
A la fin du IIIe siècle avant JC, à la chute de la dynastie Qin (206 av JC), la Chine était en proie aux rivalités de chefs de guerre qui voulaient refaire l’unité de l’empire à leur profit, Wenchang demanda à l’empereur du Ciel de s’incarner pour aider le futur fondateur de la dynastie Han. C’est ainsi qu’il naquit dans la famille de l’empereur Gaozu des Han et fut nommé prince de Zhao. Mais l’impératrice Lü le fit exécuter avec sa mère. Au milieu du Ier siècle, Wenchang s’était aperçu que sa mère s’était réincarnée comme l’épouse d’un paysan pauvre nommé Zhang, dans une région où l’impératrice Lü et les membres de sa famille étaient devenus des animaux de fermes. Le vieux Zhang, n’ayant plus de fils, se coupa le bras, versa le sang dans le creux d’une pierre qu’il recouvrit et fit le vœu, si un animal naissait de son sang, de l’adopter comme son héritier. Wenchang décida alors de s’incarner sous la forme d’un serpent doré, que la femme de Zhang, ramena à la maison et éleva. Au bout d’un an, une corne et des pieds poussèrent sur le corps de ce serpent, qui se mit alors à dévorer les moutons, les cochons et les chiens des environs, réincarnations de l’impératrice Lü et de ses parents et fidèles.
Les paysans du village se plaignirent, puis finirent par enfermer le vieux Zhang et sa femme. Rendu fou furieux par cela, le serpent provoqua un typhon au cours duquel tous les habitants furent tués, soit plus de deux mille personnes. Mais ainsi il était allé au-delà de sa vengeance et avait provoqué la mort accidentelle de nombreux innocents. Aussi fut-il condamné à devenir le dragon d’un lac qui ensuite se dessécha ; de petits vers se logèrent entre ses quatre vingt quatre milles écailles, le mordillant et le faisant cruellement souffrir. Remonté au Ciel après cette épreuve, l’empereur Wenchang fut assisté du Sourd Céleste et du Muet Terrestre, grâce à qui ceux qui savent ne peuvent pas parler et ceux qui parlent ne peuvent pas comprendre, de façon que les voies du Ciel restent impénétrables.