Pour atteindre le Dao, l'adepte doit se transformer grâce à des méthodes corporelles et surtout méditatives. En effet, le corps est le lieu des métamorphoses et le taoïste en fait son laboratoire. Il y installe en divers lieux chaudron et fourneau, transmute les substances et les forces qui le parcourent. Il se retire dans la montagne qu'est son propre corps, cette grotte-matrice où il se régénère. Il se livre à une véritable alchimie intérieure, unissant le feu du coeur et l'eau des reins, en s'inspirant des méthodes de l'alchimie extérieure qui était censée mener à l'immortalité.
Cette alchimie du corps est en fait une synthèse des méthodes corporelles et méditatives du taoïsme antique, aujourd'hui décrites à l'aide d'un vocabulaire alchimique, d'éléments mythologiques et des diagrammes symboliques du Livre des Mutations, le Yi-jing, qui figurent les processus mis en oeuvre. Cet ensemble de pratiques a attiré empereurs et lettrés, qui se sont efforcés de nourrir et de préserver leur cinabre intérieur, ce qu'ils évoquent parfois dans leurs poésies ou dans des peintures de paysage, reflets de leur état contemplatif.
L'élixir d'immortalité que les taoïstes de l'Antiquité fabriquaient à partir de drogues végétales ou minérales, revenant à une nourriture sauvage qui devait conférer à leur corps des caractéristiques particulières, telles que poussée de poils ou d'ailes, est désormais élaboré à partir de trois ingrédients de base : l'essence séminale chez l'homme ou le sang menstruel chez la femme, appelé métaphoriquement le "cinabre", le souffle (Qi ou Ch'i), et l'âme ou les âmes. Notre destin dépend de nous et non du Ciel, dit Laozi. Dans l'alchimie intérieure, l'adepte se sert de sa pensée, plus particulièrement de l'intention et de la puissance de visualisation de son esprit, pour provoquer des changements. Les processus de transformation dans l'être s'effectuent en circuit clos, d'où la nécessité de fermer toutes les ouvertures du corps et que rien ne s'en échappe, ni par les orifices, ni par les organes des sens.
La mise en mouvement de l'essence (énergie sexuelle) est la première étape du processus des transformations. Il s'agit de raffiner l'essence pour la transformer en souffle, puis transformer celui-ci en force spirituelle pour, dans l'étape ultime, fondre cette force dans le grand Vide. L'affinement des substances, par une montée de chaleur yang et une descente des secrétions yin, se fait selon un feu réglé en accord avec les mécanismes du temps, selon le rythme de l'heure, du jour, du mois, des saisons, de l'année. grâce à ces transformations se forme dans l'individu un être de lumière et d'immortalité, réplique de lui-même.
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