La légende de la princesse Anbo de Xinjin


Au pied du mont Crête de Coq, dans la commune d'Anbo dans le district de Xinjin, se trouvent les sources thermales Anbotang, dont l'eau est chaude en toutes saisons, mais à la sortie de la source, celles-ci sont assez brûlantes pour que les oeufs y cuisent. Ceux qui souffrent d'arthrite, de furoncles et de maladies de peau de toutes sortes fréquentent ces sources thermales où ils se baignent, et d'où ils sortent miraculeusement guéris.
  Une légende raconte qu'auparavant, il n'y avait pas de sources au pied du mont Crête de Coq. Au sud de la montagne s'étendait une vaste mer, au fond de laquelle il y avait un Palais de Dragon, où logeait un vieux Roi Dragon. Il avait une petite fille appelée Anbo, jolie comme tout ! Le vieux Roi Dragon l'aimait si fort qu'il la prenait souvent dans ses bras et qu'il ne la laissait pas le quitter d'un pas.

Plus tard, on ne sait qui lui dit qu'elle deviendrait plus belle, si une femme humaine l'allaitait. Alors, sur un nuage et dans un brouillard il sortit de son Palais pour se rendre sur terre. Voyant une femme en train de nourrir son bébé au sein, il l'emmena dans le Palais de Dragon et l'obligea à servir de nourrice à la petite Princesse.

Au début, la femme pleurait souvent, pensant à son mari et à son fils. Avec le temps, un sentiment naquit peu à peu entre elle et la petite Princesse, elle l'allaitait comme si elle était sa mère et l'aimait de tout son coeur.
Grâce au lait de sa nourrice, la petite Princesse devenait de plus en plus charmante. Elle considérait, elle aussi, sa nourrice comme une parente. Avec nostalgie, la nourrice décrivait souvent à la petite Princesse les paysages lumineux et pittoresques de la terre, où les hommes cultivaient et les femmes tissaient. La petite Princesse était tout à fait captivée par ces contes et brûlait d'envie d'avoir des ailes pour s'envoler d'un seul coup jusqu'au monde.


Un jour, pendant que la nourrice lui décrivait les scènes séduisantes de la terre, la petite Princesse ne put s'empêcher de lui demander:
- Nourrice, tu en sais bien des choses sur la terre, tu y as été? - C'est de là que je viens, ma petite.
- Et comment se fait-il que tu sois chez moi?
- C'est ton père, Son Altesse, qui m'y a amenée de force, répondit la nourrice, les larmes aux yeux.
- As-tu encore d'autres parents là-bas? demanda la petite Princesse.
- Oui, mon mari et mon fils, répondit la nourrice. Ma maison se trouve au pied du mont Crête de Coq, sur la rive nord de la mer. Mon fils s'appelle Jinniu, il a un grain de beauté sur le lobe de l'oreille droite. Il a le même âge que toi, s'il est encore en vie.
- Quand je serai grande, nourrice, reprit la petite Princesse avec chagrin, j'irai chez toi comme belle-fille pour payer en retour toute l'affection avec laquelle tu m'as nourrie au sein.
- Sois sage, mon enfant, fit sincèrement la nourrice, en la serrant dans ses bras, je serai bien satisfaite, si j'ai une belle-fille comme toi.

Le temps passa vite. La Princesse Anbo avait grandi. Elle décida de faire une visite chez sa nourrice. Ce jour-là, le vieux Roi Dragon l'emmena au banquet des pêches de la Reine Mère dans le Palais céleste. Elle trouva l'atmosphère aussi froide dans le Palais céleste que dans le Palais de Dragon. Ce qui l'attirait le plus, c'était la vie dans le monde que lui avait racontée sa nourrice.

Alors que le vieux Roi Dragon buvait du vin à la table du banquet des pêches, elle quitta furtivement le Palais céleste et descendit sur un nuage au pied du mont Crête de Coq au nord de la mer.


Mais ce qu'elle vit de la terre n'était pas si merveilleux: le soleil était brutal, la terre apparaissait toute fendillée par la sécheresse, les arbres, les fleurs et les plantes étaient mortes, le peuple chancelait en gémissant sans cesse.
"Comment vont-ils, Jinniu et son père chez ma nourrice?" pensa-t-elle. Pressée de trouver la maison de sa nourrice, la Princesse Anbo la chercha le long du mont Crête de Coq. Au pied nord du mont, elle vit une petite chaumière, d'où sortaient de temps en temps les gémissements faibles d'un malade et où, devant la porte, pendait un filet de pêche usé; ce devait être la maison de la nourrice.
Y entrant, elle vit un vieillard, couché sur le "kang", le corps couvert de gale, et un garçon âgé de 18 ans, assis près du vieillard, qui chassait les mouches. Le garçon était robuste et beau. A la vue du grain de beauté, grand comme la pointe du doigt qu'il avait au bas de l'oreille droite, la Princesse Anbo ne put cacher sa joie et demanda en toute hâte:
- Comment t'appelles-tu, frère? Qui est ce vieillard malade?
- Je m'appelle Jinniu, répondit le garçon, c'est mon père. Et toi, comment t'appelles-tu? D'où viens-tu? Que viens-tu faire ici?

La Princesse Anbo comprit alors que ce père et son fils étaient bien les parents de sa nourrice. Mais elle n'avoua pas la vérité à Jinniu et lui répondit seulement:
- Je m'appelle Anbo, je suis venue d'un endroit très lointain pour voir des parents. Mais je ne les ai pas trouvés. Ce qui m'angoisse beaucoup, c'est que je n'arrive pas à trouver un lieu où me reposer.
-Sois tranquille, dit le père avec conviction, pensant que c'était une bonne fille. Reste et sois ma belle-fille, si tu ne méprises pas notre pauvreté.
Se souvenant de la promesse qu'elle avait faite à sa nourrice quand elle était petite, la Princesse Anbo, rouge de timidité, inclina la tête en signe d'approbation, car le garçon devant elle lui plaisait beaucoup.
Quant à Jinniu, il était bien content, bien sûr, mais il dit à son père d'un air embarrassé, après un moment de réflexion:
- Comment pourra-t-on célébrer le mariage, père, en cette année de sécheresse? Pauvre comme l'est notre famille, et avec toi qui es malade.

La Princesse Anbo ôta alors de ses cheveux une épingle en or, et dit à Jinniu, en la lui donnant :
- Va la changer contre quelques pièces d'argent au marché et achète des remèdes pour ton père. Avec le reste achète de la farine et du riz pour célébrer la noce. Jinniu fit ce que lui disait la Princesse Anbo. Ils se marièrent le soir même. Le jeune couple vivait en parfaite harmonie.

Tous les jours, ils pêchaient ensemble dans la mer. Les autres pêcheurs ne réussissaient pas à pêcher de poissons, tandis qu'eux, ils revenaient avec leur bateau bien chargé. Ils vendaient les poissons qu'ils ne pouvaient manger pour acheter des remèdes au père.

Pourtant, le vieillard ne guérissait pas, malgré les soins médicaux. En outre, de plus en plus de villageois mouraient de faim. La Princesse en était très préoccupée. Un soir, elle demanda à son mari:
- Pourquoi y a-t-il ici une telle sécheresse, cher Jinniu?
- Et, soupira Jiniu, c'est le crime du vieux Roi Dragon de la mer Méridionale!
- Comment cela ?
- Cela remonte à mon enfance, ma mère a été enlevée par le vieux Roi Dragon. Je l'ai appris quand j'étais grand, et je me suis mis à le haïr à mort. Sous le coup de la colère, j'ai détruit son Temple au bord de la mer. Quand il l'a appris, le vieux Roi Dragon est immédiatement venu m'attraper. Il a tendu ses longues griffes, mais juste à ce moment, mon père est arrivé en courant pour me protéger. Par malheur, mon père à été griffé sur le dos. Le vieux Roi Dragon a juré de ne pas laisser tomber la pluie pendant trois ans, de sorte que les êtres de la région meurent de soif. Depuis, mon père souffre de gale et les habitants de la région, de la sécheresse.
Jinniu continua après une pause :
N'en parlons plus. Si le vieux Roi Dragon nous en veut, les gens ne peuvent plus vivre.


En apprenant tout cela, la Princesse dit, rouge de honte:
- Pour te dire la vérité, Jinniu, je suis la Princesse Anbo, la fille du vieux Roi Dragon. Et je ne m'attendais pas à ce que mon père, Son Altesse, soit tellement méchant! Entendant cela, Jinniu ouvrit de grands yeux et dit avec colère à la Princesse Anbo:
- Mon pire ennemi, c'est le vieux Roi Dragon! Comment puis-je avoir sa fille pour épouse? D'ailleurs, on ne voudra plus te voir quand on le saura. Va-t-en immédiatement!
Cela dit, il tira la Princesse Anbo du "kang", la poussa hors de la chambre et ferma la porte. Malgré toutes ses supplications; la Princesse Anbo n'eut plus qu'à retourner en pleurant dans la mer.

Un jour dans le ciel égalait un an sur la terre. Lorsque la Princesse Anbo rentra au Palais de Dragon, le vieux Roi Dragon n'y était pas encore revenu. A son entrée dans la chambre de sa nourrice, elle se jeta d'un coup dans les bras de sa nourrice, la voix étranglée de sanglots, et dit:
- Belle-mère!
- Qu'as-tu, Princesse? lui demanda la nourrice avec surprise.
Tout en pleurant, la Princesse lui raconta tout ce qui s'était passé sur la terre: comment elle s'était mariée avec Jinniu et pourquoi ce dernier l'avait chassée de chez eux.
Comme la nourrice était triste, en entendant tout cela!
A la pensée de la sécheresse qui régnait sur la terre et de son mari qui souffrait de maladie, elle ne put retenir ses larmes et dit:
- Il y a un moyen de sauver la terre de la sécheresse et de guérir la maladie de ton beau-père, mais il faut courir un grand risque.
- Pour sauver le monde de la sécheresse et guérir la maladie de mon beau-père, je n'ai peur de rien.
Sa nourrice lui dit à voix basse:
- Sur le lit de ton père, Son Altesse, sont accrochées deux bouteilles d'eau précieuse, l'une est remplie d'eau froide, qui peut rendre la vie à tous les agonisants, et l'autre d'eau chaude, qui peut vaincre les catastrophes et les maladies. Si on les apporte dans le monde, la sécheresse disparaîtra et ton beau-père guérira, mais si ton père, Son Altesse, arrête la personne qui vole les deux trésors, il l'enverra dans l'enfer le plus profond et le malheureux ne verra plus le jour de toute sa vie.


La Princesse Anbo enleva de sa tête une perle, la donna à sa nourrice et la laissa retourner dans le monde pour qu'elle retrouvât sa famille.
- Et toi? Que vas-tu faire? demanda la nourrice, dont la joie et les larmes se mêlaient. -Sois tranquille, belle-mère, je vais te rejoindre, répondit la Princesse Anbo.

Après le départ de sa nourrice, la Princesse Anbo vola les deux trésors et se retrouva d'un bond dans les airs au-dessus du mont Crête de Coq. Elle ouvrit d'abord la bouteille d'eau froide et la versa sur la terre. En un clin d'oeil, le vent souffla du sud, des nuages gris couvrirent le ciel, il y eut des éclairs, et il plut à torrents.
Lorsque la nourrice arriva à la maison, il faisait jour. A la vue de la pluie, elle comprit que la Princesse Anbo avait réussi à voler les trésors, alors, elle parla de tout cela à son mari et à son fils. Quand il apprit toute l'histoire, Jinniu se repentit beaucoup. Quittant à la hâte la maison, il courut sous la pluie, puis debout sur un gros rocher, il parcourut le ciel de son regard, en criant :
- Princesse Anbo, Princesse Anbo!
A ce moment-là, la pluie était suffisante. Entendant quelqu'un l'appeler d'en bas, la Princesse Anbo se dépêcha de fermer la bouteille, et tout de suite, les nuages gris disparurent et le beau temps revint.
D'un nuage coloré, elle regarda en bas:

La terre qui avait souffert de la sécheresse pendant longtemps se réjouissait de la pluie, les montagnes étaient devenues bleuâtres, les herbes vertes, les fleurs s'épanouissaient, les gens, sortis des maisons labouraient la terre avec leur buffle, et Jinniu lui faisait signe de la main. Bien émue, elle descendit immédiatement du ciel auprès de Jinniu. elle était tellement ravie qu'elle ne savait de quoi parler.

C'est juste à ce moment-là que le vieux Roi Dragon s'en revint du banquet des pêches. Apprenant que la Princesse avait pris la fuite avec les bouteilles d'eau précieuse, le vieux Roi Dragon, le corps tremblant de colère, bondit sur un nuage sombre et se trouva dans les airs.


La Princesse Anbo, jetant un coup d'oeil vers le ciel, dit à la hâte à son mari :
- Mon chéri, j'espère honnêtement que nous pourrons vivre ensemble durant toute la vie. Mais impossible, mon père, son Altesse, vient m'attraper. Va-t-en vite, sinon, il nous jettera, tous les deux, dans l'enfer le plus profond, va-t-en! La serrant de toutes ses forces dans ses bras, Jinniu cria:
- Non, on est ensemble pour la vie et pour la mort.

A la vue de cela, le vieux Roi Dragon se fâcha tout rouge. Avec ses griffes, il se saisit de Jinniu et le lança au loin. Il secoua la queue et une large fente s'ouvrit dans un bruit de tonnerres au pied du mont Crête de Coq. Et elle se referma avec un bruit effroyable, quand le vieux Roi Dragon y eut jeté la Princesse Anbo. Le vieux Roi Dragon était tellement fâché qu'il replongea dans la mer sans remporter ses bouteilles.

Voyant que la Princesse Anbo était sous la montagne, Jinniu souffrit comme si on lui déchirait le coeur. En pleurant, il creusa la terre à l'endroit où s'était refermée la grande fente. Il travailla sans arrêt pendant trois jours et trois nuits, et il finit par avoir une fosse profonde et large. Malgré les courbatures et les blessures, Jinniu n'arriva pas à sauver la Princesse Anbo.

Sous la montagne, la Princesse Anbo, inquiète pour son mari, décida d'en sortir. Elle ouvrit la bouteille d'eau chaude, un torrent chaud jaillit du goulot de la bouteille avec un grand bruit et sortit exactement par la fosse que Jinniu avait creusée. En un instant, cela fit un coude bouillonnant et dégageant de la vapeur. L'eau chaude jaillit sans interruption, et quand le coude en fut rempli, elle coula dans le ruisseau à côté.

Jinniu n'avait pas plutôt lavé se mains avec cette eau chaude que ses blessures se cicatrisèrent. Comprenant par là que c'était la Princesse Anbo qui faisait jaillir cette eau précieuse, il s'en retourna chez lui, les larmes aux yeux.

Puis sa mère et lui emmenèrent son père se baigner dans cet étang. Il ne s'y était baigné que quelque fois, que la gale qui lui couvrait le corps était complètement guérie.

Depuis lors, comme cela se transmit de bouche à oreille, les victimes de maladies de peau y vinrent des régions proches ou lointaines s'y baigner et ils furent guéris, le uns après les autres. Plus tard, on donna à ce coude, en mémoire de la Princesse bienveillante, le nom d'Anbotang.

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