La légende de Bi Gan

Deux étoiles célestes sont particulièrement chargées des examens officiels des lettrés fonctionnaires. L’une des examens civils, Wenquxing, qui est la quatrième étoile dans la constellation du Boisseau du Nord, et l’autre des examens militaires, qui est la sixième étoile de cette même constellation. Quand de grands fonctionnaires ou de grands généraux apparaissent sur terre, ils seraient des incarnations de l’une ou l’autre de ces étoiles. Ce serait le cas du juge Bao, modèle d’intégrité, et de Bi Gan, ministre du dernier empereur des Shang pour Wenquxing ; et du général Di Qing pour Wuquxing. Bi Gan avait osé faire des remontrances à son souverain, tyran sous le charme de l’incarnation d’un esprit-renard devenu sa concubine. Il s’agissait d’une vengeance de Nüwa, à qui l’empereur avait fait subir un affront. Pour se débarrasser du ministre rabat-joie, la concubine fit semblant d’être gravement malade et prétendit que seul pouvait la guérir un médicament préparé avec un cœur spécial comme celui de Bi Gan.

L’empereur n’hésita pas à exiger le sacrifice de son ministre. Bi Gan avait reçu d’un magicien un papier de charme qu’il ne devait ouvrir qu’en cas d’extrême nécessité ; il y lut alors la prédiction de ce qui lui arrivait et le moyen d’y remédier : il devait brûler cette feuille de papier, en absorber les cendres et il pourrait survivre tant que personne ne lui dirait qu’on ne peut pas vivre sans cœur. Il suivit la prescription et quand il se rendit au palais pour s’arracher le cœur et le remettre à l’empereur, son sang ne coula pas et il put sortir du palais. Mais sur le chemin du retour il rencontra la sœur de la concubine ; celle-ci au courant du stratagème qui avait sauvé la vie à Bi Gan, s’était déguisée en marchande et criait qu’elle vendait des légumes sans cœur. Intrigué, Bi Gan lui demanda ce qu’étaient ces légumes. Elle lui répondit : « ce sont des légumes morts car une planta pas plus qu’un homme ne peut vivre sans cœur ». Bi Gan alors tomba, mort. Il est resté un modèle des ministres courageux, des censeurs inflexibles, qui n’ont pas peur de s’emporter contre la tyrannie d’un souverain et qui en même temps, vassaux fidèles, acceptent de sacrifier leur vie plutôt que de fuir.

Planètes, constellations et étoiles dans l'organisation céleste chinoise


Les planètes et étoiles occupent une place bien particulière dans l’organisation céleste chinoise. Les Chinois avaient remarqué ainsi que Jupiter mettait douze ans pour revenir à la même position dans le ciel à la même heure (c'est-à-dire à faire le tour du soleil). Ils avaient donc divisé le ciel en douze parties, chacune correspondant à la position de Jupiter par rapport à une constellation. Mais Jupiter se déplace d’ouest en est, alors que les constellations vont d’est en ouest. Aussi ont-ils crée un corps stellaire purement imaginaire qui se déplacerait dans le sens des constellations, donc dans le sens inverse de celui de Jupiter, et à la même vitesse. 

Cette planète fictive fut appelée Taisui, et elle se trouvait au nord quand Jupiter était au sud, ou à l’ouest quand Jupiter était à l’est, toujours exactement à son opposé dans le ciel. Comme il était évidemment impossible de la voir, on croyait qu’elle prenait la forme d’une boule de chair qui se déplaçait sur la terre en suivant le mouvement de Taisui dans le ciel. D’après le roman L’Investiture des dieux, l’épouse du dernier empereur des Shang aurait été enceinte en marchant sur l’empreinte d’un pied géant et aurait donné naissance à une boule de chair, que l’empereur ordonna de jeter dans la banlieue, mais qui fut protégée par des animaux. Un taoïste en la fendant permit à un enfant, Yin Jiao, d’en sortir. Celui-ci fut ensuite allaité par une immortelle. Voulant venger sa mère, qui avait été cruellement mise à mort à l’instigation d’une concubine, il se battit aux côtés du futur empereur Wu contre son père et la tua.

Autre exemple, la planète Vénus (Taibai xing) avait pour les taoïstes un caractère féminin : sur les fresques du temple de Yonglo, dans la province du Shanxi, qui datent du XIVe siècle, elle est peinte sous les traits d’une femme tenant un luth. Sous la dynastie Han, on croyait que c’était elle qui décidait des guerres ; à partir des Ming, elle est figurée comme un vieillard qui apporte la paix. Dans la religion populaire, elle est peinte comme un personnage masculin, fils de l’empereur céleste Bai ; elle représente l’élément métal et l’ouest. Elle fait partie des sept luminaires, constitués par les planètes qui représentent les Cinq Eléments plus le Soleil et la Lune. Parfois on ajoute certaines étoiles pour former onze luminaires. Ce sont ces luminaires qui se répartissent les malheurs suivant les jours de l’année si on enfreint les interdits liés au calendrier, mais heureusement mentionnés dans les almanachs. L’immortel Dongfang Shuo est parfois considéré comme une incarnation de cette planète. 

Pour renforcer le prestige de certaines étoiles particulièrement importantes, les milieux taoïstes, puisque leur religion était aussi une astrologie, ont créé la Mère des Boisseaux qui aurait enfanté les sept étoiles du Boisseau du Nord, l’étoile qui régit la constellation Gou-chen, et celle qui régit la constellation Ziwei. Pour faire concurrence au bouddhisme ésotérique et à la statue de Guanyin aux nombreux bras et yeux, elle était représentée, sur le modèle de Marîcî, avec trois yeux, quatre visages, huit bras, deux mains dessinant des  mudra, les six autres tenant le soleil, la lune, un sceau (insigne de commandement), une étoile, une hallebarde et un arc. Mais elle n’eut jamais l’imprtance de ses fils ni de son homologue bouddhique. Elle aurait été à l’origine l’épouse d’un roi qui n’avait pas d’enfant et elle aurait fait vœu de lui en donner. Un jour en se baignant dans un étang où poussaient des lotus d’or, elle sentit une impression étrange, et neuf boutons apparurent sur un des plants de lotus, d’où sortirent ses neuf enfants.   

Parmi les corps célestes néfastes Taisui est le plus craint. On disait qu’il ne fallait jamais se dresser face à lui ou lui tourner le dos (ce qui voulait dire se dresser en face de Jupiter), car cela entraînerait une maladie grave ou la ruine de la famille. Il était interdit de construire par exemple un bâtiment quelconque dans la direction de Taisui, car cela eut été le troubler et on risquait, en creusant, de trouver une boule de chair, ce qui aurait provoqué une catastrophe. Il ne fallait pas non plus voyager, déménager dans cette direction. L’année où Taisui traversait la constellation sous laquelle on était né était fort dangereuse, et on déposait alors une lampe à huile dans un temple supposée représenter la personne en danger qui se mettait ainsi sous la protection des dieux.

Un autre corps céleste maléfique était l’étoile du Tigre Blanc (Baihu). Assoiffée de sang, elle ne pouvait être apaisée que par des offrandes sanglantes. Elle était particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes, qu’elle faisait avorter, et les nouveaux-nés. Elle présidait aux guerres et, dans le palais impérial, la salle des réunions concernant les opérations militaires s’appelait la Salle du Tigre Blanc. Néfaste pour le commun des mortels, elle pouvait ainsi devenir une alliée des gouvernants.

L’étoile du Chien Céleste (Tian Gou), en fait une constellation ou une comète suivant les textes, était toujours pernicieuse ; c’est elle qui dévorait la Lune lors d’un phénomène que d’autres appellent une éclipse. D’un point de vue astrologique, ces étoiles étaient surtout malfaisantes, non pas tant en elles-mêmes, que par leur position à certains moments par rapport aux autres astres, d’où l’importance des almanachs, qui l’indiquaient. Elles pouvaient aussi s’incarner : les cent huit bandits du roman Au bord de l’eau étaient considérés comme des incarnations de telles étoiles venues troubler la paix sociale. 

Liao Tianding, la divinisation d’un personnage historique



La divinisation de héros se pratique encore de nos jours dans la culture chinoise. Un temple près de la côte nord de Taipei dédié à Liao Tianding est bâti sur son tombeau. C’est un héros taïwanais qui, outre ce culte, a engendré toute une série de récits, de pièces, de films, tous en dialecte taïwanais. Il y est présenté comme une sorte de Robin des Bois qui volait les riches pour donner aux pauvres et qui était un résistant à l’occupant japonais. Mais la biographie que l’on distribue dans son temple passe sous silence ces exploits et constitue avant tout un plaidoyer pour son assassin, sans doute parce que la famille de celui-ci habite encore la région.

Liao Tianding est né dans un village près de Taizhong en 1883. Quand il n’avait que neuf ans, son père mourut et sa mère dut l’envoyer garder le bétail et travailler tandis qu’elle-même devenait servante. Alors qu’il était enfant, éclata la guerre sino-japonaise ; elle se termina par un traité de paix qui cédait Formose (autre nom de Taiwan) au Japon. Les soldats chinois qui se trouvaient sur l’île durent donc se recaser dans toute sorte de métiers. Le jeune Liao Tianding reçut d’eux une éducation dans les arts martiaux en dehors de son travail ; il s’y entraîna avec ardeur ; et par ses contacts fréquents avec ces anciens soldats, il absorba tout un état d’esprit.

Après sept ans d’occupation, alors que Liao Tianding avait neuf ans, les Japonais adoptèrent une politique d’emprise sur l’île beaucoup plus profonde ; ils imposèrent leur politique par l’intermédiaire de Chinois à qui ils conférèrent des titres comme celui de chef de village et ceux-ci, qui faisaient le pont entre les occupants et les habitants, exploitèrent souvent la situation à leur profit. C’est ainsi qu’un de ces chefs de village qui terrorisait l’endroit où habitait Liao Tianding, imagina un plan puisqu’il refusait de se laisser intimider : il occupa ses champs pour le provoquer. Liao Tianding tomba dans le piège, alla chez lui pour discuter, et tandis que le chef du village faisait semblant de vouloir parvenir à un arrangement, le fils, sur ordre du père, vint faire des reproches à Liao Tianding, qui du coup s’emporta contre le jeune homme et le blessa grièvement. Après quoi le chef du village le dénonça aux autorités japonaises comme fauteur de troubles. Liao Tianding réussit à échapper aux poursuites, mais sa mère fut tellement harassée pour qu’elle avoue où il se cachait qu’elle mourut, ce qui provoqua un choc terrible pour Liao Tianding.   

Comme les recherches continuaient, celui-ci partit dans le Nord gagner sa vie, et allait de place en place sans travail fixe. Il exprimait ainsi publiquement sa haine pour les Japonais et les collaborateurs, et suscitait ainsi l’émotion parmi tous les gens qu’il rencontrait. Les Japonais voulurent donc l’arrêter, mais il réussit toujours à fuir. Toutefois ses déplacements s’en trouvèrent fort entravés et il dut se cacher chez des amis. A cette époque, s’étaient déjà formées plusieurs organisations clandestines pour résister au Japon, mais Liao Tianding, étant d’un milieu pauvre et n’ayant pas de contact avec des gens riches, ne put s’infiltrer dans ces organisations. Aussi décida t-il de former la sienne avec des amis qu’il réussit à recruter malgré le manque de fonds et d’aide extérieure. Son argument était qu’il fallait dépouiller les riches qui collaboraient, s’enrichissaient sur le dos du peuple et ne reconnaissaient que la force. C’est ce qu’il fit avec ses compagnons, si bien qu’il devint la tête de liste des gens recherchés. Grâce à sa vigilance et à son habilité à se dissimuler, ce qui faisait partie de l’entraînement aux arts martiaux, il put esquiver les recherches. Connaissant toutes les écoles d’arts martiaux, il pouvait toujours dérouter l’adversaire en lui opposant une technique qu’il ignorait ; et il était capable d’imiter toutes sortes de personnages.

Liao Tianding se réfugia près de Taipei à Balixiang, où habitait un de ses compagnons, Yang Lin, derrière chez qui il y avait une Grotte aux singes, cachette idéale. C’était une région encore sauvage à l’époque, face à la mer ; et Yang Lin devait s’occuper de le faire partir au Fujian. Ayant perdu sa trace, les Japonais le cherchaient activement, surtout qu’ils s’apercevaient que s’organisait une résistance dans ce district. Un jour que Yang Lin allait apporter de la nourriture à Liao Tianding, se croyant seul dans la campagne, il fut remarqué par les Japonais. Heureusement il put être assez vigilant pour atteindre la cachette de Liao Tianding à l’insu de ceux qui le filaient, mais dès lors il devint l’objet de soupçons et de pressions pour révéler la cachette. Très inquiet, il voulu persuader Liao Tianding de changer de lieu, mais celui-ci refusa, disant qu’il n’y avait rien à craindre. Les Japonais fouillèrent la montagne, mais Liao Tianding put rejoindre la plaine et se cacher sous un pont. Furieux les Japonais se tournèrent vers Yang Lin et menacèrent de tuer toute sa famille. Yang Lin crut que si Liao Tianding disparaissait, les Japonais relâcheraient leur pression sur les autres et qu’il serait de toute façon pris un jour ou l’autre et que, alors, sous la torture, il donnerait le nom de ses amis. Aussi décida t-il de sacrifier Liao Tianding pour sauver les autres membres du groupe et sa propre famille. Le sachant très fort, il retardait son intervention, mais un jour qu’il lui apportait de la nourriture, le voyant endormi dans la grotte, il le tua en le frappant sur la tête avec une houe ; Liao Tianding avait alors vingt-sept ans. Les Japonais donnèrent d’abord une récompense à Yang Lin, puis le mirent en prison pour meurtre et lui firent subir toutes sortes d’humiliations.

A la mort de Lia Tianding, il se passa des phénomènes étranges : quand les Japonais descendirent son corps de la montagne, des gouttes de sang tombèrent le long du chemin et pendant très longtemps il en sortait une lumière comme celle des lucioles quand le ciel était couvert et quand la pluie était sur le point de tomber. Quand il faisait très sec, la nuit, sortait souvent de la grotte comme une boule de lumière verte qui dévalait la montagne et faisait plusieurs fois le tour de la résidence du commandant japonais du district avant de s’élancer de nouveau et de disparaître. La femme et la fille de ce commandant se mirent à tenir des discours irrationnels, à dire des paroles insensées, à avoir une conduite bizarre, et aucun médecin n’y pouvait rien. Les gens de la région dirent qu’il fallait apaiser l’âme de Liao Tianding. Le commandant refusa d’abord d’obéir à ce qu’il qualifia de superstitions. Puis fort inquiet lui-même au bout d’un certain temps, il fit un vœu devant le tombeau de Liao Tianding. Dès qu’il fit le vœu, les deux femmes furent guéries sans médicament. Le commandant obéit alors à son vœu et fit dresser une stèle sur le tombeau et y offrit des fleurs.

Liao Tianding avait été enterré à la hâte dans ses vêtements ensanglantés et ses amis n’avaient pas osés se manifester par peur de la police. Mais à cause des phénomènes surnaturels qui se produisirent aux alentours du tombeau, une grande foule vint peu à peu prier, de sorte que les autorités japonaises s’alarmèrent, y voyant la manifestation du nationalisme persistant. Le chef japonais local, par crainte de ses supérieurs, fit enlever de nuit la stèle qu’il avait fait ériger ; mais quand la surveillance se calma, les amis de Liao Tianding replacèrent la stèle. Après la guerre, on enterra de nouveau Liao Tianding et on éleva un temple, et ceci eut beau se produire quarante ans après sa mort, on s’aperçut que son cadavre n’était pas décomposé, preuve s’il en fallait qu’il était bien bien devenu un esprit céleste dont on pouvait implorer aide et protection.

L’étoile de la Littérature


L’Etoile de la littérature (Kui Xing) était jadis la première constellation des sept maisons de l’ouest, correspondant aux neufs étoiles de la Vierge et aux sept des Poissons, et s’écrivait avec un caractère différent, mais ayant la même prononciation. Depuis le Xe siècle, sans qu’on puisse préciser quand, on considère qu’elle est soit la première étoile du Boisseau du Nord, soit ses quatre premières étoiles. Elle est représentée sous les traits d’un personnage au visage bleu, aux cheveux rouges, aux canines proéminentes, aux yeux qui ressortent, un pied levé à l’arrière, l’autre appuyé sur une tortue marine qui soutient le monde. Il tient d’une main un pinceau pour marquer les écrits remarquables et de l’autre un boisseau puisque cette étoile fait partie du Boisseau du Nord et que le caractère signifiant boisseau entre dans la composition de celui qui est utilisé pour son nom.

Cette étoile-divinité accorde la réussite aux examens. Au XIXe siècle, un homme devant beaucoup d’argent au patron d’une boutique qui venait souvent le lui réclamer en tomba malade. Son fils lui suggéra une façon de s’en sortir et alla trouver un acteur. Quand le patron vint une nouvelle fois demander son dû, il vit son débiteur alité et entendit le fils dans une chambre voisine réciter ses leçons à haute voix. Le malade lui dit d’aller trouver son fils qui était aller chercher de l’argent pour le rembourser. Quand le patron entra dans la chambre du fils, il le vit de dos en train d’étudier à sa table tandis que l’Etoile de la littérature en personne se tenait debout immobile à ses côtés. Abasourdi, il revint voir le père, lui dit que son fils était protégé par l’Etoile de la littérature et donc appelé à une brillante carrière, et qu’il voulait non seulement annuler la dette, mais même prêter de l’argent pour que le jeune homme poursuive ses études. De fait celui-ci devint un haut fonctionnaire ; mais l’Etoile de la littérature n’était qu’un acteur déguisé que le fils avait  engagé puisque ce personnage divin apparaissait sur scène dans les ballets d’introduction avant l’opéra proprement dit.   

Le dieu des acteurs et le dieu des prostituées


Le dieu des acteurs est d’habitude l’empereur Minghuang (Laolang shen 712-756), car ce souverain créa au palais impérial un conservatoire de musique et de danse, dont le nom, Jardin des poiriers, venait de son emplacement dans l’enceinte du palais ; c’est pourquoi on appela désormais les acteurs les disciples du Jardin des poiriers. Ce souverain fut non seulement un grand patron des arts du spectacle, mais il était aussi musicien et acteur. Quand il jouait un personnage dans des saynètes, les autres continuant à lui décerner de « majesté », il leur dit de l’appeler alors « laolang » d’où son nom comme dieu du théâtre. Selon d’autres, ce dieu serait Lei Haiqing, musicien, joueur de pipa, luth piriforme, sous cet empereur Minghuang ; fait prisonnier par le rebelle An Lushan, il refusa de jouer pour lui et fut mis à mort. Les taoïstes, qui voient derrière les dieux une puissance stellaire, disaient qu’en fait Laolang shen était la sixième constellation parmi les sept maisons du Sud. Dans le Sud de la Chine, les troupes d’opéra  n’honoraient pas Laolang shen, mais Tian Du yuanshuai, les maréchaux Tian et Du ou le maréchal Tian Du suivant les interprétations. Les troupes cantonaises, après leur interdiction à la fin du XIXe siècle pour avoir participé à la révolte des Taiping, adoptèrent comme dieu Hua Guang, dieu du feu.

Le dieu des prostituées  était le dieu aux Sourcils Blancs (Bai mei shen), que vous pouvez voir en photo, dont la personnalité reste dans le brouillard, et dont l’origine serait Zoroastre après l’introduction de ce dieu perse en Chine. Avec son premier client, une prostituée devait le saluer, ce qui s’appelait « fixer le sentiment ». Certains y voient Guan Zhong, Premier ministre du royaume de Qi sous l’antiquité, car il aurait été le premier à réglementer et à officialiser la prostitution. Il aurait fondé sept cent bordels pour payer les frais de guerre et lui-même aurait pris plusieurs femmes pour que son souverain, qui s’était entouré d’un vaste harem, n’apparaisse pas au peuple comme un dévergondé. Les prostitués vénéraient aussi cinq immortels qui étaient des animaux : le hérisson, la tortue, la fouine, la souris et le serpent, qui avaient un autel dans la pièce secrète des patronnes de ces lieux pour en assurer la protection. Dans le Sud-est, à l’entrée des bordels, sur le sol, on avait une statue du Cochon aux Huit Vœux (Zhu Ba Jie) tenant dans ses bras une jeune fille en déshabillé, car ce personnage de Voyage en Occident, compagnon du singe et protecteur du bonze parti en Inde chercher les soutras, était célèbre pour sa gourmandise et sa luxure, et il était considéré comme l’esprit le plus compréhensif pour assurer la paix et la prospérité à un tel commerce. Guan Zhong, ayant crée le monopole d’Etat pour le sel, était aussi le dieu des contrebandiers du sel, car sans cette loi, la contrebande n’aurait pas existé.

Sun Simiao et les autres dieux de la médecine


Le dieu des médecins était soit la Trinité des premiers empereurs, Fuxi, Shennong et l’Empereur Jaune, le premier ayant apporté le feu et ainsi la façon de cuire les aliments pour éviter les maux d’estomac, le second ayant essayé sur lui-même les propriétés des plantes et étant mort pour avoir absorber des plantes vénéneuses et le troisième étant l’auteur du premier livre de médecine ; soit Bian Que, célèbre médecin de l’antiquité à qui étaient attribuées les méthodes de diagnostic ; soit Hua Tuo, chirurgien de l’époque des Trois Royaumes, inventeur de l’anesthésie par le chanvre ; soi Sun Simiao (581-682). Ce dernier, dès son plus jeune âge avait montré qu’il était très doué puisque, à sept ans, il était capable d’apprendre plus de mille caractères par jour. Il s’intéressa à la pensée de Laozi et de Zhuang zi, puis se retira sur une montagne pour y faire des recherches sur la médecine et l’astronomie. Un jour, il sauva un serpent que des jeunes gens avaient blessé, le soigna, puis le replaça dans la campagne. 

Quelques jours plus tard, en se promenant, il rencontra un jeune cavalier vêtu de blanc qui le remercia d’avoir sauvé son frère et l’invita à le suivre en lui prêtant un cheval. Ils arrivèrent dans une ville magnifique, y furent introduits en présence d’un roi-dragon, qui montra son autre fils en disant : «  Voici quelques jours, mon fils a été blessé par de jeunes bergers et fut sauvé grâce à vous ».  Sun Simiao se rappela alors le serpent qu’il avait guéri. Il apprit qu’il était au palais aquatique de la rivière Jingyang. Il y fut invité à un banquet, mais se contenta d’un peu de vin, car, cultivant le Tao, il s’abstenait de nourriture. Le roi-dragon, avant son départ, lui remit un recueil de prescriptions médicales pour qu’il secoure les hommes, et c’est là l’origine du fameux traité médical de Sun Simiao : « les Prescriptions précieuses » (Qian Jin Fang)  

La Secte Taoïste Shang Qing


Le fondateur de la secte Shang Qing, est une femme connue sous le nom de Wei Hua Cun (Wei Xian Un). Elle serait née sous la dynastie Jin dans le Shandong. Toute jeune elle lisait de nombreux textes taoïstes et à l'âge de 12 ans, elle était capable de mémoriser et réciter toutes les formules sans regarder des livres. Avec sa connaissance approfondie des compétences taoïstes, Wei Hua Cun commença à faire des prédications sur l'enseignement du taoïsme.

Au moment où elle atteignit 20 ans, Wei Hua Cun parcourue les forêts afin de recueillir des herbes et des plantes pour en faire des pilules pour la médecine chinoise. Chaque fois qu'elle inventait une nouvelle pilule, elle devrait d'abord l’essayer sur elle afin de voir s’il n’y avait aucun effet secondaire pour ses patients.
En raison de sa longue période de consommation de ces herbes et plantes, le corps physique de Wei Hua Cun commença à se transformer et elle eue de moins en moins besoin de s’alimenter. 

Au moment où elle atteignit 24 ans, son père l'a força à se marier à un chercheur connu sous le nom de Liu Wen. L'objectif de son père était d'arrêter la rêverie de sa fille de devenir immortel par un mariage. 
Au cours de la 1ère et 2ème année de son mariage, elle donna naissance à deux fils, tous deux connus comme Liu Pu et Liu Xia qui plus tard sont devenus les chefs de la secte Shang Qing. 

A l'âge de 37 ans, Wei Hua Cun vit un groupe d’Immortels et Divinités descendant du royaume céleste. Après être entré dans sa maison, l'une des divinités sortie un paquet de livres et d’objets spirituels et lui donna. Un Immortel connu comme Qing Xu Wang Bao s'approcha d'elle et lui a dit qu’ ils étaient là pour lui apprendre les secrets du taoïsme.

Wei Hua Cun s'agenouilla en face de Wang Bao afin de le reconnaître comme le Maître. A partir de là diverses divinités descendirent dans sa maison pour la guider dans son apprentissage. 

Après des années de formation et avoir maîtrisée le secret caché des compétences spirituelles, Wei Hua Cun les retranscrivit dans les premiers écrits de la secte Shang Qing. Dès lors, tous les descendants durent maîtriser l’enseignement taoïste de la secte. Wei Hua Cun obtint quelques années plus tard son immortalité.
Aujourd'hui, certains des principaux sous-groupes sont toujours en activité : 

- Ecole Yang Feng - Fondateur Jiang 
- Ecole Liu Ren - Fondateur Li Bo
- Ecole Ying Jin - Fondateur Jin Ying 
- École Lian Bai - Fondateur Wang Sen 
- Bai Lian école - Fondateur Bao Sheng 

Les plantes et fruits symboliques du Taoïsme


Souvent représentées comme attributs distinctifs des divinités et utilisées comme éléments décoratifs, les principales plantes symboliques du taoïsme sont liées plus ou moins directement à l’idée d’immortalité. Se détachent le pêcher et le pin.

Le pêcher est hautement symbolique par son bois, de pure essence Yang, employé dans les rituels d’exorcisme et pour réaliser des objets liturgiques, et par ses fruits, associés aux idées de pureté, de fertilité et surtout d’immortalité. Les pêches de l’immortalité (pantao) sont associés à la Reine Mère de l’Occident, qui a coutume de les offrir aux autres figures du panthéon lors de somptueux banquets organisés dans son palais du mont Kunlun.

Le pin (son) est aussi l’un des principaux symboles de longévité ou d’immortalité. Il est souvent utilisé avec cette signification dans l’art taoïste. Il représente le Yang et est souvent associé avec la grue et ses fruits sont l’un des aliments de base des Immortels.


Se distinguent aussi les champignons ainsi que les végétaux propres à la civilisation chinoise tels que le bambou ou la citrouille. Dès l’époque des Zhou de l’Est, on tint les champignons (zhi) pour des substances susceptibles de donner une longue vie. Une croyance, du fit qu’ils poussent spontanément sur l’île Penglai, incita les empereurs Qin Shi Huangdi (régna de 221 à 210 avant JC) et Han Wu Di (régna de 140 à 87 avant JC) à organiser des expéditions pour se les procurer. Dans l’alchimie opératoire, le terme zhi, traduit parfois par « excroissance », semble désigner aussi des entités d’origine minérale ou animale. Dans la méthode alchimique intérieure, le champignon rouge désigne la réalisation spirituelle. La citrouille, attribut distinctif de l’immortel Zongli Quan, figure dans l’art taoïste surtout sous une forme « en sablier » (hulu), symbole de l’union entre le Ciel et la Terre ou du chaos primordial. Enfin le bambou (zhu), plante sempervirente, est aussi un symbole de longévité.

Le Royaume Interdit, un film fantastique chinois


Grand amateur de cinéma asiatique je dois vous avoué que j'ai eu une grosse déception pour ce film que je me faisais une joie de voir! Il faut dire qu'il n'a pas été fait par un asiatique, ceci explique peut-être cela....

Le Royaume Interdit, malgré la présence des meilleurs acteurs d’arts martiaux chinois du moment (Jet Li et Jackie Chan) est un film américain pour un public américain, et cela se sent.

L’histoire, très manichéenne raconte comment Jason (un morveux de 17 ans), fan de cinéma hongkongais et de kung-fu, découvre dans une vieille boutique un bâton orné d’un singe en bronze. Le bâton va expédier Jason dans la Chine médiévale où il va rencontrer des héros de légendes.

Il faut dire que presque tous les héros de la mythologie fantastique chinoise sont là (au prix de gros) : le Roi Singe et le Moine Ivre, deux personnages essentiels de la littérature et du cinéma chinois, la Mariée aux Cheveux Blancs et L’Hirondelle d’Or...la totale !

Bourré de clichés, le film au scénario un brin débile, est sauvé par l’humour, les prestations de Jackie Chan et Jet Li , la beauté des actrices et une belle mise en scène ; ce qui en fait au bout du compte un bon film de divertissement qui fera un tabac chez les plus jeunes et les amateurs de pop-corn salé. Voici la bande-annonce :

Mural, un film fantastique et légendaire chinois


Bonne année 2014 à tous. Pour commencer l'année je vous propose de découvrir Mural qui est un film fantastique chinois de 2011 réalisé par Gordon Chan. L'histoire est tirée du recueil de contes surnaturels de Pu Songling (1640-1715), le maître du fantastique littéraire chinois.

Le film raconte l'histoire de Zhu Xiaolian, un pauvre écolier qui se rend à la capitale pour passer un examen. Pendant ce voyage, Zhu est distrait par une fresque murale et pénètre dans le pays imaginaire dépeint par celle-ci. Il y rencontre les fées qui habitent ce pays imaginaire ainsi que l'amour et la haine. Un vrai film du type Seigneur des anneaux à la sauce chinoise. Si vous aimez la fantasy asiatique vous ne serez pas déçus!

Avec Deng Chao dans le rôle de Zhu Xiaolian ainsi que d'excellentes actrices telles que Sun Li et Yan Ni, le film est doté d'un excellent casting qui associé au talent de Gordon Chan en fait un petit chef d'oeuvre. Un véritable voyage dans l'imaginaire chinois qui mérite le détour. La critique a été injuste avec ce film je trouve, à vous de juger.Voici la bande-annonce :