La légende de Meidan


A l'ouest du bourg de Xuanping, dans le district de Wuyi, se dresse une montagne nommée le mont des Cinq Dragons, sur laquelle poussent des bambous fins et des bois denses, des herbes sauvages et des fleurs parfumées; des sentiers la parcourent en zigzag; dans les vallées, l'eau des sources coule vers le ruisseau Hu. Pourtant, au sommet des Cinq Cimes, il ne pousse aucun bois ou bambou, seule une couche de verveine officinale s'y étale, verte au printemps et en été, jaune en automne et en hiver.

  Chose curieuse, une des cimes nommée Meidan au centre est si haute qu'elle a l'air de vouloir percer le ciel. la légende raconte que dans l'antiquité, cet endroit était un lac nommé lac des Eaux Blanches. Chaque année, le jour où commençait l'été, l'eau de ce lac montait si violemment que les inondations détruisaient les champs fertiles et noyaient beaucoup de gens et d'animaux domestiques.

En automne et en hiver au contraire, il n'y avait pas là une seule goutte d'eau, et le fond du lac était si sec qu'il se fendait. Pour arroser les légumes, on devait aller chercher de l'eau en des endroits très éloignés. Eprouvant une haine mortelle pour ce lac, le peuple priait le ciel de le remblayer.

Sur la rive orientale du lac, vivait une jeune fille nommée Meidan. Un jour, comme ses parents avaient été emportés par les inondations, elle fit des centaines d'allers et retours autour du lac, mais sans jamais pouvoir retrouver leurs cadavres.

Le coeur brisé, elle tomba assise par terre, et très affligée, pleura à gros sanglots, le visage dans les mains.
Soudain, elle entendit un cri de douleur. Levant la tête, elle vit un loup qui avait saisi dans sa gueule la patte arrière d'un petit daim. Elle cria d'horreur. Effrayé, le loup lâcha prise et s'enfuit. Meidan pansa avec de l'étoffe la patte du petit animal et lui dit :
- Rentre chez toi auprès de tes parents!
Le daim allongea un peu ses pattes et se mit à parler :
- Tu m'as sauvé la vie, alors si tu as des difficultés, va au bord de la mer Orientale et cherche un figuier banian millénaire à quatre branches; il te suffira de frapper trois fois son tronc avec la main et d'appeler trois fois en direction de la mer: "Dragon noir".

Le premier jour de l'été allait arriver, les villageois apeurés se préparaient à fuir les calamités. A ce moment là, les paroles du petit daim revinrent à l'esprit de la jeune fille Meidan. Courant alors au bord de la mer Orientale, elle trouva en effet un figuier banian millénaire à quatre branches. Elle frappa trois fois le tronc, et cria en direction de la mer :-Dragon noir! Dragon noir! Dragon noir!

A ces trois cris, un beau garçon se dressa hors de l'eau et lui fit signe de la main. Elle vit l'eau de la mer s'ouvrir en un chemin vert. A peine fut-elle descendue sur le chemin qu'un coup de vent léger la fit voler.
Un instant après, elle tomba devant la porte d'un Palais splendide; le Roi Dragon et ses quatre fils l'accueillirent, debout sur le perron. Dragon noir lui prit la main et la conduisit dans le Palais. Le Roi Dragon lui dit :
-Fille Meidan, tu as sauvé mon fils cadet Dragon noir, tu es le sauveur de notre famille. Quoi que tu désires, tu n'as qu'à me le dire, je te le donnerai.
- Je n'ai ni parents, ni frères, ni soeur, dit-elle, je viens seulement pour...
- C'est facile! rayonnant de joie, le Roi Dragon lui coupa la parole. Si tu veux, je te prends pour fille adoptive, tu auras ainsi des parents, frères et soeurs!
Tout de suite, le Roi Dragon fit venir la reine, ses fils et ses filles pour les présenter à Meidan. Il prit un verre de vin et but un peu, puis passa le verre à la reine, à ses fils et filles, pour qu'ils en boivent un peu, enfin à Meidan qui finit le verre. C'est ainsi que Meidan devint fille adoptive du Roi Dragon.

Meidan, qui menait une bonne vie dans le Palais, oubliait peu à peu le monde humain. Un jour, alors qu'elle jouait avec ses frères et soeurs dans la mer, elle vit un grand poisson avec une jambe humaine dans la gueule et ne put s'empêcher de demander :
- D'où vient cette jambe humaine?
- Elle vient du lac des Eaux Blanches, lui répondit Dragon noir. A leur arrivée ici, les cadavres des êtres humains noyés par les inondations ne sont plus entiers.
Sous le coup de la stupéfaction, le souvenir des inondations lui revint. Meidan éclata en sanglots, et les consolations de ses frères et soeurs ne réussirent pas à la calmer. Enfin, Dragon noir dit en prenant les mains de la jeune fille qui couvraient son visage :
- Soeur, dis-nous ce que tu as sur le coeur, nous t'aiderons.

Affligée, Meidan, en essuyant ses larmes, leur raconta que les inondations causées chaque année par le lac des Eaux Blanches avaient détruit les champs et noyé ses parents et beaucoup de villageois, ainsi que les animaux domestiques. Elle demanda à ses frères et soeurs de boire toute l'eau du lac et de le combler avec des pierres.
  A ces paroles, les frères et soeurs de Dragon noir, croyant que ce serait très facile à faire, allèrent demander au Roi Dragon. Mais celui-ci ne fut pas d'accord et dit :
- L'eau du lac des Eaux Blanches est préparée pour l'étang de Jade de la Reine Mère céleste. Chaque année, le jour où commence l'été, la Reine Mère envoie des divins verser de l'eau dans le lac pour le laver, puis on va y puiser de l'eau propre chaque jour, et à l'automne, toute l'eau est transportée dans l'étang de Jade. Si vous buvez l'eau et comblez le lac avec des pierres, vous violerez la loi céleste!
En aucune façon, le Roi Dragon ne voulait donner sa permission. Meidan rentra dans sa chambre et pleura à chaudes larmes.

Voyant que Meidan avait le coeur navré, Dragon noir alla discuter avec ses frères aînés. Les frères vinrent dans la chambre de Meidan et dirent :
- La Reine Mère nuit toujours aux êtres humains, nous devons aller les sauver sans tenir compte de la loi céleste. Demain, nous nous lèverons très tôt pour y aller, et après avoir comblé le lac, nous reviendrons vite.
Le lendemain, à l'aube, Meidan et les quatre frères arrivèrent dans la région du lac. C'était juste le jour du commencement de l'été, l'eau dans le lac était montée très haut; et riverains, vieillards et enfants, femmes et hommes avaient dû se sauver vers des endroits élevés en conduisant les bêtes.
Voyant cela, Meidan cria à haute voix :
- Oncles, tantes et belles-soeurs, nous sommes venus pour combler le lac des Eaux Blanches!

Levant la tête, les villageois virent Meidan et quatre Dragons arriver en volant, et les accueillirent avec joie. Les quatre Dragons déployèrent leurs talents et burent toute l'eau. 
Un instant après, le fond du lac apparut. Puis ils apportèrent des pierres des montagnes lointaines et les jettèrent dans le lac. Mais, une fois tombées dans le lac, les pierres devinrent de la boue. Les villageois apportèrent alors des vases de nuit et versèrent l'urine sur la boue.

L'eau magique perdit de ce fait ses propriétés et les pierres réapparurent. Pourtant, juste au moment où Meidan et ses frères s'affairaient, le dieu de la Montagne alla rapporter l'affaire à l'Empereur Céleste de Jade.

La Reine Mère, bouillant de colère, envoya des dieux les arrêter. Mais à leur arrivée, le lac était déjà comblé. Alors ils lancèrent 36 épées vers Meidan et les quatre frères et les tuèrent. D'un saut, Meidan serra les frères dans ses bras pour qu'ils ne tombassent pas. Peu à peu, ils se transformèrent en une montagne.

Plus tard, on y édifia un Palais magnifique de Cinq Dragons où l'on offrait des prières et des sacrifices quotidiens. On ne construisit plus dans cette région de temple ni à l'intention des dieux, ni de l'Empereur Céleste de Jade ni de la Reine Mère.

Sur ce mont des cinq Dragons, la cime Meidan est la plus haute. Bien qu'ils aient été battus par la Reine Mère, ils ne sont pas morts. Voyez, au printemps et en été, quand il pleut beaucoup, ils attirent l'eau au sommet du mont pour que les herbes y soient verdoyantes; en automne et en hiver, quand il pleut peu et qu'on a besoin d'eau pour arroser les légumes, ils font tomber l'eau au pied du mont, et les herbes du sommet se dessèchent.

Quant à Meidan, qui dresse haut sa tête dans les nuages, elle porte des habits blancs, quand elle voit qu'il pleuvra, et se coiffe d'une couche de nuages, quand il va faire beau. Peu à peu, on se mit à appeler cette cime "la Fille Dragon Meidan".

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