La légende de Yu au pays des nains

Au delà des mers du Sud, à mille lieues du pays de Yu, s'étendait le pays des nains.
 
Un jour, fatigué d'un long voyage, Yu se coucha sur une plage et s'endormit. Lorsqu'il se réveilla, il aperçut des petites créatures évoluer autour de lui. C'étaient des nains de quelques dix centimètres de haut. Comme Yu, ils portaient des vêtements et étaient coiffés d'un bonnet; seule leur petite taille les différenciait des êtres humains. 

Yu les observa avec intérêt sans bouger. Un groupe de nains grimpa sur ses bras et ses jambes. Certains montaient des chevaux pas plus grands que des grenouilles, d'autres avaient des chiens de chasse de la taille d'un grillon.

Soudain, un nain plus téméraire que les autres, s'approcha de son nez. Yu était toujours couché et son nez était le point culminant de son corps. Chevauchant un fier coursier, le nain escalada bravement le nez de Yu. Un drapeau dans une main, un arc dans l'autre, il cria quelque chose. Malheureusement, sa voix était trop faible pour que Yu pût l'entendre clairement.

Arrivé au sommet du nez, il tenta de planter son drapeau dans une des narines pour bien montrer qu'il était arrivé là le premier. Yu sentit son nez le démanger, il éternua bruyamment en s'asseyant sur son séant. Tous les nains qui paradaient sur lui furent projetés à terre avec armes et chevaux.

Yu avait entendu parler du pays des nains. Malgré leur petite taille, les habitants de ce pays étaient intelligents, honnêtes et habiles, ils savaient fabriquer toutes sortes d'instruments. Leur pays était prospère. Sous le règne de l'Empereur Yao, ils envoyèrent un émissaire spécial offrir au souverain "une flèche sans plume". Dans l'antiquité, l'aileron des flèches était toujours en plume. On ne sait comment cette flèche fut fabriquée, mais il devait s'agir d'une invention habile si l'on en juge par l'éloge qu'en fit l'Empereur Yao.

L'ennemi mortel des nains était la grue blanche. A l'approche des moissons, lorsque les épis étaient bien mûrs, des nuées de grues s'abattaient sur le pays, mangeaient les récoltes laborieusement plantées et attaquaient même les nains.

Informé de cette situation, l'Empereur Yao envoya des gens du pays de Daqin les aider. Les habitants de Daqin étaient aussi des géants, mesurant plus de 30 mètres de haut. A l'approche des moissons, les géants venaient surveiller les récoltes et chasser les grues blanches. La vie des nains fut assurée et ils vouèrent une grande reconnaissance à l'Empereur Yao.

D'autres pays de nains existaient outre-mer, comme le Pays des Cigognes, dans les mers occidentales où vivaient des hommes et des femmes hauts d'une vingtaine de centimètres.

C'était un pays très civilisé où chacun traitait les autres avec politesse. Tout le monde savait lire et écrire. Chaque vieillard jouissait de la même déférence que le Roi, comme dans les peuplades de la Chine Antique.
Malgré leur petite taille, ils marchaient plus vite que le vent, pouvant parcourir mille "li" par jour. Ils vivaient très vieux, certains jusqu'à 300 ans.

Leur seul ennemi était la cigogne. Les cigognes sont de grands oiseaux aux yeux perçants, aux ailes immenses qui les avalaient d'un seul coup. Mais, chose étrange, ces nains restaient vivants dans le ventre des cigognes.

On raconte qu'un jour, des chasseurs tuèrent une cigogne. Quand on ouvrit son ventre, on y trouva des nains vivants. C'est ainsi qu'on les appela les Hommes Cigognes et leur pays, le Pays des Cigognes.

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