Le conte chinois du portefeuille aux lingots d'argent

Il était une fois un jeune couple qui habitait une chaumière dans une vallée. Pauvres, il leur fallait chercher deux fagots de bois chaque jour pour les vendre au marché. Un jour, ils ramenèrent deux fagots de bois de la montagne, en mirent un dans la cour pour le vendre le lendemain matin pour acheter du riz. Ils gardèrent l'autre pour leur propre usage. 
 
Mais le lendemain matin, ils s'aperçurent que le fagot qu'ils avaient déposé dans la cour avait disparu. Ils furent obligés de vendre l'autre fagot. Le jour suivant, ils ramenèrent, comme d'habitude, deux fagots de bois, en laissèrent un dans la cour et gardèrent l'autre pour s'en servir. La nuit passée, le fagot de la cour avait disparu de nouveau. Il en fut de même les troisième et quatrième jours. Le mari en fut intrigué.

Le cinquième jour, il vida le fagot et se mit dedans. De l'extérieur, on ne voyait rien d'extraordinaire. A minuit, une grosse corde tomba du ciel, accrocha le fagot et l'enleva en l'air. Le bûcheron se rendit ainsi au ciel et vit un vieillard aux cheveux blancs à l'air gentil. Le vieillard détacha le fagot, trouva un homme dedans et lui demanda :
- Les autres bûcherons ne ramassent qu'un fagot par jour, pourquoi en fais-tu deux?
Après l'avoir salué, le bûcheron répondit:
- Nous sommes vraiment pauvres. Ma femme et moi sommes obligés d'en ramasser deux, l'un pour nous-même, l'autre pour vendre au marché afin d'acheter du riz.

En entendant cela, le vieux éclata de rire et dit avec affection:
- Je sais bien que vous êtes un couple travailleur et gentil. Je vous offre un objet magique.
Puis vinrent sept fées qui le guidèrent jusqu'à un Palais de tuiles vernissées aux toits relevés dorés, brillant d'un éclat éblouissant. Le Palais contenait toutes sortes de trésors dont nul ne savait les noms.
Dans une pièce, des portefeuilles de différentes formes étaient accrochés aux murs. Une fée dit au bûcheron:
- Lequel veux-tu? Prends celui qui te plaît!
Transporté de joie, le bûcheron répondit:
- J'en voudrais un plein de trésors. Donnez-moi celui-là, qui est gros et plein, s'il vous plaît. Il prit alors le plus gros portefeuille.
A ce moment là, le vieillard aux cheveux blancs entra dans la pièce, et lui dit d'un air grave:
- Non, pas celui-ci. Je préfère te donner un autre portefeuille vide. Tu pourras en sortir un lingot d'argent d'une once par jour, et pas plus!
Le bûcheron fut obligé d'accepter, prit le portefeuille vide, saisit la corde qui avait attaché le fagot de bois et descendit sur terre.
A la maison, le bûcheron donna le portefeuille à sa femme et lui raconta tout ce qui s'était passé. La femme en était heureuse. Ils allèrent toujours couper du bois la journée et le soir, à la maison, ils ouvrirent le portefeuille et sortirent un lingot d'argent pesant une once.

Les jours passaient ainsi et ils avaient tous les jours un lingot d'argent de plus. La femme les mit de côté. - Achetons-nous un boeuf! proposait le mari de temps en temps.
La femme n'était pas d'accord. Il proposa ensuite:
- Achetons-nous quelque "mu" de terre!
La femme refusa. Mais elle proposa:
- Construisons une chaumière!
Le mari avait l'intention de dépenser tout leur argent et dit :
- Puisque nous avons tant d'argent, il vaut mieux construire une grande maison en brique et à toit de tuile.
Ne pouvant le convaincre, la femme obéit.
Le mari acheta des briques, des tuiles et du bois. Il invita également des charpentiers et maçons.
Depuis lors ces deux bûcherons n'allèrent plus couper du bois dans la montagne. L'argent fut dépensé bien avant que la nouvelle maison ne fût construite.
Le mari eut une idée:
"Pourquoi ne pas demander plus d'argent au portefeuille?"

Il l'ouvrit à l'insu de sa femme et un lingot d'argent tomba par terre. Il recommença une fois, un autre lingot sortit. Trois fois de suite, le bûcheron obtint trois lingots d'argent. Il se dit :
"Si je continue à faire de l'argent ainsi, la grande maison sera construite!"

Il oublia complètement les recommandations du vieillard aux cheveux blancs et n'écouta pas les conseils de sa femme. Cependant, quand il ouvrit de nouveau le portefeuille, celui-ci était vide et ne fournit plus d'argent. Ce portefeuille était devenu un sac de toile abîmé. La grande maison inachevée n'existait plus. Il ne vit que la vieille chaumière devant lui.

Le bûcheron était désolé, sa femme vint le consoler :
- Nous ne pouvons pas dépendre du portefeuille céleste, ce n'est pas sûr. Il vaut mieux aller couper du bois dans la montagne.
Dès lors, le jeune couple recommença à couper du bois dans la montagne et mena une vie tranquille.

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