Petits contes traditionnels chinois (2ème partie)

Voici la suite des petits contes traditionnels chinois, qui font partie intégrante du folklore de la culture chinoise et se transmettent de parents à enfants :

Un Fils pleure sa Mère

Deux familles habitent la même cour. Celle dont les pavillons donnent sur l'Est se trouve en plein deuil: La mère vient de mourir. Son fils pleure mais sans grand chagrin. Chez les voisins du pavillon Ouest, le fils dit alors à sa mère:
- Te voilà très vieille maman, il est temps de te dépêcher de mourir. Je jure de te pleurer à grands flots de larmes.
Un fils qui souhaite la mort de sa mère est-il capable de la pleurer?...
L'Aveugle et le Boiteux

Un boiteux et un aveugle vivaient ensemble.
Des bandits survinrent à l'improviste.
Le boiteux en avertit l'aveugle qui s'enfuit en prenant son ami sur le dos. S'ils avaient pu ainsi se sauver mutuellement la vie, ils le devaient à leur collaboration parfaite dans laquelle les capacités de chacun furent pleinement utilisées.

La Place d'Honneur

Un homme avait sa cheminée construite toute droite et, lorsqu'on préparait les repas, flammes et étincelles sortaient du fourneau. De plus, il avait placé ses fagots juste devant le foyer. Un vieux voisin lui fit cette remarque :
- Vous avez là une cheminée qu'il vous faut reconstruire d'urgence. Donnez-lui un détour pour que les flammes ne reviennent pas ainsi, et puis pourquoi mettez-vous devant le foyer un tas de branchages, qui ne manquera pas de s'enflammer à la première occasion; il faut le déplacer au plus vite.

Mais notre homme n'en eut cure. Un jour, des étincelles tombèrent sur les branchages et provoquèrent un incendie qui faillit brûler la maison. Grâce au secours des voisins accourus aussitôt, l'incendie fut vite maîtrisé.
Le propriétaire de la maison sinistrée offrit un grand dîner à tous ceux qui lui avaient prêté la main. Il tenait à mettre à la place d'honneur ceux qui, au cours de la lutte contre le feu, avaient été blessés, mais il ne pensa absolument pas à inviter le vieil homme qui l'avait mis en garde contre le mauvais tirage de la cheminée.

Au moment où l'on se mettait à table l'un des convives, homme éclairé, se leva et dit :
- Si vous aviez prêté attention à ce que vous disait votre voisin - faire reconstruire la cheminée et déplacer le tas de branchages - il n'y aurait jamais eu d'incendie. Vous faites bien de récompenser d'un repas tous ceux qui vous ont secouru mais, à mon avis, il manque parmi nous celui qui vous a averti contre le danger, pourquoi ne l'avez-vous pas invité? C'est lui qui doit occuper la place d'honneur.
Le Roi Dragon devenu Poisson

Le Roi Dragon prit la forme d'un poisson pour s'ébattre dans les eaux d'une rivière. Un pêcheur qui passait prit son arc et lui décocha une flèche qui l'atteignit à l'œil.
Remonté au ciel, le Roi Dragon porta plainte à l'Empereur Céleste.
Celui-ci l'interrogea :
- Au moment où le pêcheur vous décocha sa flèche, est-ce sous la forme d'un Dragon qu'il vous voyait?
- Non, à ce moment là, j'étais un poisson, répondit le Roi Dragon.
L'Empereur Céleste reprit :
- Si un pêcheur a vu un poisson et l'a visé de sa flèche, qu'avez-vous à lui reprocher?
Wang Hao

Wang Hao était d'une intelligence fort lente. Un jour, monté sur un cheval bai, il accompagnait à la guerre l'Empereur Web Xuan des Qi. La température devint glaciale pendant la nuit et, au matin, le cheval bai était couvert de givre. Wang Hao ordonna alors une battue pour retrouver son cheval, mais on revint bredouille. Lorsque le Soleil parut, le givre fondit et, se retournant Wang Hao s'exclama :
- Oh! Mais il était donc toujours là !
Le Puits

Un puits avait été foré au bord d'une route. Les voyageurs étaient heureux d'y puiser de l'eau pour étancher leur soif. Un jour, un homme s'y noya; dès lors, tout le monde se mit à blâmer celui qui avait foré le puits à cet emplacement.
Celui qui aimait l'Argent plus que sa Vie

Les gens de Yongzhou sont de très bons nageurs. Un jour, l'eau du Xiangchuan monta subitement; une barque transportant cinq ou six personnes chavira au milieu de la rivière. Faisant face au danger, les passagers nagèrent vers le rivage. L'un d'eux, bien que nageant de toutes ses forces, semblait ne pas avancer. Ses compagnons lui dirent :
- Tu es meilleur nageur que nous tous, pourquoi restes-tu en arrière ?
- J'ai mille sapèques attachés à ma ceiture, c'est lourd, dit-il.
- Pourquoi ne les jettes-tu pas ? lui dirent les autres. Il secoua la tête sans répondre, mais la fatigue l'envahissait.

Ceux qui avaient déjà gagné la rive lui criaient :
- Tu es trop bête, ne t'entête plus ! Tu vas te noyer ! Alors à quoi te servira cet argent ?
Il secoua de nouveau la tête. Peu après, l'eau l'engloutissait.
S'enfermer dans la Souricière

Durant la dynastie des Zhou, la ville de Dingzhou fut assiégée par les tartares; ils l'encerclèrent de plusieurs rangs de soldats. A la nouvelle du siège, Sun Yangao, le chef des magistrats de Dingzhou n'osa plus se rendre à la maison gouvernementale. Il s'enferma chez lui, fit cadenasser sa porte d'entrée et se fit passer par un petit guichet les documents officiels que l'on voulait lui soumettre.
Quand il apprit que les barbares montaient à l'assaut de la muraille d'enceinte de la ville, Sun Yangao se fit enfermer dans une armoire.
- Gardez bien la clé, recommanda-t-il à ses domestiques et, si ces bandits vous la demandent, surtout ne la leur donnez pas!


L'Homme Compatissant

Une fois, un homme prit une tortue. Il voulait en faire de la soupe, mais il ne voulait pas qu'on pût dire qu'il avait tué un être vivant. Il alluma son feu et fit bouillir de l'eau dans une marmite. Ensuite, il posa une perche de bambou au-dessus de la marmite en guise de pont et fit à la tortue une promesse perfide:
- Si tu arrives à traverser ce pont, je te laisserai partir librement.

La tortue ne fut pas dupe du piège qu'on lui tendait. Elle ne voulait pas mourir. Aussi, tendant toute sa volonté, elle accomplit l'impossible et traversa sans accident.
- A la bonne heure! Dit l'homme, mais maintenant retourne, je te prie, à ton point de départ que je voie mieux comment tu as réussi à faire cette traversée.
Les Filets à "Maille Unique"

L'expression courante dit:
"- Quand vous voyez des oiseaux approcher, préparer vos filets, car il suffit d'une maille pour prendre un oiseau." Il se trouva un homme qui, séduit par ce bon mot, fit des filets dont chacun n'avait qu'une maille; jamais il ne prit le moindre oiseau.
Le Cochon à Tête Blanche

Dans le pays du Liaodong tous les cochons sont noirs. Cependant, un éleveur eut la surprise de voir sa truie mettre bas un cochon à tête blanche. Tous les habitants s'en émerveillèrent et tinrent la chose pour un prodige. L'éleveur, encouragé par l'admiration générale, voulut présenter son cochon à la cour impériale. Mais en arrivant dans la région du Hedong il s'aperçu que là tous les cochons étaient à tête Blanche.
- Je ne suis qu'un sot. Se dit-il.
Et il rebroussa chemin en ramenant son cochon.
La Cigale, la Mante et le Moineau

Sur un arbre une cigale se régale de rosée tout en chantant, sans s'apercevoir que derrière elle une mante la guette. La mante, prête à saisir la cigale brandit, telle une paire de ciseaux, ses deux pattes de devant, mais elle n'a pas vu que derrière elle un moineau est à l'affût.
Le moineau bat des ailes et allonge le cou dans l'espoir d'attraper la mante, juste à ce moment-là un gamin prend son arc et vise le moineau.
La cigale, la mante et le moineau ont tous trois eu le grand tort de n'avoir d'yeux que pour leur proie sans se méfier des dangers qui les guettaient par derrière.
Le Hibou déménage

Un hibou voyageait vers l'Est. Fatigué, il s'arrêta dans un bois pour se reposer. Là, il rencontra une tourterelle qui elle aussi s'était arrêtée. A la vue du hibou qui semblait essoufflé, la tourterelle demanda :
- Où allez-vous? Vous semblez bien pressé. Le hibou répondit :
- Je déménage. Je vais vers l'Est pour trouver un nouveau logis.
La tourterelle reprit :
- Pourquoi voulez-vous vous en aller?
- Parce que les gens de l'Ouest me détestent, ils disent que ma voix est désagréable. Je ne peux plus y tenir, il faut absolument que je m'en aille.
- Puisqu'il en est ainsi, dit la tourterelle, votre déménagement ne résoudra rien. Où que vous alliez, vous rencontrerez le même accueil. Que ne changez-vous de voix au lieu de changer de demeure!
La Vertu de Patience

Un mandarin, sur le point de rejoindre son premier poste officiel, reçut la visite d'un très bon ami qui venait lui dire au revoir. - Sois patient surtout, lui recommanda son ami et tu ne rencontreras aucune difficulté dans tes fonctions.
Le mandarin dit qu'il s'en souviendrait.

Son ami lui répèta la même recommandation à trois reprises, et à chaque fois, le futur magistrat promit de suivre son conseil. Mais quand le même avis fut renouvelé une quatrième fois, il éclata:
- Tu me prends donc pour un imbécile? Voilà quatre fois que tu me répètes la même chose!
- Tu vois que ce n'est pas facile d'être patient:
Je n'ai fait que répéter mon conseil deux fois de plus qu'il ne convient et te voilà déjà en colère, soupira l'ami.
L'Homme qui avait peur des Esprits

Au sud de Xiashu vivait un homme nommé Juan Shuliang. Il était sot et extrêmement craintif. Comme il marchait sur une route par un beau clair de lune, en baissant la tête, il vit son ombre devant lui. Il s'imagina qu'un esprit malfaisant était couché à ses pieds. Levant les yeux, son regard rencontra deux mèches de ses cheveux et il crut qu'un démon se dressait derrière son dos.
Effrayé, il se retourna et fit le reste du parcours en marchant à reculons.
En arrivant à la maison, il s'écroula sur le sol et rendit l'âme.
La Guérison

Zhu était un célèbre médecin de l'état de Qin. Il avait opéré d'un abcès le roi Xuan, soigné les hémorroïdes du roi Huai. Il les avait tous deux guéris. Un certain sire Zhang, affligé d'une tumeur dans le dos, pria Zhu de bien vouloir le traiter.
- Maintenant ce dos n'est plus le mien, soignez-le absolument comme vous l'entendrez, docteur! Dit-il au praticien. Zhu le traita et le guérit.
Il est certain que Zhu excellait dans l'art de guérir, mais la pleine confiance que Zhang lui témoigna compta aussi dans cette guérison.

Jouer de la Musique pour une Vache

Un jour, Kong Mingyi, le célèbre musicien, joua un morceau de musique classique devant une vache; celle-ci continua de brouter comme si de rien n'était.
"Ce n'est pas qu'elle n'entend pas, c'est que ma musique ne l'intéresse pas" se dit le musicien. Il se mit alors à imiter sur son zheng le vrombissement des mouches et le meuglement des petits veaux. Aussitôt la vache dressa l'oreille, balança sa queue et s'approcha du musicien pour écouter jusqu'au bout cette musique qui, cette fois, lui disait quelque chose.

Le Mouton revêtu de la Peau d'un Tigre

Un mouton avait revêtu la peau d'un tigre. Tout en se pavanant fièrement, il poussait des bêlements joyeux lorsqu'il voyait de l'herbe tendre.
Tout à coup, apercevant un loup venir au loin, il se mit à trembler comme une feuille. Il oubliait qu'il était sous la peau d'un tigre.


La Bécassine et la Palourde

Sur la plage, une grosse palourde entr'ouvre sa coquille pour s'exposer aux rayons du Soleil. Une bécassine vient à passer, allonge son bec, voulant goûter à la chair savoureuse du mollusque, lequel aussitôt se referme. Le bec se trouve pris et l'oiseau, pour se dégager, s'épuise en efforts inutiles.
De son côté, la palourde, pendue au bout du bec ne peut s'en aller.
Et toutes deux restent là, immobilisées. Elles en viennent à susurrer leur dispute.
L'échassier dit:
- S'il ne pleut ni aujourd'hui ni demain, il y aura pour sûr une palourde de morte.
La palourde réplique:
- Si je ne lâche pas ce bec ni aujourd'hui ni demain, il y aura pour sûr une bécassine de morte.
C'est ainsi que se poursuit leur querelle sans que ni l'une ni l'autre ne consente à céder. Mais voilà que survient un pêcheur, qui, sans plus de peine, les ramasse et les emporte.
Un Docteur es lettres achete un Ane

Un docteur ès lettres avait acheté un âne et fut chargé de rédiger l'acte de vente. Après avoir couvert de caractères trois pages entières, il n'avait pas encore écrit le mot "âne".
La Sentinelle

Dans chaque bande d'oies sauvages, c'est la plus petite et la plus vive qui remplit la fonction de sentinelle la nuit pendant que ses soeurs reposent. Elle se tient sur ses gardes et, au moindre bruit, elle lance un cri strident d'alarme et la bande s'envole alors dans un grand bruissement d'ailes. A la longue, les chasseurs conçurent un plan pour déjouer la vigilance de la sentinelle. Ils repérèrent d'abord l'endroit où les oies sauvages s'arrêtent; puis ils étalèrent un énorme filet et se cachèrent dans des replis de terrain aux alentours.
A la tombée de la nuit, les oies s'installèrent pour dormir. Les chasseurs, au milieu de la nuit, allumèrent des torches.

Aussitôt la sentinelle lança l'alarme. Les chasseurs éteignirent leurs torches. Les oies sauvages, le premier émoi passé, ne voyant aucune trace de danger, ne tardèrent pas à se rendormir.
Trois fois les chasseurs recommencèrent leur jeu, trois fois la sentinelle donna l'alarme, trois fois ses compagnes, réveillées en sursaut, ne découvrirent aucun indice de danger:
Alors, elles jugèrent que la sentinelle ne connaissait pas son affaire, avant d'aller se rendormir une troisième fois elles lui donnèrent de grands coups de bec.
Après un moment d'attente, les chasseurs rallumèrent leurs torches. Cette fois, la sentinelle se tient coite. Dans le silence, les chasseurs s'approchent avec leur filet et capturent plus de la moitié de la troupe.
Des Décrets pour les Tigres

A l'époque où Yang Shuxian était magistrat à Jingzhou, les tigres constituaient un véritable fléau pour les habitants. un jour, Yang fit polir la roche et y fit graver un long édit qui se résumait à peu près à ceci:

"Tigres, quittez les lieux!"
Plus tard, lorsqu'il fut nommé préfet à Yulin, Yang Shuxian écrivit au magistrat Zhao Dingji de Jingzhou, pour le prier de faire décalquer son édit lapidaire contre les tigres. Il en voulait plusieurs calques.
- Je veux m'en servir pour éduquer mes administrés, disait-il, car le peuple du Lingnan est encore fort sauvage.
Zhao envoya des ouvriers décalquer l'édit. Le lendemain, un vieillard vint lui dire :
- Les tigres ont déjà tué deux des ouvriers pendant qu'ils prenaient l'empreinte du texte gravé sur le roc.

L'Aveugle qui se fait expliquer le SoleilL

Un homme, aveugle de naissance, voulant connaître l'aspect du Soleil, demanda qu'on le lui décrive.
- Le Soleil est comme ce disque en bronze, expliqua quelqu'un en frappant sur un gong. Quelque temps plus tard, l'aveugle entendit une cloche sonner et il crut que ce son provenait du Soleil.
Un autre lui dit :
-Le soleil brille comme un cierge.
L'aveugle prit le cierge dans ses mains et en étudia la forme.
Un jour, il saisit une flûte, et il crut qu'il tenait le Soleil.
Grandes sont les différences entre une cloche, une flûte et le Soleil, mais l'aveugle ne pouvait le savoir, car il n'avait acquis ces notions que par les dire d'autrui.
Combat de Buffles

Un artiste très connu composa un tableau sur soie intitulé : "Combat de buffles". Cette peinture fit l'admiration de tous.
- Voyez, disait-on, quelle vitalité dans ces buffles! On croirait qu'ils sont vivants.
Très satisfait de son oeuvre, le peintre fit monter sa peinture sur un fond de brocart tendu par un rouleau garni de jade. Il la roula et la rangea dans un coffret de cèdre. Il ne l'en tirait que pour la faire admirer à des connaisseurs.
Un jour d'été, craignant que les vers n'attaquent la soie de sa peinture, il l'exposa au soleil dans son jardin.
Un petit gardien de vaches regarda, s'immobilisant devant l'image et l'examina en souriant.
- Tu t'intéresses à la peinture, petit? Interrogea le peintre. Tu vois, les deux buffles sont en train de se battre, le tableau est-il ressemblant?
- Les buffles sont assez ressemblants, dit l'enfant.
- Y a-t-il autre chose qui ne te paraîtrait pas ressemblant?
- Lorsque les buffles se battent, dit l'enfant, ils mettent toutes leurs forces dans leurs cornes et serrent la queue entre leurs jambes; ici, ils balancent leur queue. Je n'ai jamais vu de buffles qui se battent comme ça!
Le grand peintre ne trouva rien à répondre.
Pour chercher la Pierre à Feu

Aizi réclamait un soir de la lumière, et comme le temps passait sans qu'on lui apportât la lampe, il cria à son disciple de se presser. L'élève répondit :
- Il fait si noir que je n'arrive pas à trouver la pierre à feu.
Puis il ajouta :
- Maître, ne pourriez-vous pas allumer la chandelle pour m'aider à la chercher?

Le Poisson Surnaturel

Au bord du chemin était planté un grand érable, un érable si vieux que son tronc était devenu creux; quand il pleuvait, le tronc s'emplissait d'eau. Un jour vint à passer un marchand de poissons qui s'assit sous l'arbre pour se reposer. Il vit le creux plein d'eau et trouva amusant d'y jeter un poisson.
Un passant découvrit le poisson dans le trou, il s'en émerveilla :
- Ce ne peut être qu'un poisson surnaturel, se dit-il.
Le bruit s'en répandit. Bientôt de dix lieues à la ronde les gens accoururent en foule pour faire des offrandes au poisson surnaturel. Le lieu devint célèbre et aussi animé qu'une foire.
Mais voilà qu'un jour le marchand de poissons repassa par l'endroit et voyant les conséquences de son geste, il se moqua de la foule ignorante.
- Au diable, votre poisson surnaturel, leur dit-il, c'est moi-même qui l'ai mis dans le trou. Maintenant, je vais le reprendre.
Là-dessus il repêcha le poisson et s'en fut le mettre à frire.
Depuis lors, plus personne ne vient brûler d'encens au pied du vieil érable creux.
Deux paires d'Yeux

Il était une fois deux hommes qui discutaient de la physionomie du Roi.
- Qu'il est beau! Disait l'un.
_ Qu'il est laid! Disait l'autre. Après une longue et vaine discussion, ils se dirent mutuellement :
" Demandons à quelqu'un d'autre de le regarder, vous verrez que j'ai raison!"
La physionomie du Roi était ce qu'elle était et rien ne pouvait la changer; cependant l'un voyait le souverain à son avantage et l'autre à son désavantage.
Ce n'est pas pour le plaisir de se contredire qu'ils soutenaient des avis différents, mais parce que chacun le voyait à sa façon.


L'homme au fond du Puits

Il y avait autrefois dans l'Etat de Song un certain sire Ding qui n'avait pas de puits. Tous les jours, un homme de la maison passait sa journée entière à assurer le service de l'eau, car il fallait aller la chercher fort loin. Pour simplifier le travail, Ding fit creuser un puits dans sa cour.
- En creusant ce puits dans ma cour, j'ai gagné un homme dit-il à un ami. Cet ami le répéta à un autre et la remarque, passant de bouches à oreilles, devint ceci :
- Monsieur Ding en creusant un puits dans sa cour y a trouvé un homme.

Le propos se répandit à travers le pays et le Roi vint à l'apprendre. Il convoqua Ding et voulut savoir comment il avait trouvé un homme au fond de son puits.
Ding s'expliqua :
- Ce puits creusé dans ma cour, en m'évitant d'aller faire chercher au loin, m'a fourni deux bras de plus pour les travaux de la maison, voilà tout !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire