Le Qi est l'énergie fondamentale qui irrigue l'univers et ses créatures. Pour les territoires ce sont les vents (feng) et les eaux (shui). Pour le corps humain c'est l'air et le sang. L'observation des réseaux empruntés par le Qi, que sont l'hydrologie et la consignation des vents et courants a également engendré une science de la terre tout à fait particulière au monde chinois, que l'on appelle feng shui (vents et eaux), et que l'on traduit par géomancie, l'art de déchiffrer la terre. Ce déchiffrement repose tout entier sur l'observation et la régulation des Qi volatils et liquides et leur mise en harmonie, en résonance, avec ceux qui parcourent le corps humain.
L'afflux, la concentration de Qi est une bonne chose, qui produit la vitalité de la métamorphose ; leur dispersion est néfaste : vidant le terrain de toute sa dynamique, elle engendre la mort ; leur afflux non contrôlé est pareil aux inondations. Pragmatiquement, la circulation du Qi est aussi devenue métaphore de celle de l'argent. Préoccupation universellement partagée, son vocabulaire emprunte partout la morphologie des rivières, de leurs "cours", de leurs "flux".
D'une façon générale, le feng shui désigne donc les variations de climat censées être produites par le comportement moral des gens, par l'intermédiaire des corps célestes. Cela va notamment être mis en pratique pour mettre en harmonie les habitations des vivants et des morts avec les principes du Yin et du Yang ; les spécialistes, opérant avec avec boussole et compas astrologique, se servant également de charmes et talismans pour contrecarrer le caractère néfaste de certaines données topographiques, chaque endroit ayant ses caractéristiques particulières, naturelles ou artificielles, susceptible d'indiquer ou de modifier la nature du Qi universel.
La forme des collines ou montagnes, la direction des cours d'eau, manifestations des influences des vents et des eaux, revêtent dans ces conditions une importance primordiale ; mais, de même, la forme, la hauteur et l'orientation des édifices, des routes, des ponts, doivent être scrupuleusement choisies ; par exemple les chemins tortueux ou contournés sont favorables à la circulation des bonnes influences, alors que les influences malignes tendent à profiter des lignes droites (de la même façon, on s'arrange pour faire faire aux démons des tours qui les mettent en déroute : d'où les paravents devant les entrées) ; par exemple encore, une excellente position géomantique pour une tombe sera : une large rivière devant, une falaise abrupte derrière, avec des collines enserrant la droite et la gauche ; une maison d'habitation devant faire face au Sud.
Il appartient au fangshi, le bien nommé "maître de l'espace" ou géomancien, de décrypter, comme le médecin le fait avec le sang et le flegme dans un corps humain, comment circulent le vent et les eaux d'une terre à bâtir, d'un immeuble, du siège d'une entreprise. De lui répond la bonne marche du destin de la famille, de la société, de la tombe de l'ancêtre. Certains maîtres procèdent à des cérémonies et offrandes (voir photo), rappelant les origines mystiques du feng shui.
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