Le Bouddha de Leshan en Chine, le plus grand bouddha du monde



Les chiffres seuls ne peuvent rendre compte de l'immensité du plus grand bouddha du monde. Taillé dans la roche rouge des falaises, ce personnage assis mesure 71 mètres de haut. Ses oreilles sont longues de 7 mètres et l'on peut s'asseoir à plusieurs sur l'ongle du gros doigt de son pied. Les pieds du Bouddha sont en effet longs de 8 mètres et ses épaules ont 28 m de largeur.

La ville de Leshan se trouve dans le Sichuan, province du centre de la Chine. Sous la dynastie des Han postérieurs (25-220 après JC), plus de 1000 tombes rupestres ont été creusées dans les environs de la cité. Le Bouddha demeure cependant l'oeuvre la plus extraordinaire de la région. La statue, située au confluent des rivières Dadu He, Quingyijang et Minjiang, a été conçue par le moine bouddhiste Haitong. 

Haitong finança son projet grâce à des souscriptions publiques et à des contributions du gouvernement régional, alimentées par les revenus du sel. Le moine habitait une grotte derrière la tête du Bouddha. Quand un fonctionnaire véreux menaça de l'aveugler s'il ne lui remettait pas une part des fonds, il s'énucléa lui-même pour prouver sa détermination. Il mourut à la fin de l'entreprise, rendue possible en 803 par le gouvernement Wei Gao, qui fit don de son salaire pour finir les jambes et les pieds.

L'effigie, commencée en 713, a été édifiée pour aider les navigateurs à franchir les tourbillons des cours d'eau. Les sculpteurs n'ont pas compté que sur le regard paisible du personnage pour protéger les marins. Ils ont aussi utilisé la roche détachée de la falaise pendant les travaux pour combler les cavités du lit des rivières, qui provoquaient les dangereux remous.

Il a fallu 90 ans pour terminer la statue, appelée Dafo. Pour combattre l'érosion, elle a été équipée d'un système de drainage des eaux de pluie. Des poches d'humidité se forment pourtant, favorisant le développement de la végétation. Les fougères, qui se mêlent aux cheveux de la statue, et les fleurs, qui s'épanouissent sur ses mains, ne troublent nullement les pèlerins et les touristes affluant en masse. Près de la tête du Bouddha se dresse un temple auquel on accède par un escalier de plusieurs centaines de marches.

Le Monastère de la Falaise magique

Ce monastère situé près de Ta'an, tire son nom d'une légende contée dans la chronique du taishan et selon laquelle le moine Langgong, fondateur du monastère Shentong, vit les tigres s'agenouiller et les rochers s'incliner sur son passage, en 351 : "Ne vous étonnez pas de ce miracle, car les rochers ont une âme", dit-il aux ermites qui vivaient là.

Au temps de sa plus grande prospérité, sous les Tang, puis sous les Song, ce monastère compta une quarantaine de temples et plus de 500 moines. Il faisait alors partie des "Quatres Superbes", c'est à dire des quatre monastères les plus célèbres de Chine. Il était presque aussi important, à l'époque Tang, que le temple du Taishan et, selon la croyance populaire, on ne pouvait aller en pèlerinage au mont Tai sans visiter le monastère de la Falaise magique. Aujourd'hui pagodes, stèles et pavillons s'étagent sur ce contrefort du massif du Taishan, au milieu des pins, cyprès, grenadiers, plaqueminiers et autres essences.

Après avoir franchi le pont du Double Pin, on pénètre dans le monastère par la Première Porte de la montagne, imposant ouvrage d'époque Qing. Puis, la deuxième porte de la montagne, située entre la Tour de la cloche et la tour du Tambour, renferme plusieurs stèles des dynasties Tang et Song.

La salle des Mille Bouddhas (Qianfo dian) fut reconstruite sous les Ming dans son style originel (celui des Tang), puis plusieurs fois restaurée sous les Qing. D'après une stèle portant une calligraphie de Liang Qichao (1873-1929), écrivain et homme politique réformateur, il abriterait les plus belles sculptures de Chine, à savoir : au centre, une statue du Bouddha, d'époque Song, en rotin tressé, laqué et doré sur un socle de 3 m, flanquée de deux statues en bronze d'époque Ming. Sur le pourtour, une suite de 40 arhat, plus grands que nature, semblent débattre de la loi bouddhique. Réalisés sous les Song du Sud, ils furent modelés en argile sur âme de bois, dans un style extrêmement réaliste, tant dans l'acuité de l'expression des visages que dans les attitudes des mouvements de tête et de mains.

A droite, sur une terrasse à un niveau plus élevé, le pavillon des Livres impériaux, du temps des Qing, se distingue par une inscription en caractères sigulaires (écritures des sceaux). De là, on peut observer la Pierre de Langgong, un rocher qui, sur la crête de la montagne, dominant le monastère, aurait la forme d'un moine appuyé sur un bâton. D'autres rochers ont fait parler l'imagination populaire. Ainsi une petite hauteur tabulaire représenterait le lit de Gegong, du nom d'un moine, tandis qu'un autre, dit Miroir du Diable, passe pour refléter la véritable personnalité de celui qui se tient devant lui : un diable qui aurait l'aspect d'un homme verra réellement l'image d'un diable.

En sortant de cette salle et en suivant une allée sur la gauche, on atteint une forêt de stûpa, vaste cimetière ou furent inhumés les supérieurs du monastère, à partir des Tang jusqu'aux Qing. L'ensemble est dominé par la pagode Pizhi, dont les neufs étages en brique furent édifiés sous les Song. En traversant la forêt de stûpa, on remarque une pagode à étage unique. Elle fut élevée au milieu du VIIIème siècle pour recueillir les centres du fondateur du monastère. Je suis à la recherche d'une photo de ce site, merci d'avance.

L'Un suprême, le dieu le plus important du Taoïsme

Le culte de cette divinité, une des plus anciennes du taoïsme (époque des Zhou de l'Est), s'est maintenu plus de 2000 ans. Sa première mention en tant que principe cosmogonique figure dans un manuscrit de la seconde moitié du IVème siècle avant JC retrouvé à Guodian (Hubei), le Taiyi sheng shui.

Dans le cadre des spéculations cosmologiques des Han de l'Ouest, on l'identifia avec le souffle primordial (Yuanqi) associé à la Petite Ourse ; en tant que personnification de l'Unité qui précède la manifestation, on l'éleva au rang de divinité suprême du ciel avec laozi divinisé, et sa place hiérarchique au-dessus de l'Empereur Jaune et des 5 empereurs (Wudi).

Aux premiers siècles de notre ère, son culte se diffusa dans les couches populaires et on l'inclut dans les divinités des maîtres célestes et des Turbans jaunes. Il joua bientôt un rôle de premier plan comme divinité de corps, symbole du "soi authentique".

Dès l'époque  des 6 dynasties, il s'imposa comme administrateur des destins des humains, dont il consignait les actions dans les registres. Enfin Tang Xuanzong (qui régna de 712 à 756) ordonna d'offrir des sacrifices en son honneur dans les rituels taoïstes d’État.

Le culte de Taiyi est encore répandu à l'époque contemporaine. Aujourd'hui les maîtres taoïstes s'identifient avec lui dans certaines pratiques rituelles, par exemple en accomplissant les "pas cosmiques" (bugang).

Les cérémonies taoïstes modernes en Chine



Il existe actuellement deux traditions rituelles taoïstes principales : celle des maîtres célestes, diffusée principalement dans le sud, et celle de la Perfection totale, diffusée dans le nord.
 
Le rituel contemporain est un mélange d'éléments de l'Un orthodoxe, de pratiques de visualisation propres à la Suprême Pureté et de liturgies communautaires pour les vivants ou les défunts typiques du Joyau magique. Il fut codifié à l'époque Tang, puis divisé en deux catégories : retraites et offrandes.

L'adjonction de formes magiques diverses fut ensuite favorisée par l'influence bouddhiste et l'apparition d'exigences nouvelles au sein du taoïsme. On distingue aujourd'hui les rituels célébrés à l'intérieur des monastères de l'école de l'école de la Perfection totale, qui a élaboré au fil des siècles un code liturgique indépendant et unifié, et les rituels de la tradition de l'Un orthodoxe, présentant souvent des particularités locales, célébrés dans les demeures des maîtres, les maisons des fidèles ou les temples consacrés aux divinités populaires.

Le rituel moderne des Maîtres célestes présente trois types : "offrandes" (jiao), ou cérémonies sacrificielles communautaires ; "rites des mérites" (gongde) célébrés pour les défunts , appelés encore dans certaines régions "retraites" (zhai) ; "rites mineurs" (xiaofa), qui concernent en particulier des pratiques d'exorcisme. Souvent la communauté locale participe activement au déroulement du rite par l'intermédiaire de délégués qui, sont sous la conduite d'un "maître de l'encens", effectuent des prosternations et offrent de l'encens.

Le rituel taoïste peut être accompli par un seul officiant ou par un maître secondé par un groupe d'assistants, parmi lesquels figurent habituellement un chantre et un thuriféraire (préposé à l'usage de l'encens). A leurs côtés et derrière eux  se groupent les autres membres de la communauté religieuse.

A la différence des cérémonies de l'Un orthodoxe, les rituels de la Perfection totale présentent une homogénéité structurelle substantielle, même s'il existe des variantes au sein des différentes branches de cette tradition. Les rituels les plus courants, et, à certains égards, les plus codifiés, sont ceux de la Porte du Dragon, dont le monastère principal, le Baiyun Guan, à Pékin, est aussi le siège de l'Association taoïste de Chine et de l'Académie des études taoïstes.

Les rituels de la Perfection totale se déroulent principalement dans les salles des monastères taoïstes. Ils rassemblent la communauté monastique résidente, avec une participation plus ou moins marquée des laïcs selon l'importance de l'occasion pour laquelle ils sont célébrés.