Zhanxu, l'Empereur du Nord


Zhanxu était le fils de Changyi et le neveu de Shaoshao, sa mère s’appelait Jingpu. Vers la fin du temps de Shaohao, il apparut un phénomène étrange dans le ciel : l'étoile Yaogang de la Grande Ourse passa soudain à travers la lune. Jingpu, concubine impériale du Seigneur Changyi qui habitait dans le palais Youfang, devint enceinte du passage de l'étoile Yaogang.

Plus tard, le Seigneur Changyi se dégrada et s'expatria dans les régions lointaines au sud-ouest, au bord de la rivière Ruoshi. Jingpu l'accompagna et accoucha d'un garçon portant un bouclier et une hallebarde. Cela annonçait que Zhanxu deviendrait un chevalier et remporterait le succès à la force. Surdoué, Zhanxu fut capable d'assister Shaohao à l'âge de dix ans, ressembla à un adulte à douze ans et devint l'Empereur quand il eut seulement vingt ans.

Il établit sa capitale à Diqiu (à l'actuel Puyang, Henan). Pour sauvegarder la paix, il surveilla le pays au dragon tous les jours et patrouilla dans toutes les régions où les lumières du soleil parvenaient. Au retour au Palais impérial, il ordonna à son dragon volant d'imiter les bruits du vent et créa un morceau de musique, Chengyun (les Nuages), qu'il présenta à l'Empereur jaune.

L'Empereur jaune appréciait beaucoup Zhuanxu, et lui ordonna de gérer l'univers à sa place. Arrivé au pouvoir, Zhanxu se prit à couper le passage entre le ciel et la terre. A cette époque-là, le ciel et la terre étaient séparés, mais il existait quand même des échelles et des piliers liant les deux. Les divinités et les sorciers faisaient le va-et-vient entre le ciel et la terre à travers ces passages. En même temps, des divinités vicieuses, comme Chiyou, en profitaient et causaient beaucoup de troubles sur terre. Bien que Chiyou fût tué à la fin du combat, l'ordre de l'univers fut détruit totalement. En même temps, les serviteurs favoris de Huangdi, le dragon Ying et sa fille Kui, ne purent retourner au Palais céleste à cause de leurs blessures. Zhanxu en tira une leçon et décida de couper les passages.

Il envoya deux divinité, Zhong et Li, pour accomplir cette mission. Zhong leva le ciel vers le haut avec toutes ses forces, en même temps Li pressa la terre vers le bas avec ses deux mains herculéennes. La distance entre le ciel et la terre s'élargit, et les échelles et les piliers n'ateignirent plus le ciel. De cette façon, le ciel et la terre furent séparés nettement, le Ciel était destiné spécialement aux divinités, alors que la terre constituait la seule habitation des hommes. On interdit aux divinités de descendre sur terre sans autorisation.

Pour l'humanité, il fut impossible de monter au ciel. Cela fait, Zhanxu chargea Zhong de gouverner le ciel et Li de la surveillance de la terre. En bloquant les passages, Zhanxu chargea Zong de gouverner le ciel et Li de surveiller la terre.

Dès lors on vivait dans un monde pacifique et les divinités n'osaient pas se rebeller. Fier de son exploit, Zhanxu se conduisait en despote, changeait l'ordre de l'univers à sa guise, et tyrannisait les autres divinités.

Parmi ses agissements pervers, le plus grave fut qu'il fixa le soleil, la lune et toutes les étoiles au nord, leur interdisant de se déplacer. Cela entraina des conséquences désastreuses : des endroits se trouvaient toujours sous la chaleur, les lumières aveuglaient les hommes ; d'autres endroits s'enfonçaient dans l'obscurité profonde. Toute les divinités et toutes les espèces humaines souffraient beaucoup de son oppression. La tyrannie insupportable de Zhanxu provoqua finalement la rébellion de Gonggong.

Gonggong était le fils de Zhurong, divinité du Feu, et descendant de la cinquième génération de l'Empereur du soleil Yandi, l'empereur céleste  du sud. Divinité de l'Eau, il vivait dans les contrées désertiques au nord et avait une tête humaine, deux mains, deux jambes, mais un corps de serpent. Quand il marchait, ses cheveux rouges ébouriffaient au vent. En plus des céréales, il mangeait aussi des animaux. Puisqu'il était fort et féroce, les autres divinités avaient peur de lui. Deux divinités travaillèrent sous ses ordres, Xiangku et Fuyou. Xangliu avait un visage humain et un corps de serpent, et le plus horrible, c'est qu'il avait neuf têtes qui pouvait se déplacer librement et prenaient les repas aux neuf montagnes. Partout où il passa, des marais apparurent. Quant à Fuyou, les documents anciens ne nous décrivent pas son apparence, et disent seulement qu'après sa mort, il devint un ours au poil rouge.

Xianglu et Fuyou aidèrent ensemble Gonggong à gérer les fleuves. Surpris de la rébellion de Gonggong, Zhanxu l'affronta avec ses armées sous le commandement de son subordonné Yuqiang, divinité des mers. C'est le plus grand combat entre les divinités après celui entre Huangdi et Chiyou. Zhanxu et Yuqiang eurent tous des pouvoirs magiques et l'emportèrent progressivement sur Gonggong qui, n'ayant pas la force de résister, céda peu à peu. Le champ de bataille se déplaça près d'une montagne dans les landes au nord-ouest. Cette montagne, originellement un des piliers célestes qui liaient le ciel et la terre, s'élevait jusqu'au nuages. Devant la défaite, Gonggong voulut périr avec Zhanxu. Il heurta d'un coup la montagne. Avec un bruit assourdissant, la montagne se cassa en deux : dès lors on l’appela Mont Buzhoushan (Montagne cassée).

Sans le support de ce pilier, le ciel pencha vers le nord-ouest. Le soleil, la lune et les étoiles emprisonnés par Zhanxu au nord s'y échappèrent et se déplacèrent vers le nord-ouest. Dès lors ils se retrouvaient dans l'orbite de l'est à l'ouest. Lorsque Gonggong se heurta contre le Mont Buzhou, un câble suspendant la terre au ciel se brisa en même temps, la terre sombra vers le sud-est. Ainsi la plupart des fleuves en Chine courent vers le sud-est.

L'ordre invulnérable de Zhanxu fut détruit par le choc de Gonggong et personne ne le répara après. l'univers entra dans une nouvelle ère, l'état cosmique d'aujourd'hui. Pendant le combat Gonggong se réfugia sous l'eau et ses subordonnés s'enfuirent dans toutes les directions.  Pendant la dynastie Han, on pensait que Zhanxu après sa mort était devenu l'Empereur céleste du nord. Il s'occupait alors de l'hiver.

Selon les légendes populaires, le 18 mars du calendrier lunaire est l'anniversaire de Zhanxu, ce jour-là on lui offre des sacrifices.

Le Temple du Cheval Blanc à Luoyang


Le Temple du Cheval Blanc (Baima si), proche de Luoyang, est la plus ancienne fondation bouddhique de Chine qui date des Ming (1368-1644). Il fut plusieurs fois restauré sous les Ming, les Qing et de 1952 à 1957. Saccagé pendant la Révolution culturelle, le temple a dû être à nouveau restauré ; on l'a pourvu de statues provenant d'autres monuments.

Devant l'entrée, un cheval de pierre taillé sous les Song, rappelle la légende de la fondation de ce monastère. De part et d'autre de la premère cour, deux tertres, entourés d'un muret en pierre, sont ombragés de grands arbres. Ce sont les tombeaux des moines à l'origine de la fondation : Kasyapa Matanga et Zhou Falan.

Selon la légende, l'empereur Ming eut un rêve : un homme d'or volant dans le ciel, vint se poser dans la cour de son palais. Le sage Fuyi interpréta ce songe singulier : le souverain avait reçu la visite d'un immortel, venu d'un pays par-delà les Kunlun. Han Mingdi dépêcha 12 envoyés vers la contrée de ce sage, pour y recueillir son enseignement. La délégation revint avec les premiers sûtras, dont les canons des Quarante-Deux Articles, premier a être traduit en chinois mais aussi deux religieux : Kasyapa Matanga et Zhou Falan. Pour les accueillir et recueillir les textes de leur doctrine, l'empereur fit construire près de Luoyang, sa capitale, un "si", terme qui désignait alors une maison d'hôtes et sert aujourd'hui pour les couvents bouddhiques. Il fut baptisé "si du Cheval blanc", en mémoire de l'animal qui avait convoyé les textes saints depuis les contrées occidentales.

En face de l'entrée du Temple se trouve la Salle des Rois célestes (Tianwang dian). On trouve sous un dais de bois sculpté et doré d'époque Ming, trône un Bouddha des temps futurs (Maitreya). Derrière un écran, une statue en argile dorée lui tourne le dos : c'est celle du Weiduo, chef des 32 généraux célestes qui dépendent des Quatres Rois des quatres points cardinaux.

Dans la salle du Grand Bouddha (Dafo dian), on trouve sur l'autel un Bouddha en argile, modelé sous les Ming, siège encadré de deux disciples et des bodhisattva Manjusri (Wenshu) et Samantabhadra (Puxian). Les pavillons disposés de part et d'autre sont à gauche, la salle des Ancêtres (Zutang) et celle de la méditation (Chantang) ; à droite, une ancienne hostellerie.

Dans la 3ème salle, la Grande Salle majestueuse (Daxiong dian), se trouvent trois statues en bois laqué et doré. Les côtés latéraux sont ornés d'une série de neuf arhat en bois polychrome qui remonteraient au XIIIème siècle. Devant les statues du centre se trouvent cinq beaux vases en émaux cloisonnés qui datent du règne de l'empereur Qianlong (1736-1796).

Dans le 4ème bâtiment, nommé la Salle de l'Entrée en retraite (Jieyin dian), trône Amithaba, le Bouddha qui règne dans le Paradis de l'Ouest, ou plutôt le Monde de Délices de la région occidentale (Xifang jiluo shejie). Le Bouddha est flanqué des bodhisattva Guanyin et Dizang.

Au bout de l'axe du temple se trouve la terasse de la Fraîcheur (Qingliang tai), dont les murs de soutènement en brique, dateraient des Yuan. Une inscription relate les circonstances de l'arrivée des sûtras à Luoyang, tandis qu'une stèle du temps de l'empereur Kangxi (1662-1722) est dite "au texte coupé" car les caractères y sont disposés horizontalement et non verticalement. A 500 mètres du temple se trouve la Pagode des Nuages accumulés, une pagode en brique de 13 étages qui dépendait d'un monastère voisin aujourd'hui disparu.

Han Xiangzi, un des 8 immortels du taoïsme


Han Xiangzi est l'un des huit immortels du taoïsme. Neveu du grand lettré Han Yu (768-824), il était dépouillé de toute ambition et mena une vie sans soucis. Il rencontra Lü Dongbin, qui l'initia au tao. Aux critiques de son oncle qui voulait qu'il choisisse une carrière "sérieuse", il répondit qu'il n'avait pas la même ambition que lui, et, enjoint de composer un poème, écrivit sur-le-champs une poésie sur l'immortalité. Comme Han Yu lui demandait si il était capable de maîtriser les transformations, il fit apparaître un pot de vin dans lequel était fichée une pivoine verte. Sur les pétales de la fleur étaient inscrits des caractères dont Han Yu ne comprenait pas le sens ; mais Han Xiangzi lui rétorqua qu'il les comprendrait plus tard.

Peu après Han Yu fut condamné à l’exil dans la région de Chaozhou pour avoir écrit un texte où il se moquait de la réception à la Cour d'une relique de Bouddha. Se rendant dans le sud, en passant par un col de montagnes, il fut arrêter par une tempête de neige. Son neveu surgit alors devant lui, lui rappela les vers inscrits sur la fleur qui faisaient allusion à son éloignement du foyer et à son cheval entravé par la neige. Han Yu compris la valeur de son neveu et reprit ces deux vers dans un poème. Il passa la nuit avec lui et apprit ainsi que son exil prendrait vite fin et qu'il retrouverait un poste encore plus élevé.

Han Xiangzi est souvent représenté en jeune lettré jouant de la flûte et il est d'ailleurs le patron des musiciens. Sa musique attirait les oiseaux et les autres animaux. Parmi ses nombreux pouvoirs magiques, il pouvait à volonté faire pousser fleurs et plantes.

Zhong-li Quan, un des 8 immortels du taoïsme


Zhong Liquan était le fils d'un fonctionnaire noble de la dynastie Han. Sa naissance fut marquée par l'apparition d'une vive lumière. il ne pleura ni ne cria, ne mangea ni ne but pendant sept jours, au bout desquels il bondit en s'écriant : "je veux aller m'amuser à la capitale de jade et dans la demeure pourpre où vivent les immortels".

Devenu adulte, il fit une carrière de fonctionnaire et fut nommé général en chef d'une expédition contre les barbares, mais, vaincu, il s'enfuit seul à cheval par un défilé et perdit son chemin. Au milieu de la nuit, il rencontra un moine barbare qui le guida jusqu'à une chaumière et lui dit : "C'est ici que Maître Donghua cultive le tao, vous pouvez vous y reposer", puis l'ayant salué, il s'en alla. Zhong Liquian  hésitait, n'osant déranger le maître du lieu. Il entendit une voix à l'intérieur dire : "C'est sûrement ce moine étranger aux yeux verts qui a trop parlé". puis il vit sortir un vieillard, portant une cape en peau de daim blanc et s'appuyant sur un bâton qui lui demanda : "Vous n'êtes pas le général Zhong Liquan de la cour des Han? Pourquoi ne vivez-vous pas dans une demeure de moine dans la montagne?"

Zhong Liquan, surpris, comprit qu'il s'agissait d'un homme extraordinaire et lui demanda de lui enseigner le Tao. Au bout de quelques temps, il repartit et quand il se retourna une dernière fois, il s'aperçut que la chaumière avait disparu en un clin d'oeil. Il rencontra ensuite plusieurs immortels qui l'initièrent plus profondément dans la connaissance du tao et les techniques d'immortalité si bien qu'il put parcourir l'empire en voyageant sur les nuages.  Durant de nombreuses années il se chargea de transmuter grâce à une drogue alchimique de sa composition, le cuivre et l'argent, qu'il distribuait aux pauvres. Zong Liquan apparait comme un homme bien en chair, la panse dévêtue, tenant une pêche (le fruit symbole d'immortalité) ainsi qu'un éventail qui lui sert à rendre la vie aux âmes des morts. Il fait partie du groupe des 8 immortels du taoïsme et vécu de nombreuses aventures avec eux.

Li Tieguai, un des 8 immortels du taoïsme


Les immortels chinois (xian) ne sont pas des dieux. Ce sont des humains qui ont trouvés la voie de l’immortalité et qui n’exercent pas de fonction particulière et qui apparaissent sur terre au gré de leur caprice.
C’est le taoïsme qui a vraiment dévelloppé cette notion d’immortalité, la capacité de prolonger la vie par delà la mort sous la forme de pur esprit. De nombreux rites et excercices physiques, intellectuels, sexuels et spirituels devaient y conduire. On y parvenait pleinement par l’union avec le Tao.

Li Tieguai est l’un des immortels les plus connu. Appelé aussi Kong Mu, est toujours représenté avec sa canne de fer ainsi qu'une gourde contenant des potions magiques. Il avait atteint très tôt le Tao, auxquels deux immortels l’avaient initié, et vivait sur une montagne. Un jour, devant se rendre au mont Huangshan pour y rencontrer le célèbre Laojun, il dit à son disciple : « Je vais laisser mon corps ici sous ta garde pendant que mon esprit ira au rendez-vous avec Laojun. Si dans sept jours je ne suis pas revenu, incinère mon corps ». Le disciple ayant appris que sa mère était gravement malade, voulu aller à son chevet et, comme son maître était absent depuis six jours, il se dit qu’il pouvait déjà incinérer sa dépouille.

Mais le septième jour, Li Tieguai revint et, ne trouvant plus son corps, emprunta celui d’un mendiant infirme qui venait de mourir. Dès lors il dut s’appuyer sur une béquille et resta estropié, ne pouvant s’appuyer que sur une seule jambe quand il apparaissait sur terre. Il tient également une gourde, héritage du mendiant, qui lui valut de devenir le protecteur très populaire des débits de boissons.

 On dit que Li Tie-guai ressuscita sa propre mère en lui faisant boire un de ses breuvages. Il devint par la suite le patron des apothicaires. Il est l'un des 8 immortels du taoïsme.

Zang Guolao, un des 8 immortels du taoïsme


Zang Guolao était un taoïste qui naquit dans la province du Shanxi sous la dynastie Tang. Il chevauchait un âne blanc avec lequel il pouvait parcourir des milliers de lieues en un jour. A l’arrête, il le repliait comme une feuille de papier, le plaçait dans sa besace et crachait dessus une gorgée d’eau quand il voulait lui faire reprendre sa forme animale. Il est l'un des huit immortels taoïstes.

Les empereurs Taizong (626-649) et Gaozong (649-683) l’invitèrent pour qu’il occupa un poste officiel mais il refusa, et quand l’impératrice Wu Zetian (684-704) insista, il fit semblant d’être mort ; comme son corps exposé au soleil commençait à pourrir et à être attaqué par les vers, l’impératrice crut qu’il était vraiment mort. On le vit ensuite se promener dans sa province sur le mont Hengshan.

En 736, l’empereur Xuanzong y envoya d’abord un émissaire le chercher, mais, comme il fit de nouveau semblant d'être mort, il dépêcha deux dignitaires avec un ordre impérial gravé sur une plaque de jade. A Loyang, le souverain le reçut dans la salle de la Réunion des sages avec de grands honneurs, mais Zhang Guolao refusa de répondre aux questions. Puisqu’il restait plusieurs jours sans manger, se contentant d’un peu de vin, l’empereur lui offrit à boire, mais il répondit : « Je ne bois que deux tasses ; en revanche, j’ai un disciple capable d’absorber un boisseau d’alcool ». Un jeune taoïste descendit alors en volant d’une solive de la salle ; après avoir bu un boisseau, il eut beau refuser, l’empereur insista pour qu’il continue, et réussit à le soûler. Mais l’alcool surgit du sommet de sa tête, faisant tomber sa coiffe, et en un éclair, ce jeune taoïste se transforma en coupe en or que l’assistance reconnut comme faisant partie de la vaisselle du palais.

Il resta ainsi quelques temps à la cour mais fatigué de cette vie trop luxueuse, il finit par retourner sur le mont Hengshan et fit le mort une nouvelle fois quand l’empereur le rappela. Celui-ci fit alors élever un temple en son nom. Zhang Guolao avait l’apparence d’un vieillard d’une soixantaine d’années et affirmait qu’il était né sous l’empereur mythique Yao.

Lü Dongbin, un des 8 immortels du taoïsme


Lü Dongbin est le plus célèbre des immortels ; des autels et des temples ont été élevés en son honneur ; on le consulte par la planchette, car il se manifeste souvent sur terre pour combattre des démons ou faire passer des êtres au stade d'immortels. On le considère souvent comme le meneur des 8 immortels du taoïsme. Il naquit en 798. Son grand-père et son père étaient de hauts fonctionnaires. Avant sa naissance, sa mère vit en dormant une grue arriver dans la chambre, baignée d'un parfum extraordinaire, tandis que résonnait une musique céleste, puis l'oiseau disparut. Devenu adulte, il rencontra sur le mont Lushan un taoïste qui |'initia aux pouvoirs magiques des épées. Malgré son savoir, il échoua aux examens impériaux.

A soixante-quatre ans, il rencontra dans une auberge de la capitale un taoïste qui avait écrit trois poèmes sur le mur et qui l'invita à en faire autant. Lü Dongbin écrivit un poème dont le sens était qu'il ne voulait plus rechercher la gloire et l'intérêt, mais atteindre à l'immortalité. Le taoïste se présenta comme étant Zhong Liquan et l'invita à le suivre pour dîner.

Tandis qu'on faisait cuire le millet pour le repas, Lü Dongbin s'assoupit et rêva d'une vie qui le menait au sommet des honneurs et de la félicité, mais qui finissait par sa séparation d'avec sa femme, sa condamnation à l'exil, et se retrouvant aux abois dans une tempête de neige, il se réveilla pour découvrir que le millet n'était même pas encore cuit. Ce rêve lui avait été envoyé par Zhong Liquan pour qu'il prenne conscience du fait que la vie n'est qu'un songe. Lü Dongbin le salua comme son maître et mena une vie retirée, mais il dut subir les dix épreuves suivantes pour voir s'il pouvait atteindre le Tao :

Quand il rentra chez lui, il découvrit que toute sa famille était morte de maladie. Sans se laisser émouvoir, il se contenta d'acheter les cercueils nécessaires et heureusement les morts ressuscitèrent. Comme il s'était fait marchand ambulant pour vivre, un client ne lui donna que la moitié de ce qu'il lui devait, mais il s'abstint de discuter, et le client reposa ce qu'il avait acheté. Un jour de nouvel an, il donna beaucoup d'argent à un mendiant et se contenta de sourire quand celui-ci l'insulta en trouvant que ça ne suffisait pas. Tandis qu'il gardait un troupeau sur une colline, apparut un tigre affamé; Lü Dongbin protégea ses bêtes en faisant écran avec son corps, et le tigre partit. 

Tandis qu'un soir il étudiait dans une chambre, apparut une jolie jeune fille qui demanda à passer la nuit et flirta avec lui, mais pendant les trois jours où elle resta, il ne se laissa pas tenter. Alors qu'il était dans le besoin, tout ce qu'il avait lui fut dérobé ; il resta imperturbable et trouvant ensuite un trésor en bêchant, il le ré-enterra sans le prendre. Il acheta un objet en cuivre et une fois chez lui s'aperçut que c'était de l'or ; il alla aussitôt le rendre au marchand. Un taoïste vendait un médicament qu'il disait mortel mais assurait qu'il permettait d'atteindre le Tao dans la prochaine vie ; comme au bout de dix jours il n'avait toujours rien vendu, Lü Dongbin eut pitié de lui, lui acheta son remède, et sur l'insistance du taoïste, se crut obligé de l'absorber, mais ceci fut sans effet aucun. 

Traversant un fleuve en bateau au cours d'une tempête, il fut le seul passager à rester impassible. Finalement, alors qu'il était assis seul dans sa chambre, il fut assailli par toutes sortes de démons et vit un condamné dégoulinant de sang qui prétendait qu'il l'avait tué dans une existence antérieure et réclamait vengeance. Lü Dongbin prit son épée pour se tuer en disant qu'il était normal de payer de sa vie quand on avait causé la mort, mais alors toute cette scène s'évanouit devant ses yeux ; Zhong Liquan apparut en frappant dans ses mains et lui annonça qu'ayant réussi les dix épreuves, il pouvait atteindre le Tao.

Il voulut ensuite lui enseigner la magie pour transformer les tuiles en or et ainsi soulager la misère des hommes, mais quand Lü Dongbin apprit qu'au bout de trois mille ans l'or redeviendrait tuile, il refusa car ce serait tromper les générations postérieures. Lorsque Zhong Liquan remonta au ciel, il préféra rester sur terre pour sauver tous les humains et chasser les démons, et plusieurs personnes prétendirent l'avoir vu dans la vallée du Yangtse.

On retrouve dans cette hagiographie des éléments repris du bouddhisme : la tentation par la jeune fille et les démons, l'offrande de son corps à un tigre pour sauver des animaux, la volonté d'un bodhisattva de ne pasquitter ce monde tant que tous les hommes ne seront pas sauvés ; et des éléments confucianistes : ce souci moral d'un partait détachement de l'intérêt personnel, cette honnêteté extrême, mais tout ceci dans un contexte taoïste.

En 1112, un demon sévissait au palais impérial, s'emparant de bijoux et de concubines. L'empereur en faisant la sieste vit en rêve un taoïste ; celui-ci lui dit venir s'emparer de ce démon ; il appela un guerrier en armure avec qui il attrapa le trublion, et il l'avala. Puis répondant à des questions de l'empereur, il révéla que le guerrier était Guan Yu et que lui-même était Lü Dongbin. Comme dès lors plus rien ne se produisit dans le palais, un autel lui fut élevé. Dans de nombreux autres récits, Lü Dongbin se manifesta en laissant un poème ou un texte et il est resté un immortel particulièrement populaire.

Lan Caihe, un des 8 immortels du taoïsme


Lan Caihe est d'origine inconnue. On le représente souvent avec un pied nu et dépenaillé ; on dit que l'été il portait une veste rembourrée et l’hiver qu'il se couchait sur la neige. Tenant une longue paire de cliquettes, il chantait par les rues, en état d'ivresse. C'est l'un des 8 immortels taoïstes.

Son haleine formait une vapeur brillante, semblable à une marmite d'eau bouillante. Un jour on la trouva ivre dans une taverne du An-hui et soudain elle disparut sur un nuage. On la revit par la suite chantant dans les rues de certaines villes des vers sur l'inconsistance de la vie et de ses plaisirs illusoires.

C'était un excentrique dont les chansons improvisées avaient souvent un sens empreint de sagesse. Quand il avait de l'argent, il enfilait les pièces (les pièces chinoises comportaient un trou en leur milieu) sur une ficelle qu'il traînait derrière lui, et les perdait sans s'en soucier ou les donnait aux pauvres.

Comme tout bon immortel, il voyageait sur les nuages. Une fois, étant dans une taverne et entendant soudain un son de flûte et d'orgue à bouche venu du ciel, il s'élança en l'air, chevaucha une grue et disparut en jetant à terre ses vêtements, sa chaussure et ses cliquettes, objets qui à leur tour se volatilisèrent. A présent, on le représente souvent tenant un panier de fleurs, à cause de son nom de famille Lan qui, écrit légèrement différemment, signifie panier. Il fut aussi un grand acteur avant de devenir immortel.

He Xiangu, une des 8 immortels du taoïsme


He Xiangu est la seule femme immortelle. Elle fait partie des 8 immortels du taoïsme. Elle était originaire de la province du Guangdong. Elle était née avec six cheveux dorés qui brillaient. A quatorze ans, elle apprit en rêve d'un immortel comment se nourrir de poudre de nuages pour alléger son corps et devenir immortelle. Elle jura dès lors de ne pas se marier. Elle parcourait les gorges des montagnes comme en volant et, le soir, en rapportait des fruits pour nourrir sa mère.

Peu à peu elle s'abstint complètement de nourriture et vécut à l'écart des hommes. L'impératrice Wu Zetian (684-704), ayant entendu parler d'elle, l’invita à la cour, mais elle disparut en route. L'année suivante, quelqu'un l'aurait aperçue en plein jour s'élevant dans le ciel. En 751, elle apparut au milieu des nuages multicolores. Environ quinze ans plus tard, elle refit une apparition au Guangdong et le préfet local fit un rapport sur ce miracle.

D'après une autre version, elle aurait été concubine dans une famille où elle était en butte aux mauvais traitements de l'épouse ; condamnée aux travaux culinaires, elle aurait reçu l'illumination de Lü Dongbin et se serait empressée de monter au ciel, où elle aurait emporté la louche qu'elle tenait à ce moment-là. C'est pourquoi aujourd'hui on la représente tenant un objet stylisé supposé être cette louche. Cette seconde version trahit une assimilation avec la Déesse Pourpre, la déesse des latrines.

Cao Guojiu, un des 8 immortels du taoïsme


Cao Guojiu était le frère cadet de l'impératrice Cao de la dynastie Song. Comme son frère abusait de son pouvoir et mettait à mort des gens, dégoûté, Cao Guojiu se réfugia dans les montagnes pour cultiver le Tao. Là, il rencontra Zhong Liquan et Lü Dongbin. « J'ai entendu dire, lui demanda Lü Dongbin, que vous cultivez le Tao, où se trouve le Tao que vous cultivez ? » 

Cao Guojiu répondit en montrant le ciel. « Où est le ciel ? » questionna Lü Dongbin. Cao Guojiu montra alors son propre coeur. « Le coeur est le Ciel, intervint Zhong Liquan, le Ciel est le Tao, vous avez compris l'essentiel ». Et tous trois, éclatant de rire, partirent sur les nuages, en se tenant par la main.

Cao GuoJiu est représenté en robe de cour, tenant à la main son emblème : une paire de castagnettes. Il devint d'ailleurs par la suite le patron des gens de théâtre. Il fait partie du groupe le plus célèbre d'immortels, les huit immortels du taoïsme.

Tian Xing, le géant sans tête


Tian Xing, dont le nom signifie " le puni" ou "celui qui a été puni par le ciel" est un géant sans tête mythologique figurant dans le Shan Hai Jing. Tian Xing lutta dans des temps reculés contre Huang Di, l'empereur jaune. Huang Di coupa sa tête, et l'enterra dans les Montagnes Changyang.

Selon l'oracle des os, pendant les temps anciens, le géant Tian Xing était à l'origine un disciple de l'empereur Yan. Après la victoire de l'Empereur Jaune sur Yan lors de la bataille de Banquan, Tian Xing suivit son maître dans l'exil au sud du pays. A ce moment-là, le géant n'avait pas de nom.

Il se rendit par la suite à la porte céleste et lança un défi à l'Empereur Jaune pour un duel à mort. L'Empereur Jaune répondit au défi et les deux ennemis s'engagèrent dans un féroce combat, jusqu'aux Montagnes Changyang. Par un coup d'épée rapide comme l'éclair, l'empereur jaune décapita Tian Xing, dont la tête roula sur le chemin au pied de la montagne dans un rugissement de tonnerre.

Au lieu de mourir, Tian Xing continua à se déplaçer et partit à la recherche de sa tête. L'Empereur Jaune leva alors son épée vers la montagne. La montagne s'ouvrit et la tête roula à l'intérieur de la montagne, qui se ferma de nouveau.

Tian Xing a renoncé à la recherche de sa tête, et se servi de ses mamelons en guise d'yeux et de son nombril comme bouche, et continua à se battre avec sa lance et son bouclier. Il continua à frapper sauvagement l'empereur jaune, donnant naissance à l'adage : « impérissable de résolution ». Tian Xing ne parvint cependant pas à vaincre l'empereur jaune, qui lui laissa la vie.

Er Lang Shen, le héros chinois chasseur de démon


Er Lang Shen ou Erlang Shen ou Eul-lang, apparait dans le Voyage en Occident et est le neveu de l'Empereur de Jade. Il fait partie des grands héros mythologiques chinois. Il reçoit l'encens qui est brulé sur la Terre dans sa coupe magique. C’est un grand chasseur de démon et il est accompagné dans sa chasse aux démons par son fidèle chien, Xiaotian Quan, lui aussi grand chasseur de mauvais esprits en tout genre.

Er Lang Shen est aussi un grand magicien doté de grands pouvoirs de transformation et dont le front est orné d’un troisième oeil, l'Oeil de la Vérité, qui lui permet de faire de la divination et de voir ce qui est caché, il découvrit ainsi le déguisement de Sun Wukong, dans le Voyage en Occident. Ses talents de devin lui permirent dit on de prévenir des innondations et de sauver la population, durant les dynasties Qin, Sui et Jin. Er Lang Shen est enfin un redoutable guerrier armé d’une épée magique très puissante ou d’une lance tout aussi terrible pour ses ennemis, il aida ainsi l’armée de Zhou à défaire les Shang.

Il habite quand il n’est pas en aventure ou en chasse avec ses frères et un millier de divinités dôtées de têtes de plante, près de la Rivières-des-Libations, un lieu mythique de la Chine.

Daji, la plus célèbre femme-renarde


Selon les documents historiques, Daji était la fille d'une famille noble du nom Su. En 1047 le roi des Shang, envahit les terres de la famille Su et prend Daji comme trophée. Daji devient par la suite la concubine favorite du dernier roi de la dynastie Shang. Connu pour sa beauté et sa cruauté qui a amenée la ruine de la dynastie, elle est souvent présentée comme un mauvais esprit renard dans la littérature, une Huli Jing.

Ainsi dans le célèbre roman mythique chinois « Fengshen Yanyi », l'Investiture des Dieux, le dernier roi des Shang, Zhou Wang était dégénéré, cruel et indigne, et a perdu le mandat céleste.

Zhou Wang alla un jour au un temple dédié à la déesse Nu Wa. Ce dernier frappé par la beauté de la statue de la déesse, s'abandonna à des remarques inappropriées telles que si Nu Wa était humaine, il ferait bien d'elle une de ses concubines, il écrivit même un poème érotique qu'il fit inscrire sur les murs. En effet, le roi du haut de sa soixantaine et de quarante ans au trône, était connu de tous pour son héroïsme, ses talents d'orateur et de musicien. Grâce à lui, les Shang sont devenu puissants et prospères, cependant il avait un point faible qui n'était autre que l'amour et les femmes.

Nu Wa insultée par cet acte, chargea un esprit renard de précipiter sa perte. Au moment même où le roi Di Xin était sur le point de faire entrer dans son palais une nouvelle concubine nommée Da Ji qui était la fille d'une famille noble du nom de Su de la région de You Su dont Di Xin venait de faire l'acquisition et Da Ji serait pour lui son trophée de guerre. L'esprit du renard intercepta la jeune concubine en chemin, et lui détruit l'esprit avant de prendre possession de son corps. Le renard avait pour mission d'exciter les mauvais instincts du roi pour provoquer une rébellion générale qui sera menée par le futur roi Wu des Zhou. Si elle réussissait sa mission, Nu Wa lui donnerait la vie éternelle.

Durant des mois, le chaos se propagea rapidement dans l'ensemble du royaume, car Daji poussa davantage encore le roi de Shang dans la luxure et l'incita a ignorer les conseils des fonctionnaires. Après le renversement de la dynastie Shang et la victoire du roi Wu, Jian Ziya, allié des Zhou et exorciste, chassa le renard du corps de Daji.

Niu-Tou et Ma Mian, les gardiens du monde souterrain






Niu-Tou ou Face-de-Boeuf (牛头), figurant à gauche, et Ma Mian, Face-de-Cheval (马面), figurant à droite, sont deux redoutables gardiens du monde souterrain (l’équivalent de l’enfer) dans la mythologie chinoise, ce lieu où les morts font face au jugement (et la punition), avant la réincarnation. Comme l'indique leur nom, l’un a la tête d'un bœuf, et l'autre a la tête d’un cheval.

Ces deux serviteurs infernaux informent Pan Guan, le juge des enfers, à chaque fois une mauvaise personne meurt pour qu'il puisse décider de manière appropriée à la torture qu’il lui correspond (les enfers chinois ont en effet différents degrés de supplices en fonction de la gravité des crimes). Ils sont les premiers à accueillir les morts dans le monde soutterain et à les escorter pour qu’ils soient jugés par le juge des enfers chinois (selon les légendes, certains morts auraient essayés de fuir, quelle idée...ils furent vite rattrapés). Traditionnellement, les deux gardiens sont constament ensembles.

Face-de-Boeuf fait parfois des erreurs et confond parfois les gens bons et mauvais. Selon la tradition, les paysans les plus intélligents tentent alors de les tromper en changeant les noms des membres de la famille afin d’être plus difficile à localiser. Cela nous prouve que le monde de l'esprit est comme le monde matériel : ne jamais s’enregistrer auprès des autorités à moins que vous ne le deviez absolument.

Pan Guan, juge de l'enfer chinois


Yama est le Roi de l'Enfer mais Pan Guan est son premier ministre. C’est lui qui traite directement avec les fantômes des morts dans sa qualité de juge de l'Enfer. Pan Guan a un visage hideux avec une barbe emmêlée. Il utilise un pinceau de calligraphie géant à la main, qu’il utilise pour noter les noms des êtres mauvais. 

Pan Guan a deux laquais nommé Niu-Tou ou Face-de-Boeuf et Ma Mian, Face-de-Cheval à son service (voir article précédent). Ces deux apparatchiks spectraux informent Pan Guan à chaque fois qu’une personne mauvaise meurt afin qu'il puisse décider de façon appropriée comment elles seront torturées dans leur nouvelle unité de travail infernal. 

Pan Guan a en charge de vérifier cependant si le mort est bien décédé à la date fixée par le destin. Si il s’agit d’un décès accidentel, antérieur à cette date, le mort doit aller attendre dans la Ville des morts avant de passer d’être rejugé.

Luo Gongyuan, un immortel taoïste


Luo Gongyuan vécut sous l'empereur Xuanzong (712-756). Un jour de la fête de la mi-automne, il invita le souverain à venir avec lui sur la Lune. Ensuite il apprit à l'empereur à se rendre invisible, mais celui-ci n'y réussit jamais parfaitement, un pan de son vêlement ou de sa ceinture restant visible. Comme il en demandait la raison, Luo Gongyuan lui répondit que c’était parce qu'il ne pouvait s'affranchir de l'ambition et des désirs et qu'il cultivait le Tao comme un jeu. L'empereur étant furieux de ces critiques, Luo Gongyuan se réfugia à l'intérieur d'un pilier ; quand on coupa le pilier, il alla dans une pierre pour moudre les bâtons d'encre ; l'empereur jeta alors la pierre en la brisant en plusieurs morceaux, mais la forme de Luo Gongyuan apparut dans chacun d'eux. Impressionné, l'empereur s'excusa.

Luo Gongyuan partit alors dans la province du Sichuan et dit à un envoyé du palais : « Faites savoir à sa majesté que Luo Gongyuan lui offre cette partie du Sichuan ». L'empereur ne comprit ces paroles que quelques années plus tard, quand, la révolte d'An Lushan le forçant à fuir la capitale, il trouva refuge au Sichuan.

L'illustration, qui représente la courtisane chinoise Yang Guifei qui rencontre Luo Gongyuan sur un nuage en dehors du palais de la Lune.

Shen Taizhi, un immortel taoïste chinois

Shen Taizhi vivait lui aussi sous l'empereur Xuanzong au VIIIème siècle. Sa mère avait rêvé qu'en avalant un certain champignon supposé prolonger la vie elle était tombée enceinte, c'est pourquoi le mot zhi, nom de ce champignon, figure dans son nom. L'empereur ayant rêvé d'un sage vivant au bord d'un lac dans la province du Hunan, il l'envoya chercher et, quand Shen Taizhi arriva, il reconnut le personnage de son rêve. Il le nomma Grand Précepteur et l'invita à rester dans le temple taoïste du palais pour pouvoir s'entretenir souvent avec lui.

Une femme du palais lui demanda une pilule de longévité, mais Shen Taizhi lui dit que c'était peine perdue, car son temps sur terre ne durerait plus longtemps, mais, ayant pitié d'elle, il lui donna un autre remède en précisant : « Après l'avoir absorbé, votre corps ne pourrira pas, mais il faudra le mettre dans un cercueil très grand et placer une boule de jade dans votre bouche ; ainsi dans cent ans vous renaîtrez dans une aulre personne et, cent ans encore plus tard, vous deviendrez immortelle. Quand cette femme tomba malade et sentit qu'elle allait mourir, elle demanda à l'empereur de l'enterrer suivant les prescriptions de Shen Taizhi, et de fait elle se réincarna cent ans plus tard. Quant à Shen Taizhi, il retourna sur sa montagne et peu après s'éleva au ciel.

Xu Xiyan, un immortel du taoïsme

Xu Xiyan vécut à la fin du VIIIe siècle. Alors qu'il était à la capitale, il vit un cheval remarquable qu'il voulut acheter. Comme le prix en était élevé, il hésita et demanda à un taoïste de lui tirer les trigrammes ; il apprit ainsi que ce cheval appartenait à l'espèce des dragons et que s'il l'achetait, il pourrait s'élever au ciel. 

Évidemment il ne recula plus devant la dépense et, chevauchant ce cheval, se rendit dans la province du Sichuan. En passant par les chemins très escarpés à travers les montagnes à l'entrée de cette province, le cheval trébucha et l'entraîna dans une chute vertigineuse, mais ni lui ni sa monture ne furent même blessés. Il arriva ensuite devant une grotte entourée de fleurs et d'arbres et bordée d'une source. Un vieux taoïste était assis là, servi par deux immortelles, qui |'informèrent que leur maître était le Seigneur Originel du Grand Un. Celui-ci demanda à Xu Xiyan ce qu'il aimait, et Xu Xiyan lui répondit que ce qu'il préférait, c'était lire les oeuvres de Lao zi et Zhuang zi, car pour eux l'esprit était la réalité véritable. 

Voyant qu'il avait compris l'essentiel, le Seigneur Originel du Grand Un l'invita à s'asseoir à côté de lui. Survint alors un autre taoïste en qui Xu Xiyan reconnut celui qui avait tiré les trigrammes et lui avait fait acheter son cheval. Un jeune immortel transmit une invitation de l'Empereur de l'Est ; à ce moment, tous trois s'élancèrent dans le ciel en chevauchant un dragon. Après le banquet, sur le chemin du retour, ils passèrent au-dessus de différents royaumes de l'Asie centrale et des côtes orientales de l'Asie.

Au moment de se séparer, le Seigneur Originel du Grand Un fit à Xu Xiyan les recommandations suivantes : « Maintenant que tu as bu le vin des immortels, tu pourras vivre mille ans, mais si tu veux que nous nous revoyions, tu ne dois pas révéler les arcanes du Ciel, ni te laisser aller au gré des désirs pour garder ta pureté. Quant à ton cheval, c'est un dragon qui vivait autour de ma grotte et qui a été condamné à passer une existence de cheval sur terre pour avoir endommagé des récoltes de paysans. Quand tu reviendras chez toi, relâche ce cheval au bord de la rivière Wei et il reprendra sa forme de dragon ». A son retour, Xu Xiyan s'aperçut que sur terre s'étaient déjà écoulés soixante ans depuis son départ. Après avoir libéré son cheval, lui-même partit vivre caché au mont Kuanglushan et disparut sans qu'on sache ce qu'il était devenu.

Xu Xiyan nous montre que l'immortalité n'était en fait qu'une longévité sous forme d'esprit : on y parle de mille ans. Ainsi peut-on voir une différence fondamentale entre le bouddhisme et le taoïsme. Pour le bouddhisme, l’idéal est d'échapper au moi et à son cycle de réincarnations pour se fondre dans le nirvana et l'indifférenciation, tandis que celui du taoïsme est de conserver son existence individuelle au-delà de la mort physique, mais cette immortalité n'est qu'une longévité puisque même l'esprit le plus purifié de tout ce qui meurt finit par se dissoudre et ne plus exister en tant qu'unité spécifique.

Zhou Dianxian, un immortel taoïste

Zhou Dianxian vivait à la fin de la dynastie mongole au milieu du XIVème siècle . Il fut frappé de folie à l'âge de 14 ans et vivait en mendiant dans les rues de Nanchang. Alors que son époque était fortement troublée par plusieurs révoltes, il alla trouver le tout nouveau fonctionnaire local en lui prédisant la paix.De même que Zhu Yuanzhang (futur empereur Ming), bien avant de devenir empereur, passa dans la région, Zhou Dianxian alla le saluer et lui présida également que la paix allait régner. 

Ulcéré par ce fou, Zhu Yuanzhang voulut se saouler pour s'en débarrasser et, n'y réussissant pas, décida de le tuer. Il ordonna qu'on le jette dans un chaudron et qu'on le fasse brûler. Quand le feu fut éteint, on enleva le couvercle : Zhou Dianxian était tranquillement assis à l’intérieur sans qu'il ne li soit rien arrivé.

En colère, Zhu Yuanzhang ordonna de recommencer avec un feu plus fort et, cette fois, on retrouva Zhou Dianxian simplement endormi à l'intèrieur. Zhu Yuanzhang laissa alors celui-ci habiter dans un monastère de la région. Mais les bonzes excédés par sa conduite, surtout par le fait qu'il leur arrachait la nourriture sans vouloir manger lui-même, allèrent le dénoncer à Zhu Yuangzhang, qui le convoqua et l'invita à sa table. Zhu Yuanzhang se préparait alors a atttaquer un rival, Zhang Sicheng, qui s'était proclamé empereur, et il demanda son avis à Zhou Dianxian, qui, après voir regarder longuement en l'air, répondit qu'il n'y avait pas de place au ciel pour cet adversaire, et de fait Zhu Yuanzhang le vainquit.

Zhou Dianxian partit ensuite habiter le mont Lushan. Quand Zhu Yuanzhang rétablit une dynastie chinoise, la dynastie Ming, il écrivit personnellement un texte qu'il fit graver sur une pierre qu'il fit placer au Mont Lushan pour commémorer cet étrange personnage. Il faut enfin rappeller que pour les chinois, la folie est un signe de différence, qui peut être la marque du génie ou de qualités exceptionnelles autant que d'une infirmité de l'esprit.

Chi Song Zi, un immortel taoïste

Les immortels taoïstes sont aujourd'hui encore omniprésents dans la culture et le folklore chinois. Il n'y a d'ailleurs pas une année qui passe sans une nouvelle série télévisée sur l'un d'eux.

Chi Song Zi, dit le Maître du pin Pourpre est un immortel taoïste qui a la différence de la plupart des autres immortels, appartient à la période mythique et non historique. Il avait été le Maître de la pluie de Shennong, à qui il avait enseigné l'art d'entrer dans le feu sans se faire brûler.

Il se rendit un jour sur l'Olympe chinois, le Mont Kunlun, il y vécu dans une grotte dans laquelle vivait également la Reine Mère d'occident et prenait plaisir à vagabonder au milieu du vent et de la pluie. Une fille de l'empereur du Sud décida de le suivre et ensembles ils atteignirent l'immortalité, ce qui ne les empêcha pas de se manifester parfois dans le monde des humains.

Ils accomplirent de nombreux prodiges dans le monde des mortels et la romance de Chi Zong Zi et de la fille de l'empereur du Sud est une des rares histoire d'amour liant deux immortels taoïstes.

Zhang Liang, le grand stratège qui aida Liu Bang à fonder la dynastie des Han en 206 avant JC, partit ensuite en laissant une lettre pour dire qu'il allait étudier le Tao en suivant Chi Song Zi.

La Grande pagode de l'Oie sauvage à Xi'an

Cette pagode fut édifiée en 652 sous les Tang en mémoire de l'impératrice Wende, mère de l'empereur Gaozong (649-683). Le moine Xuanzang, qui traversa l'Asie centrale pour se rendre en Inde et rapporta des centaines de sutras, officia au temple et traduisit tous ces textes sanskrits en chinois.

La pagode de 64 mètres, construite sur ses ordres pour la conservation des sustras, est une robuste structure carrée en brique à l'extérieur, et en bois à l'intérieur. Ses lignes très pures sont scandées par de simples ouvertures et de discrets liserés soulignant les étages décroissants. 

Le nom actuel de la pagode de l'oie sauvage aurait été donné par le moine Xuanzang qui durant son séjour au Bihar, visita un monastère qui portait ce nom. Surpris de cette dédicace, il en demanda la raison. On lui appris que les moines de ce monastère s'étaient plaints au Bouddha de manquer de viande. Il se trouva qu'à ce moment précis, un vol d'oies sauvages survolait le monastère. Pour édifier ces moines indisciplinés, le Bouddha sacrifia l'oiseau qui volait en tête, lequel s'abattit, les ailes brisées, dans la cour du monastère. Horrifiés, les moines jurèrent de ne plus jamais manger de viande et consacrèrent une fondation à l'oiseau sacrifié qui leur rappelait leur promesse.

A l'apogée de la dynastie Tang, Xi'an était près de sept fois plus grande qu'aujourd'hui et englobait le temple Cien et la pagode. La Grande pagode de l'Oie sauvage est devenue l'emblème de la ville de Xi'an.

Le bouddhisme chez la minorité chinoise Dai

 
La minorité chinoise Dai vit dans la région du Xishuangbanna, dans la province chinoise du Yunnan. Ils ont adoptés depuis le XVème siècle le bouddhisme du Petit Véhicule (Theravada). Aujourd’hui, la plupart des villages Dai du  Xishuangbanna sont dotés d’un temple, même modeste, dont le fonctionnement et l’architecture diffèrent en tout point des établissements bouddhiques chinois qui relèvent des préceptes du Grand Véhicule.

Dans le cadre du Theravada, l’accent est porté sur l’enseignement du Bouddha, dont la communauté monastique est dépositaire. A l’intérieur des temples, seules les images du Maître, de ses disciples ou de quelque moine vénérable veillent sur les fidèles venus se recueillir.

A l’instar du temple chinois, le wat des Dai est un complexe, souvent entouré d’une enceinte. Il est constitué d’un vihara, c’est à dire le temple proprement dit, qui abrite l’image principale, d’une tour du Tambour et de logements pour les moines.

Les ensembles plus importants comprennent en outre une salle du chapitre (busu), une bibliothèque et un ou plusieurs reliquaires monumentaux (stupa). L’emphase donnée à sa toiture rend le vihara immédiatement repérable au sein du village. Les bâtiments annexes sont édifiés alentour, en fonction des contraintes topographiques, mais sans aucun soucis de symétrie.

Le vihara est bâti sur un axe Est-Ouest (et non Nord-Sud comme les temples chinois) et porté par une double rangée de colonnes. Celles-ci matérialisent un déambulatoire autour d’une grande salle centrale. Sur le côté faisant face à l’entrée, un autel en maçonnerie en brique souvent rehaussé de verroterie et de motifs dorés, supporte l’effigie d’un Bouddha assis monumental, flanqué de répliques de taille plus modeste.  
  
La plupart des images sont de récents substituts à des statues plus anciennes, détruites pendant la Révolution culturelle. Leur style est cependant homogène et très voisin des Bouddhas que l’on observe dans les temples du Nord de la Thaïlande. Sur le côté gauche, l’estrade en longueur est réservée aux moines. Les fidèles prennent place sur des nattes déroulées sur le sol. Les étroites fenêtres ménagées sur le pourtour de la salle ne laissent passer qu’un jour parcimonieux.

Dans la pénombre, seules luisent les effigies du Bouddha badigeonnées d’or et les bannières votives suspendues à la charpente. Le bandeau séparant les deux niveaux de toitures est peint de récits édifiants, de même que le mur extérieur protégé par les auvents du toit.

Le Busu, la salle du chapitre, est un édifice de dimensions plus modestes, mais somptueusement décoré. On accède à l’intérieur surélevé par une volée de marches que garde un couple de lions ou de dragons. Ici, une fois par mois, les moines se réunissent pour la récitation commune des 277 règles du patimokh, qui régit l’organisation monastique. Les hommes peuvent y pénétrer, mais non les femmes, dont l’impureté souillerait ce lieu dévolu à la parole de Bouddha.

Le stupa est un édifice sacré et est un monument plein enchâssant des reliques ou commémorant le séjour ou le prêche du Bouddha sur ces lieux. Il est construit en brique, plus rarement en pierre, chaulé ou peint, parfois  incrusté de mosaïques de miroir ou de poterie vernissée. De plan carré ou octogonal, il est simple, ou multiple lorsque d’autre stupa plus petits lui forment une couronne. Sa base est quelquefois scandée de niches abritant des statues de Bouddha. La pointe effilée est prolongée d’un parasol, antique symbole de souveraineté associé à l’image bouddhique.

La légende de Sun Wu Kong, le roi des singes


Cette légende a été écrite par Wu Cheng'en (v. 1500-v. 1582) et est extrêmement populaire en Chine. La légende de Sun Wu Kong, le roi des singes raconte qu’il y a bien longtemps, une montagne aussi vieille que le temps accoucha d'un mystérieux oeuf de pierre, qui donna naissance un peu plus tard un à singe. Ce singe né dit on d’une goutte de sang d’un dieu disposait de 72 pouvoirs magiques différents mais était très orgueilleux.

Ce singe de pierre rencontra bien vite d'autres singes. Ceux-ci avaient décidé qu'ils prendraient comme roi celui qui réussirait à traverser une puissante chute d'eau. Personne n'a pour l'instant réussi à accomplir cet exploit, mais le Singe, lui, y parvint, il fut nommé Roi des Singes, ou encore Sun Wu Kong.

Plus tard, le Roi des Singes rencontra Subodhi, qui lui apprit les secrets de la connaissances et de la sagesse. Le Roi des Singe avait besoin d'une arme, alors il décida de rencontrer le Roi des Dragons, dans le Grand Océan de l'Ouest, qui lui donna un bâton magique qui peut à loisir s'agrandir pour toucher les nuages ou rétrécir pour se cacher derrière une oreille. Il voulait aussi être immortel, alors, il descendit voir le Roi des Morts et effaça son nom du registre des Morts et devint immortel.

Le Roi des Morts et le Roi des Dragons se plaignirent alors du comportement du Roi des Singe à l'Empereur Jade, maître du Ciel. Celui-ci envoya des hommes pour remettre le Roi des Singes dans le droit chemin, mais le Roi des Singes était le plus fort et battu tous les hommes. Pour qu'il reste tranquille, il fut alors envoyé au Paradis et nommé palefrenier des écuries célestes. Puis il fut gardien des pêches d'immortalité. Mais là, le roi des singes mangea des Pêches Sacrées. Le Roi des Singes fut alors finalement capturé par Erh-lang et fut amené devant les Dieux du Paradis. Pour le punir, il fut enfermé dans un fourneau pendant des années, pour qu'il meurt brûlé. Mais il survécut. L'Empereur Jade fit alors appel à Bouddha, qui emprisonna le Le Roi des Singes sous une énorme montagne, pour qu'il puisse penser à ses fautes.

500 ans plus tard, Tripitaka (Xuanzang) , un jeune moine, rencontra le Roi des Singes, et le libéra. Le Roi des Singes décida alors d'escorter le jeune moine jusqu'en Inde en quête des textes sacrés: les Sutras. Mais juste après avoir commencé leur périple, ils croisèrent une rivière d'où jaillit un Dragon. Le Dragon mangea le cheval de Tripitaka, alors le Singe le frappa avec son bâton. Bouddha transforma alors le Dragon en cheval pour que le Prince puisse continuer son périple!

En chemin, le Roi des Singe, le Dragon et Tripitaka rencontrèrent un cochon fruste, incapable de résister aux tentations se nommant Zhu Bajie et qui décida de se joindre à la troupe. Ceci n'est que le début d'un incroyable périple vers l'Inde qui allait durer quatorze ans, pendant lesquels le roi des Singes et ses compagnons vont parcourir neuf royaumes et rencontrer de nombreuses et fantastiques aventures.

Finalement, au bout de la quête, les Écritures furent présentées à l'empereur dans la capitale impériale et les quatre voyageurs furent transportés au ciel.

Cette légende est inspirée de faits réels, puisqu'un prince chinois a effectivement accompli une longue quête de 7 siècles à travers la Chine vers l'Inde pour découvrir le bouddhisme.

Le temple de Nanputuo

 
Situé au pied du mont Wulao (mont des cinq vieillards), ce temple fut établi sous les Tang (618-907), mais l'architecture actuelle des Qing (1644-1911). Face à la mer, accroché à la falaise, ce temple classique dédié à Maitreya (bouddha du Futur) déroule l'habituelle série d'édifices.

Dans la première salle (Tianwang Dian : salle du roi des Cieux), la statue de Maitreya, face à l'entrée pour accueillir les fidèles ; juste derrière, Weituo, l'un des gardiens du Bouddhisme (celui-ci tient un bâton entre les doigts, pointé vers le bas pour indiquer que le temple est assez riche pour accueillir les moines de passage). Ensuite vient la salle du Trésor héroïque (Daxiongbao Dian) contenant les trois figures du bouddha (Passe, Présent, Futur) flanquées des tours de la Cloche et du Tambour.

L'Edifice central, la salle de la Grande Compassion (Dabei Dian), contient une série de quatre boddhisattvas, au pied desquels se recueillent les fidèles dans l'espoir de trouver la voie. A l'arrière de cet ensemble, la salle des Ecrits bouddhiques contient une précieuse collection de statuettes en jade, os et bois rares, et de nombreux écrits bouddhiques.

Le temple de Nanputuo est extrêmement actif, les habitants des environs viennent s'incliner les mains jointes devant les différents bouddhas, en tenant des bâtons d'encens. Ce temple est le siège de l'institut bouddhique du Sud-Fujian, il accueille beaucoup de moines dans un monastère situé à l'est du temple.

La légende des douze animaux du zodiaque chinois



La légende des 12 animaux du zodiaque, raconte comment le rat vola la place du boeuf dans l’ordre du calendrier chinois. Voici cette légende :

Un jour, alors que l'Empereur de Jade présidait une séance d'audience dans le palais céleste, le tigre, le phénix et le dragon vinrent crier à l'injustice. L'Empereur leur dit: "Vous êtes considérés comme le roi de la montagne, le roi de l'eau et le roi de la forêt. Qui a donc l'audace de vous maltraiter?" Les trois plaignants répondirent: "C'est l'homme. Il essaie par tous les moyens de nous tuer." L'Empereur de Jade dit: "Et bien, rentrez chez vous et informez vos vassaux qu'ils doivent venir attendre devant la Porte sud du Palais céleste à la cinquième veille du matin. 

A mon signal le premier à se présenter, je le choisirai comme symbole désignant l'année de naissance de l'homme. Celui-là ne sera plus jamais persécuté par l'homme. Quant aux autres, je ne m'en occuperai pas. » Les trois animaux-rois se dépêchèrent d'aller informer leurs vassaux.

La nouvelle se répandit. Les animaux se préparèrent à la hâte. Le rat qui était en train de creuser un trou n’avait pas entendu la nouvelle. Quand il sortit du trou, il vit le chat qui se lavait le museau et l'interrogea : "Frère chat, vous faites votre toilette, est-ce que vous allez rendre visite à des parents ou bavarder avec des voisins?" Le chat répondit: "Pas du tout. Demain matin, j'ai une affaire importante à régler." Le rat s'empressa de se renseigner. Le chat lui révéla candidement le décret de l'Empereur de Jade. Le rat dit immédiatement: "J'y vais moi aussi." Le chat dit: "Allons-y ensemble. Cependant j'ai l'habitude de faire la grasse matinée. Demain matin vous devrez me réveiller de bonne heure." Le rat acquiesça.

Le lendemain, le rat se réveilla à la troisième veille du matin et pensa : "Le chat court plus vite que moi. Si je vais avec lui, je le payerai cher", il se leva doucement et se mit en route tout seul, sans aller réveiller le chat.
Devant la Porte sud du Ciel, des fauves et des oiseaux étaient déjà rassemblés. 

L'Empereur de Jade, assis dans la salle du palais, ordonna à son ministre, Étoile d'Or, de préparer pinceau et papier. À la cinquième veille, il cria "Entrez". Les animaux accoururent, ils se serrèrent devant la porte du palais et personne ne put faire un pas de plus. Le rat se dit : "Je n'ai pas de force, je n'arriverai pas à traverser la foule. Il me faut trouver un moyen." Soudain, l'idée lui vint de passer entre les jambes des animaux. Alors d'un bond, il sauta le premier devant l'Empereur de Jade qui, en le voyant, dit: "Voilà! Le premier arrivé est le rat." Étoile d'Or en prit note. C'est ainsi que le rat se classa premier des douze animaux.

Le boeuf, impatient, écarta grâce à sa force les autres animaux et courut en avant. L'Empereur de Jade dit: "Voilà maintenant le bœuf." Étoile d'Or classa le bœuf en deuxième position.

Le tigre se dit: "Le bœuf a de la force, moi aussi." Il sauta, d'un bond par-dessus les têtes des autres animaux et gagna la troisième place.

Voyant cela, le lapin réfléchit: "Je ne suis pas assez fort pour traverser la foule. Je vais suivre l'exemple du rat!" Il se fit tout petit et se faufila entre les jambes des autres animaux. Il se classa quatrième.

Le dragon se mit en colère, en voyant que les autres le précédaient. "Je suis le plus puissant, pourquoi ne pas utiliser mes pouvoirs magiques?" Il s'éleva dans les nuages et s'avança à travers le ciel et arriva le cinquième.
Le serpent ne supportait pas de se montrer faible. Habile, il se glissa à travers les jambes des animaux et se classa sixième.

Voyant qu'il n'avait pas le temps de traverser la foule, le cheval concentra ses forces et d'un bond s'élança devant, il fut classé septième.

La chèvre pensa : "Je suis moins forte que les autres. Je vais essayer de me servir de mes cornes." elle baissa la tête et poussa les autres animaux de ses cornes pointues. Les autres s'empressèrent de le laisser passer. La chèvre put ainsi gagner la huitième place.

Le singe, lui aussi, utilisa ses capacités. S'agrippant tantôt aux cheveux des uns, tantôt aux oreilles des autres, il bondit promptement, par-dessus les têtes des animaux, et s'élança devant. Il fut classé neuvième.

Voyant qu'il y avait déjà neuf animaux devant lui, le coq craignit qu'il n'y ait plus de place pour lui. Battant des ailes, il traversa la foule en volant et prit la dixième place.

L'Empereur de Jade, pensant que le nombre des animaux était suffisant, dit: "Ça suffit! Ça suffit!" Étoile d'Or crut qu'il criait "le chien" et prit en note le chien. L'Empereur de Jade répéta: "C'est assez! C'est assez!" Étoile d'Or crut alors qu'il disait le "cochon" et écrivit "cochon" ( en chinois ces mots sont homophones). L'Empereur saisit alors brutalement le papier où étaient inscrits les noms des animaux, et dit: "N'écris plus rien" Il compta et s'aperçut qu'il y avait douze animaux pour désigner les années de naissance, au lieu de dix. Mais il dut donner son consentement. C'est ainsi que furent choisis les douze animaux et que fut fixée leur place respective.

Ayant gagné la première place, le rat rentra chez lui joyeux et trouva le chat en train de faire sa toilette. Le voyant arriver, le chat dit: "Il faut que nous partions." Le rat lui dit: "Pourquoi partir. J'ai gagné la première place." "Pourquoi ne m'avez-vous pas appelé?" "Si je vous avais réveillé, comment aurais-je gagné la première place?" A ces mots, le chat s'indigna et s'abattit sur le rat pour le dévorer. Le rat était si habile qu'il réussit à s'enfuir. C'est depuis lors que le chat et le rat sont ennemis.

Organisation et fonctionnement d'un monastère bouddhiste chinois


La taille du temple monastère bouddhique peut varier considérablement d'un simple ermitage au petit couvent comptant quelques moines jusqu'aux vastes ensembles très hiérarchisés rassemblant des centaines de personnes. L'institution assure l'ordination et la formation des moines, mais elle accueille aussi des laïcs. La communauté bouddhique est en effet fondée sur le don mutuel entre les deux assemblées. Les offrandes faîtes à la congrégation monastique peuvent être matérielles ou spirituelles, comme la réalisation des images et la copie des livres saints, la récitation et la répétition des noms sacrés.

Elles permettent aux fidèles d'acquérir d'incomparables mérites pour leur vie spirituelle. Selon les principales croyances bouddhiques, la transmigration (passage d'une âme d'un corps dans un autre) et la causalité morale (karman), les mérites peuvent assurer une meilleure renaissance, mais ils sont, le plus souvent, transférés aux parents défunts pour contribuer à leur passage et à leur bien-être dans l'autre monde.

Les grandes célébrations sont commanditées et financées par les fidèles ou par des associations formées le plus souvent des habitants d'un village ou d'un quartier. Les plus courantes sont les fêtes régulières du calendrier bouddhique, comme le bain ou l'anniversaire du Bouddha ou celui de Guanyin, auxquelles s'ajoutent les cérémonies qui marquent l'inauguration ou la réouverture d'un temple, celles de la "remise à la vie" qui permettent aux animaux d'échapper à la mort, ou encore le très prestigieux "jeûne de l'eau er de la terre", la grande fête du Salut universel. En photo, le monastère de Shaolin, le plus célèbre de Chine et sans doute du monde.

Le phénix chinois



Le terme de phénix est trompeur, car cet oiseau n'a pas grand chose en commun avec celui des légendes européennes - ni l'aspect, ni les aptitudes de régénération ni les habitudes d'auto-immolation.

Le phénix chinois ressemble à un faisan avec des plumes de paon - certaines descriptions en sont plus précises et plus difficiles à imaginer : tête d'un cygne, crête d'un coq, bec d'une hirondelle, cou de serpent, forme de dragon, ailes écailleuses, queue de poisson, avec parfois des morceaux de tortue... L'élément mâle du phénix s'appelle donc Feng. L'élément femelle s'appelle Huang. Ensemble ils représentent le bonheur conjugal. Le plumage du phénix est de cinq couleurs. Son chant est le plus merveilleux qu'on puisse imaginer. Il ne peut faire son nid que dans un sterculier et se nourrit de "fruits de bambous". Le phénix est le roi de tous les oiseaux.

Dans le confucianisme, le phénix porte sur la tête le symbole de la vertu d'humanité, sur les ailes la conformité morale, sur le dos la justice, sur la poitrine la bienveillance et sur le ventre la bonne foi. On dit aussi que sa tête représente le ciel, ses yeux le soleil, ses ailes le vent, ses pattes la terre, son dos la lune et sa queue les planètes. Le fenghuang (règne sur tous les autres oiseaux. On dit qu'il est le plus doux et le plus sage des oiseaux. Cet oiseau est souvent associé au dragon (dont il est parfois considéré comme le père). Il était d'ailleurs l'emblème personnel de l'impératrice (celui de l'empereur étant le dragon justement), et apparaissait pour annoncer, comme le qilin, la naissance d'un grand philosophe (moi par exemple...).

Le fenghuang est parfois confondu avec l'oiseau vermillon du sud ; en fait, le fenghuang est un oiseau vivant sur Terre, tandis que l'oiseau vermillon est un esprit du zodiaque. Le phénix est une créature associée au yang et à l'été.

Les Monastères de Tuen Mun

 
Il existe à Tyen Mun, près de Hong Kong, deux monastères bouddhistes très bien conservés et qui présentent un intérêt spirituel et touristique certain..

Le Monastère de Castle Peak se niche dans les contreforts de Tsing Shan (green mountain) au dessus de Tuen Mun. Ses temples décrépits et son aspect élaboré, bien que fané, ajoutent à son charme. Le monastère actuel date de 1918, mais la légende raconte qu’il fut fondé au Vème siècle par le célèbre moine Pei Tu. Ayant volé un bouddha en or dans une demeure où il était invité, celui-ci fut pourchassé jusqu’au bord d’une rivière qu’il traversa en transformant son bol de riz en bateau, d’où son nom, qui signifie « bateau-tasse ». Derrière le temple, un sentier conduit à un autel et un bouddha doté de quatre visages, sous un rocher en surplomb qui offre un point de vue sur Tuen Mun.

Le Monastère de Miu Fat est une merveille. Des dragons dorés incrustés de mosaïques et de miroirs s’enroulent autour de piliers ; des lions et des éléphants sculptés dans la pierre gardent l’entrée, tandis que des figurines représentant des animaux mythiques s’alignent sur les faîtes et les corniches de ce temple bouddhique richement décoré. A l’intérieur, le déploiement de couleurs se poursuit sur les paliers de l’escalier, ornés de bas-reliefs peints illustrant des scènes bouddhiques. L’Autel principal situé au troisième étage contient les statues des trois précieux bouddhas (en photo). Là sont disposées des centaines de tablettes ancestrales, couvertes d’or ainsi qu’une immense statue d’Avalokitesvara, aux mille mains tendues pour aider les malheureux.

Le Monastère des 10 000 Bouddhas à Hong Kong

 
 
Le Monastère des 10 000 Bouddhas est perché dans les collines du nord-ouest de Sha Tin près de Hong Kong. Il faut gravir 400 marches pour pouvoir accéder au temple principal.

Un glissement de terrain a occasionné d’importants dégâts en juillet 1997 et le temple resta fermé près de deux ans et demi pendant la conduite des travaux financés par les dons des fidèles.

Sur les murs du temple principal courent des étagères où sont alignés 13 000 petits bouddhas offerts au monastère depuis sa fondation dans les années 1950. Chacun, gravé du nom de son donateur, est représenté avec une pose et une expression légèrement différentes. Trois bouddhas dorés de plus grande taille, protégés par une paroi en verre, se dressent au centre.

Devant le temple, la terrasse est bordée de statues multicolores des 18 disciples de Bouddha, les lohans, arborant un air farouche. Derrière sont disposés deux statues de bodhisattvas, êtres à mi-chemin entre l’éveil et le monde matériel : l’un chevauche un éléphant et l’autre un lion à l’apparence sauvage.

Au milieu de tout cet ensemble se tient un autre bodhisattva, Wei To, le protecteur des monastères, tandis que derrière lui se trouve une statue de Kwun Yam, la déesse de la miséricorde.

La déesse fait face à une pagode rouge. Celle-ci est dotée de neuf niveaux, chiffre particulièrement vénéré dans le bouddhisme, bien qu’il ne compte en réalité que quatre étages. Du sommet, 69 marches conduisent au niveau supèrieur du temple, où attend le corps momifié du fondateur du monastère, Yuet Kai, debout dans une vitrine devant un gigantesque bouddha doré.

Professeur de philosophie à Kunming, dans le sud de la Chine, Yuet Kai consacra sa vie à l’étude du bouddhisme. Il arriva à Hong Kong après la seconde guerre mondiale et entreprit de bâtir le temple.

 sa mort en 1965, à l’âge de 87 ans, il fut enterré dans un cercueil sur la colline. Huit mois plus tard, les fidèles l’exhumèrent pour le ré-enterrer. Selon leurs dires, non seulement la dépouille ne présentait aucun signe de décomposition mais elle émettait une lueur fluorescente.

Le corps fut embaumé, couvert de feuilles d’or, vêtu d’une robe, placé dans la position du lotus et disposé à son emplacement actuel comme modèle de piété.