Laozi/Lao-tseu, le père du taoïsme



Laozi/Lao-tseu (570-490 av JC) est un philosophe chinois qui selon la légende serait né à Chu, sous un prunier. Il semble que se réfère aussi à sa naissance le nom Li (prunier) qui lui est attribué au Ier siècle avant JC. Il apparaît dans diverses sources sous le nom de Lao Dan. Il est devenu un personnage mythique tenu par la tradition pour être l'auteur du Dao dejing (ses enseignements), ouvrage fondamental de la culture chinoise. Les textes les plus anciens du Zhuangzi datant du IVème siècle avant JC évoquent la mort d'un certain Lao Tan et la discrétion du sage. Il faut attendre les Mémoires historiques (Shiji) de Sima Qian terminés autour de 100 avant notre ère pour que se fixent les traditions. Il n'existe aucune preuve scientifique de l'existence de Laozi. On raconte qu'il se promenait souvent à dos de buffle.

L'historigraphie officielle en fait un devin-annalyste de la cour durant la dynastie des Zhou, mais qui fut vite fatigué de cette tâche peu conforme à ses ambitions et à sa conception du monde. Plutôt que de retranscrire les évènements passés et de prévoir l'avenir au seul service du souverain, il se pencha sur le mystère des choses et des êtres. A partir de sa connaissance du Dao, la Voie, telle qu'elle est enseignée par le Yijing, le classique des changements, il construisit un nouveau modèle d'explication et l'appliqua à son idéal, celui du saint.

Il devient alors un contemporain de Confucius (551-479) mais plus âgé que lui, qu'il morigène pour son arrogance. Il disparaît ensuite vers l'ouest et quitte la Chine (pour l'Inde selon certaines sources), déçu par la situation de l'époque. Sa divinisation est acquise en 166, il devient Li Hong ou Suprême Seigneur Lao, quand l'empereur Houan de la dynastie des Han sacrifie personnellement à un Laozi cosmique, dont rend compte le texte de "L’inscription". Cette figure semble particulièrement en honneur parmi les hommes de guerre mais le livre sert aussi aux dames de la cour de manuel de pratiques sexuelles censées renforcer la fertilité. Pour les taoïstes, le Seigneur Lao est au pinacle du panthéon. Ce Laozi divinisé renait régulièrement et va et vient dans le monde des hommes. Il demeure selon les versions dans la Grande Ourse ou dans le ventre de sa mère. Il fut alors inclus dans la Triade des 3 Vénérables célestes.

Parrallèlement, la lente diffusion du Laozi produit une exaltation mystique qui fait du personnage mythique un sauveur. Pour le courant des Maîtres Célestes reconnu comme église en 215, Laozi n'est plus le "Vieux Maître" mais le "Vénérable Prince de la Suprême Souveraineté".

Au cours du Vème siècle, les églises taoïstes devant se positionner face au bouddhisme, Laozi devint celui qui, parti vers l'ouest, initia les barbares à un message qu'ils méconnurent et attribuèrent au Bouddha. De cette divinisation, un trait est saillant : le corps de Laozi est un corps de transformation. Il change neuf fois en une journée. Sa gestation de quatre vingt-un ans fait de lui un "Vieil Enfant". L'imagerie le place au centre d'un vaste complexe de mythes, de nombres et de symboles. En parcourant mentalement son corps, de Laozi, l'adepte taoïste fait descendre en lui la puissance qu'il incarne. Il se rend alors immortel.
 
Le culte de Laozi connut son moment de gloire sous les empereurs Tang, en particulier sous Gaozong (régna de 649 à 683) et Xuanzong (régna de 712 à 756). Ce dernier ordonna que des temples taoïstes consacrés au "Vieux Maître" fussent ouverts dans la capitale de chaque province de l'empire.

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