La légende chinoise de la Montagne de la Terrasse céleste


Selon la légende, la Montagne de la Terrasse céleste est un lotus formé d'écailles de Dragon. Ses 72 sommets représentent les pétales de la fleur, dont le pic ("le Faîte Hua") qui s'élance vers les nuages au milieu de ces cimes est la corolle.
  Il y a bien longtemps, lorsque la montagne de la Terrasse céleste n'existait pas encore, il y avait à sa place un océan immense. Les proverbes disent :
"Sur la mer calme peuvent surgir des vagues hautes de plusieurs mètres";
"Le tigre déchaîne le vent, et le Dragon la pluie."

Les pêcheurs se trouvent donc toujours dans l'angoisse même si la mer est calme, car on ne peut jamais dire quand va souffler une tempête.

le Roi Dragon de la mer Orientale faisait de temps en temps avec ses neuf fils des tournées pour commander aux nuages de faire tomber la pluie. C'est toujours à ce moment que le ciel se couvrait de nuages noirs, que le vent commençait à hurler et que des vagues hautes comme des collines s'élevaient.

Si par malheur une tempête s'abattait sur des pêcheurs sans qu'ils puissent y échapper, cela causait immanquablement des naufrages et des victimes. C'est pourquoi les rivages étaient parsemés d'innombrables tombeaux et des cris déchirants s'entendaient de très loin...

Mais les neuf fils du Roi Dragon étaient tous compatissants et généreux. Chaque fois qu'ils voyaient des bateaux se renverser et des gens se noyer lorsqu'ils s'acquittaient de leurs fonctions, l'inquiétude leur mordait le coeur. Le dernier-né surtout, qui était d'une nature honnête, en souffrait beaucoup.

Ce jour là, c'était à son tour de déchaîner les nuages et la pluie. D'un coup sec, il agita la queue, et tout de suite le tonnerre commença à gronder, un éclair déchira le ciel, le vent souleva de grosses vagues. A la lueur de l'éclair, le fils-Dragon vit un bateau se débattre dans les flots et risquer de sombrer.

Il s'élança d'un bond dans l'intention de s'éloigner de la mer, pour donner ainsi une chance au bateau. Mais ce fut trop tard, les flots précipitèrent celui-ci contre un rocher, et il se brisa immédiatement en mille morceaux.



De retour chez lui, le petit Dragon avait l'air très soucieux :
- Qu'est ce qui te rend si triste? lui demandèrent ses frères. - Frères, chaque fois que l'on sort commander les nuages et la pluie, soulever les vagues et la tempête, il y a toujours des morts en quantité. Aujourd'hui, j'ai encore renversé par négligence un bateau, se lamenta le petit Dragon.
-Mon petit frère, c'est sur l'ordre de l'Empereur Céleste de Jade que nous faisons notre tournée et on ne peut pas lui désobéir, dit l'aîné.
- Mais on peut trouver malgré tout un moyen de remplir notre tâche, sans pourtant faire mourir des gens, dit le petit.
Ce soir là, il passa une nuit blanche.

Le lendemain matin, l'aube avait à peine blanchi le ciel qu'il avait rassemblé ses huit frères et leur avait dit:
- J'ai une bonne idée.
- Vas-y, dis-la, le pressent ses frères.
- Chacun de nous va décoller de son corps huit écailles qui formeront un lotus et l'on mettra cette fleur sur la mer; les pêcheurs et leur bateau pourront s'y réfugier en cas de tempête.
Les frères furent tous d'accord avec leur cadet. Ils s'arrachèrent chacun huit écailles, ce qui les fit beaucoup souffrir. Les soixantes douze écailles se métamorphosèrent en un immense lotus.
D
epuis lors, cette fleur flottait sur la mer nuit et jour et les pêcheurs et matelots n'avaient plus peur du vent ni de la mer. Malheureusement, le Reine Mère apprit cette nouvelle. Très jalouse, elle ne put pas supporter que d'autres aient quelque chose de plus joli qu'elle; d'ailleurs c'était vraiment là un lotus peu commun qu'on voyait très rarement même dans le Palais céleste.

Elle fit donc enlever cette fleur, la planta dans son étang du Jardin aux Pêches immortelles, et jeta les neuf Dragons dans la prison céleste sous prétexte qu'ils avaient violé la loi du ciel.


Les pêcheurs retombèrent alors dans la misère. Les cris plaintifs des victimes arrivèrent à nouveau aux oreilles des fils Dragons et leur déchirèrent le coeur. Mais ils n'arrivaient pas à se débarrasser des chaînes magiques.

  Ce jour là, les deux gardiennes, la Fée-la-pêche-rouge et la Fée-la-pêche-verte entendirent claquer la serrure d'or de la prison. C'est le petit Dragon qui s'était mis en colère. Voyant arriver les deux gardiennes, il les supplia :
- Mes bonnes soeurs, soyez gentilles de nous laisser sortir s'il vous plaît.
- Non, c'est impossible. Vous devriez savoir combien puissante est la loi du ciel; on risque d'être condamné à mort si on lui désobéit.
- Mais n'avez-vous jamais pensé aux êtres humains qui souffrent et qui mènent une vie misérable ?

A ces mots, les deux fées couvertes de honte gardèrent le silence. Au fond de leur coeur, elles étaient mécontentes de ce qu'avait fait la Reine Mère, et étaient pénétrées d'admiration pour l'attitude des fils Dragons qui, pour sauver la vie des gens, s'étaient arrachés des écailles sans se soucier de leur propre destin. Et que feraient-elles alors?
Après quelques minutes de discussion, elles décidèrent de laisser échapper les neuf Dragons de la prison et de rendre le lotus aux humains même si cela leur vaudrait d'être punies. Enfin, avec leur aide, les Dragons furent déliés de leurs chaînes et regagnèrent la mer Orientale en emportant leur fleur.


Un certain temps après, la Reine Mère se rendit compte que son lotus avait disparu et entra en fureur. Elle rassembla immédiatement ses gardes et généraux célestes et ordonna aux neuf Dragons de rendre immédiatement la fleur, sinon, ils seraient punis.
  Les Dragons refusèrent tout net. Alors un combat s'engagea. Il dura du matin au soir, les Dragons se battaient de plus en plus courageusement contre les gardes et généraux du Ciel de plus en plus nombreux, mais la lutte restait indécise.

La Reine Mère appela donc le dieu de Vénus et lui confia le décret de l'Empereur Céleste de Jade: Ordre y était donné que les neuf frères s'arrêtent de se battre et se rendent au Palais céleste pour avouer leur crime...

Les Dragons refusèrent. Alors, l'immortel, la main haut levée, jeta en l'air quelques feuilles de papier sur lesquelles était écrite la volonté de l'Empereur Céleste de Jade. Elles flottèrent en l'air puis tombèrent sur le lotus; après avoir fait trois tours, elles se métamorphosèrent soudain en un rideau immense qui couvrait exactement la fleur fantastique.

A cette vue, les neuf frères abandonnèrent les gardes et les généraux pour se précipiter vers leur fleur. Mais d'un bruit sec, un éclair rouge très brillant leur fit fermer involontairement les yeux. Profitant de l'occasion, les gardes et généraux célestes s'approchèrent des Dragons et les attachèrent avec des chaînes.

Quand ils rouvrirent les yeux, le lotus et la mer avaient disparu, remplacés par une montagne en forme de lotus. La cime la plus haute ressemblait à la corolle de la fleur et les 72 cimes qui l'entouraient en étaient les pétales. Comme la cime donnait sur les trois astres, on l'appelait la montagne de la Terrasse céleste.
La Reine Mère, qui gardait toujours de la rancune contre les neuf Dragons et les deux fées, fit jeter les Dragons dans les gouffres orientaux de la montagne, et fit chasser les deux fées dans la grotte aux Pêches pour y planter les "herbes magiques".

Si vous escaladez aujourd'hui la montagne de la Terrasse céleste, vous pourrez du sommet, voir ces neuf gouffres aux Dragons.

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