Les cinq monts sacrés de la Chine



La Chine compte cinq montagnes sacrées qui sont au coeur de la relation entre la terre et le ciel :

Le Mont Taishan, le rassembleur des nuées : Même s'il n'est pas très élevé (1545 m), le mont Tai, dressé entre la grande plaine de Chine du Nord et les collines de la péninsule du Shandong, est aussi puissant qu'une forteresse. Souvent voilé d'une coiffe nuageuse, il est surnommé "le Rassembleur des nuées". Elles ont bâti sa réputation de pourvoyeur de pluies, toujours capricieuses dans le nord du pays. Associé au Levant, qui préside au renouveau, il est par excellence celui qui assemble et dispense les souffles vivifiants.

En dépit de cette aura de toute puissance, le sacrifice au Ciel n'y fut célébré que cinq mois en 2000 ans de pouvoir impérial : il était si dispendieux que même les empereurs prodigues reculèrent devant la dépense ; et la moindre fausse note sur un site aussi stratégique de la symbolique du pouvoir pouvait mettre le trône en péril.

Le Mont Songshan, le pic du centre : Au centre du quadrilatère formé par les pics des quatre autres points cardinaux, le Shongshan est en quelque sorte le nombril de la Terre. Sa dénomination de mont Altier lui viendrait de Yu le Grand, fondateur de la toute première dynastie chinoise. Les Zhou orientaux (770 av JC-222 av JC) l'instituèrent définitivement Mont Sacré du Centre.

Lors de sa visite en 110 av JC, l'empereur Wu (140-87 av JC) des Han de l'Ouest y fit dresser deux piliers commémoratifs en mémoire de l'épouse de Yu le Grand et de sa mort étrange en ces lieux. Le pèlerinage impérial au mont Song le plus retentissant fut celui de Wu Zetian, unique empereur-femme de l'histoire de la Chine et qui régna de 684 à 704 après JC. Ce fut la seule et unique fois qu'une femme a accomplie les rites de la religion officielle.

Le Mont Hengshan du Sud : Nan Hengshan, le Hengshan du Sud ou mont de la Balance, est composé des 72 sommets d'une chaîne montagneuse qui s'étend de Hengyang à Changsha, au Hunan. La tradition veut Shun et Yu soient tous les deux venus en ces monts. De toute l'Antiquité, il furent le séjour de Yandi, le dieu des flammes, identifié aussi à Shennong, le cultivateur divin qui enseigna aux hommes les labours et la cuisson des aliments ; son assistant était Zhurong, fils de l'empereur légendaire Zhuanxu, Génie tutélaire du feu. L'humidité qui s'élève du bassin de Hengyang et de la rivière Xiang voile presque constamment les montagnes de brumes qu'on appelle "les fumées du mont Heng". 

Le Mont Hengshan du Nord ou Mont Pérenne  : Ce mont forme une puissante muraille, qui court depuis la passe de la Porte des Oies Sauvages (Yamen guan), au nord du Shanxi, jusqu'au confins de Hebei à l'est, et culmine au pic noir (Xuanwu feng ou pic du Nord). Le pic du Nord se trouve sur un territoire qui passa à plusieurs reprises aux mains de dynasties barbares de la steppe. L'organisation du culte impérial en fut perturbée. A la fin de l'ère des empires des steppes, quand fut restauré le pouvoir chinois sous les Ming (1348-1644), s'ensuivit une querelle de deux siècles sur laquelle des deux cités devaient être le site du sanctuaire du mont Pérenne. Quyang l'emporta finalement au prix d'arguties sans fin. 

Une légende locale fut invoquée pour justifier ce choix. Elle rapporte qu'alors que l'empereur légendaire Shun se rendait au Hengshan par un hiver particulièrement rude, une tempête de neige s'éleva. Elle le bloqua à Quyang, l’empêchant de poursuivre la route jusqu'à Hunyuan, quand soudain, Shun vit dans les airs un énorme bloc de pierre, qui roula à ses pieds. Il comprit que le rocher provenait du Hengshan et fît bâtir à Quyang un autre sanctuaire.

Huashan, le Mont de l'Ouest : Huashan, le mont de la Splendeur ou pic de l'Ouest (en photo), est la plus élevée des cinq montagnes sacrées. Ses abrupts granitiques spectaculaires jaillissent au-dessus de la plaine du fleuve jaune. Comme le Taishan, il fit l'objet d'une vénération particulière et, parallèlement au culte officiel, ses pentes accueillirent au cours des siècles d'innombrables temples et oratoires taoïstes.

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