Le dieu des acteurs est d’habitude l’empereur Minghuang (Laolang shen 712-756), car ce souverain créa au palais impérial un conservatoire de musique et de danse, dont le nom, Jardin des poiriers, venait de son emplacement dans l’enceinte du palais ; c’est pourquoi on appela désormais les acteurs les disciples du Jardin des poiriers. Ce souverain fut non seulement un grand patron des arts du spectacle, mais il était aussi musicien et acteur. Quand il jouait un personnage dans des saynètes, les autres continuant à lui décerner de « majesté », il leur dit de l’appeler alors « laolang » d’où son nom comme dieu du théâtre. Selon d’autres, ce dieu serait Lei Haiqing, musicien, joueur de pipa, luth piriforme, sous cet empereur Minghuang ; fait prisonnier par le rebelle An Lushan, il refusa de jouer pour lui et fut mis à mort. Les taoïstes, qui voient derrière les dieux une puissance stellaire, disaient qu’en fait Laolang shen était la sixième constellation parmi les sept maisons du Sud. Dans le Sud de la Chine, les troupes d’opéra n’honoraient pas Laolang shen, mais Tian Du yuanshuai, les maréchaux Tian et Du ou le maréchal Tian Du suivant les interprétations. Les troupes cantonaises, après leur interdiction à la fin du XIXe siècle pour avoir participé à la révolte des Taiping, adoptèrent comme dieu Hua Guang, dieu du feu.
Le dieu des prostituées était le dieu aux Sourcils Blancs (Bai mei shen), que vous pouvez voir en photo, dont la personnalité reste dans le brouillard, et dont l’origine serait Zoroastre après l’introduction de ce dieu perse en Chine. Avec son premier client, une prostituée devait le saluer, ce qui s’appelait « fixer le sentiment ». Certains y voient Guan Zhong, Premier ministre du royaume de Qi sous l’antiquité, car il aurait été le premier à réglementer et à officialiser la prostitution. Il aurait fondé sept cent bordels pour payer les frais de guerre et lui-même aurait pris plusieurs femmes pour que son souverain, qui s’était entouré d’un vaste harem, n’apparaisse pas au peuple comme un dévergondé. Les prostitués vénéraient aussi cinq immortels qui étaient des animaux : le hérisson, la tortue, la fouine, la souris et le serpent, qui avaient un autel dans la pièce secrète des patronnes de ces lieux pour en assurer la protection. Dans le Sud-est, à l’entrée des bordels, sur le sol, on avait une statue du Cochon aux Huit Vœux (Zhu Ba Jie) tenant dans ses bras une jeune fille en déshabillé, car ce personnage de Voyage en Occident, compagnon du singe et protecteur du bonze parti en Inde chercher les soutras, était célèbre pour sa gourmandise et sa luxure, et il était considéré comme l’esprit le plus compréhensif pour assurer la paix et la prospérité à un tel commerce. Guan Zhong, ayant crée le monopole d’Etat pour le sel, était aussi le dieu des contrebandiers du sel, car sans cette loi, la contrebande n’aurait pas existé.
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