En Chine, parfum et encens sont désignés par le même caractère : Xiang (Hsiang ou
Hiang). L’encens a toujours eu un rôle fondamentale dans la spiritualité et la
magie chinoise. L’importance de cette substance aromatique que l’on brûlait
rituellement depuis des millénaires était telle que ce caractère représente
encore une des clés, essentielles de l’écriture chinoise classique.
Sous sa
forme très ancienne, ce caractère représentait une bouche, donc la capacité de
s’exprimer, de communiquer, surmontée d’une plante, ou d’un petit arbre,
produisant une pluie de gouttelettes de lait... Xiang représente donc
littéralement, en chinois ancien, " la sève qui permet la communication ". Ce
même caractère désigne également le parfum de la vertu, la bonne renommée, le
bon exemple.
Par extension il représente donc aussi ce qui a trait au culte, aux
temples et aux monastères et désigne, finalement, l’épithète bouddhique. C’est
dire la bonne réputation de l’encens en Chine et, par contrecoup, dans tout
l’Extrême-Orient.. Xiang est l’un des qualificatifs les plus élogieux que l’on
puisse employer... puisqu’il évoque irrésistiblement l’odeur de sainteté.
Que ce soit dans la
littérature classique ou en poésie il permet tout simplement d’encenser le
sujet... Le Maître Kongzi (Confucius) en parlant d’un gouvernement idéal
affirme, par exemple, " qu’il doit exhaler une senteur d’encens ". Xiang Yen,
beauté d’encens, désigne, dans le Livre des Odes, la bien aimée lointaine à
laquelle rêve l’officier en campagne. L’ancien joyau de la couronne britannique,
Hong Kong, se dit, en réalité Xiang Gang... le Port de l’Encens. C’est dire que
le lieu était désigné comme des plus favorables par les géomanciens chinois.
A Hong Kong, comme
ailleurs en Chine, il convient rituellement de brûler de l’encens, dans les
temples, fussent-ils Bouddhistes, Confucianistes ou Taoïstes le quinzième jour
de la huitième lune en l’honneur des Esprits du Ciel et le trentième jour de la
septième lune en l’honneur des Esprits de la Terre. A vrai dire, pour satisfaire
ces Esprits, donc les trente six mille divinités du Panthéon chinois, il
convient de brûler de l’encens tous les jours chez soi et au moins une fois par
mois au Temple.
Une histoire ancienne
relate le fait qu’un pèlerin fort dévot souhaitait que le Bouddha, afin de
l’exaucer, ne puisse respirer que l’encens d’excellente qualité qu’il venait
d’acheter à prix d’or. Il confectionna donc un cône en papier afin d’amener les
volutes sous le nez du Saint Homme. Ainsi, celui-ci, pensait-il, éviterait
d’inhaler les imitations d’encens bon marché habituellement utilisés par les
braves gens moins fortunés que lui. Le Bouddha ne pouvait que lui être
reconnaissant de cette mansuétude. Il revint le lendemain et fut horrifié de
constater que la fumée, trop habilement dirigée, avait noircie le nez de la statue. En voulant le nettoyer il grimpa sur le socle et la
statue se renversa et se brisa en mille morceaux. Il fut emmené par les
villageois furieux devant le juge qui ordonna, devant un tel geste impie, qu’il
soit largement bastonné, comme un mécréant, et condamné à remplacer la fameuse
statue. Il en conclut avec sagesse que le mieux est toujours l’ennemi du bien...
ce qui se dit proverbialement depuis " Noircir le nez du Bouddha ".
De nos jours, de
nombreux praticiens de magie taoïste utilisent l’encens comme une composante
essentielle des rituels. On utilise ainsi par exemple l'arôme du jasmin pour
faciliter l'accouchement. Le jasmin est souvent associé à la féminité, dû à sa
fragrance, et a souvent été utilisé pour des rituels d'amour. De même, Le camphre de Chine, est utilisé pour son pouvoir de
purification et de détachement des pulsions vitales.
Certains encens
servent également à repousser ou conjurer les esprits bénéfiques ou maléfiques.
Ces rituels de conuration ou d’abjuration sont encore pratiqués par les sorciers
Fatsi, qui utilisent également l’encens lors des rituels d’exorcisme.
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