Dans la grande Gorge Qutang, les eaux
tulultueuses du Yangzi longent à un moment de leur parcours une grande paroi
abrupte aussi rouge que le feu, connue sous le nom de montagne à la cuirasse
pourpre. Comme son sommet ressemble à une grande pêche, on l'appelle également
la montagne de la Pêche. Depuis la vallée, les nuages entourant la cime en forme
de pêche donnent l'impression d'un plateau de jade; d'où son autre nom très
imagé : "Le plateau de jade porte la pêche de l'immortalité".
A flanc de montagne s'ouvre une grotte dans laquelle les stalactites qui
pendent de la voûte rencontrent des pierres aux formes bizarres; sept portes
mystérieuses en protègent l'entrée et lui donnent son nom de "Grotte aux sept
portes". Dans l'antiquité, elle n'était fréquentée que par des bêtes féroces:
hyènes, loups, tigres et panthères.
Un jour, un pauvre pêcheur nommé Xia Zhongjiao ou "Dragon de la Gorge", obligé de quitter son village éprouvé par la famine, vint s'y installer avec sa femme et son fils après en avoir chassé tous les animaux.
L'homme et sa famille vivaient des produits de la pêche. En outre Xia Zhongjiao avait planté sur la grève Kuimen au coeur du Yangzi, des herbes Yanyu, une plante médicinale aux pouvoirs exceptionnels, avec laquelle il soignait les pêcheurs des Trois Grandes Gorges.
Or, il faut savoir qu'il y avait à l'époque un serpent monstrueux, unicorne nommé Kuilong qui sortait de temps en temps de son antre, rendant les eaux folles. Yu le Grand avait réussi à dompter les Eaux déchaînées et emprisonné Kuilong sous le mont Yanyu.
Mais le serpent s'était libéré de ses chaînes et avait quitté sa prison. D'un coup de queue, il arracha toutes les herbes d'immortalité et les emporta dans son antre. Un jour, après le dîner, le pêcheur s'en fut cueillir des herbes sur la grève et fut très surpris de n'y rien trouver. Inquiet, il réfléchissait lorsqu'il entendit un vent furieux se lever, des vagues impétueuses mugir; un coup de tonnerre d'une violence inouïe détonna et ce fut alors qu'émergea de l'eau un serpent unicorne à l'air féroce.
Un jour, un pauvre pêcheur nommé Xia Zhongjiao ou "Dragon de la Gorge", obligé de quitter son village éprouvé par la famine, vint s'y installer avec sa femme et son fils après en avoir chassé tous les animaux.
L'homme et sa famille vivaient des produits de la pêche. En outre Xia Zhongjiao avait planté sur la grève Kuimen au coeur du Yangzi, des herbes Yanyu, une plante médicinale aux pouvoirs exceptionnels, avec laquelle il soignait les pêcheurs des Trois Grandes Gorges.
Or, il faut savoir qu'il y avait à l'époque un serpent monstrueux, unicorne nommé Kuilong qui sortait de temps en temps de son antre, rendant les eaux folles. Yu le Grand avait réussi à dompter les Eaux déchaînées et emprisonné Kuilong sous le mont Yanyu.
Mais le serpent s'était libéré de ses chaînes et avait quitté sa prison. D'un coup de queue, il arracha toutes les herbes d'immortalité et les emporta dans son antre. Un jour, après le dîner, le pêcheur s'en fut cueillir des herbes sur la grève et fut très surpris de n'y rien trouver. Inquiet, il réfléchissait lorsqu'il entendit un vent furieux se lever, des vagues impétueuses mugir; un coup de tonnerre d'une violence inouïe détonna et ce fut alors qu'émergea de l'eau un serpent unicorne à l'air féroce.
Le pêcheur reconnut Kuilong, et sans la moindre
peur lui cria :
- Mauvaise bête, c'est toi qui a volé mes herbes Yanyu? - Et ça ne m'a guère suffit; ce que je veux manger, c'est de la chair! hurla Kuilong en montrant griffes et dents. Enfermé pendant des milliers d'années à cause de Yu le Grand, je meurs de faim; mais voilà qui tombe bien, tu seras mon premier vrai repas après ce long jeûne.
Ce disant, Kuilong allongea ses pattes griffues vers le pêcheur; celui-ci plongea hardiment dans l'eau, serra fort son harpon, et livra bataille à la bête. L'homme et l'animal luttèrent trois jours et trois nuits durant, sans qu'il y ait ni vainqueur ni vaincu. Au quatrième jour, accablé par la faim et à bout de force, le pêcheur fut dévoré par Kuilong.
La nouvelle de sa mort peina considérablement sa femme qui jura de le venger. Aussi poussa-t-elle leur fils Xiaojiao, petit Dragon, à s'entraîner durement afin d'être à même de venger son père une fois le moment venu.
Xiaojiao prenait son rôle très au sérieux; il entretenait sa mère grâce aux produits de la pêche, et s'exercait dans l'eau, progressant de jour en jour. Quelques années passèrent; non seulement Xiaojiao était devenu aussi fort et solide que son père, mais encore était-il capable de manier le harpon et de nager jusqu'à sept jours et sept nuits de suite sans jamais sortir de l'eau.
C'était un véritable petit Dragon de fleuve. Un jour, de retour de la pêche, il s'inquiéta de ne pas voir sa mère venir chercher les poissons. Il se pressa de rentrer et trouva sa mère au lit, n'ayant plus qu'un souffle de vie.
Il allait partir pour appeler un médecin quand elle l'arrêta; elle parlait avec difficulté :
- Mon enfant, seules les herbes Yanyu plantées par ton père peuvent me guérir!
- Mauvaise bête, c'est toi qui a volé mes herbes Yanyu? - Et ça ne m'a guère suffit; ce que je veux manger, c'est de la chair! hurla Kuilong en montrant griffes et dents. Enfermé pendant des milliers d'années à cause de Yu le Grand, je meurs de faim; mais voilà qui tombe bien, tu seras mon premier vrai repas après ce long jeûne.
Ce disant, Kuilong allongea ses pattes griffues vers le pêcheur; celui-ci plongea hardiment dans l'eau, serra fort son harpon, et livra bataille à la bête. L'homme et l'animal luttèrent trois jours et trois nuits durant, sans qu'il y ait ni vainqueur ni vaincu. Au quatrième jour, accablé par la faim et à bout de force, le pêcheur fut dévoré par Kuilong.
La nouvelle de sa mort peina considérablement sa femme qui jura de le venger. Aussi poussa-t-elle leur fils Xiaojiao, petit Dragon, à s'entraîner durement afin d'être à même de venger son père une fois le moment venu.
Xiaojiao prenait son rôle très au sérieux; il entretenait sa mère grâce aux produits de la pêche, et s'exercait dans l'eau, progressant de jour en jour. Quelques années passèrent; non seulement Xiaojiao était devenu aussi fort et solide que son père, mais encore était-il capable de manier le harpon et de nager jusqu'à sept jours et sept nuits de suite sans jamais sortir de l'eau.
C'était un véritable petit Dragon de fleuve. Un jour, de retour de la pêche, il s'inquiéta de ne pas voir sa mère venir chercher les poissons. Il se pressa de rentrer et trouva sa mère au lit, n'ayant plus qu'un souffle de vie.
Il allait partir pour appeler un médecin quand elle l'arrêta; elle parlait avec difficulté :
- Mon enfant, seules les herbes Yanyu plantées par ton père peuvent me guérir!
A ces mots, le jeune homme sentit resurgir en
lui la haine. Il empoigna son harpon, salua sa mère et gagna la grève en
criant :
- Ecoute-moi Kuilong, dépêche-toi de me rendre les herbes Yanyu! Sinon, je te couperai en mille morceaux! Au cri, Kuilong quitta son antre, et fit surface dans un grondement de tonnerre, et un déferlement de vagues qui s'écrasèrent avec violence sur les rochers. Il s'écria avec un rire fou:
- Formidable! Voilà que tu viens m'apporter comme ton vieux père un nouveau repas délicieux!
Cela dit, il sortit ses griffes et se jeta sur le jeune homme avec une telle violence que les monts Taishan en tremblèrent. Voyant cette furie, Xiaojiao avait empoigné son harpon; il bondit au-devant de Kuilong et transperça de son arme le ventre du monstre, faisant jaillir un flot de sang noir.
La blessure avait rendu Kuilong fou furieux. Il serrait le jeune homme dans ses spires sans lâcher prise. La haine alimentait le courage et la force de Xiaojiao. Pendant sept jours le combat n'eut de cesse dans les eaux bouillonnantes; Kuilong avait perdu beaucoup de sang et faiblissait d'heure en heure.
Enfin, le jeune homme le harponna à la tête; se voyant en mauvaise posture, le serpent battit la retraite et se réfugia dans son antre dont il ferma d'un coup de queue la porte de pierre épaisse.
Xiaojiao s'était lancé à sa poursuite; mais il eut beau frapper des poings et des pieds et casser son arme contre la porte, celle-ci resta fermée. A bout de ressources, il sortit de l'eau et rentra à la maison.
L'état de sa mère avait empiré; assis à son chevet, il réfléchissait au moyen d'ouvrir la grande porte.
- Ecoute-moi Kuilong, dépêche-toi de me rendre les herbes Yanyu! Sinon, je te couperai en mille morceaux! Au cri, Kuilong quitta son antre, et fit surface dans un grondement de tonnerre, et un déferlement de vagues qui s'écrasèrent avec violence sur les rochers. Il s'écria avec un rire fou:
- Formidable! Voilà que tu viens m'apporter comme ton vieux père un nouveau repas délicieux!
Cela dit, il sortit ses griffes et se jeta sur le jeune homme avec une telle violence que les monts Taishan en tremblèrent. Voyant cette furie, Xiaojiao avait empoigné son harpon; il bondit au-devant de Kuilong et transperça de son arme le ventre du monstre, faisant jaillir un flot de sang noir.
La blessure avait rendu Kuilong fou furieux. Il serrait le jeune homme dans ses spires sans lâcher prise. La haine alimentait le courage et la force de Xiaojiao. Pendant sept jours le combat n'eut de cesse dans les eaux bouillonnantes; Kuilong avait perdu beaucoup de sang et faiblissait d'heure en heure.
Enfin, le jeune homme le harponna à la tête; se voyant en mauvaise posture, le serpent battit la retraite et se réfugia dans son antre dont il ferma d'un coup de queue la porte de pierre épaisse.
Xiaojiao s'était lancé à sa poursuite; mais il eut beau frapper des poings et des pieds et casser son arme contre la porte, celle-ci resta fermée. A bout de ressources, il sortit de l'eau et rentra à la maison.
L'état de sa mère avait empiré; assis à son chevet, il réfléchissait au moyen d'ouvrir la grande porte.
Vers minuit, alors que le jeune homme luttait
pour résister au sommeil, un vieillard aux cheveux blancs et au regard lumineux,
lui apparut soudain, porté par un nuage coloré, venant du sommet en forme de
pêche de la montagne à la Cuirasse pourpre.
Il entra dans la grotte aux Sept portes , un livre doré à la main, et lui
dit:
- Xiaojiao, tu es un brave pêcheur, et un bon fils. Voilà un livre qui nous a été confié par Yu le Grand et qui t'aidera à dompter le serpent. Prends-le et fais-en bon usage!
- Merci, grand-père, répondit le garçon en prenant le livre de ses deux mains, qui êtes-vous, mon bon génie?
- Je suis ton voisin, le Génie de la pêche. Tu ne trouveras dans ce livre doré que des trésors. Mais pour vaincre le serpent, il te faudra faire appel à toute ton intelligence et à ton courage.
Cela dit, l'immortel regagna son nuage et disparut à l'horizon.
Le chant du coq réveilla le jeune homme. Il frotta ses yeux ensommeillés, songeant à l'étrange rêve, lorsqu'il aperçut le livre doré sur son lit. Il alluma la torche et se mit immédiatement à en étudier le contenu. Le jour n'était pas encore levé qu'il le connaissait par coeur ; il dit au revoir à sa mère, gagna la grève et de là plongea dans les eaux tourbillonnantes du fleuve.
- Xiaojiao, tu es un brave pêcheur, et un bon fils. Voilà un livre qui nous a été confié par Yu le Grand et qui t'aidera à dompter le serpent. Prends-le et fais-en bon usage!
- Merci, grand-père, répondit le garçon en prenant le livre de ses deux mains, qui êtes-vous, mon bon génie?
- Je suis ton voisin, le Génie de la pêche. Tu ne trouveras dans ce livre doré que des trésors. Mais pour vaincre le serpent, il te faudra faire appel à toute ton intelligence et à ton courage.
Cela dit, l'immortel regagna son nuage et disparut à l'horizon.
Le chant du coq réveilla le jeune homme. Il frotta ses yeux ensommeillés, songeant à l'étrange rêve, lorsqu'il aperçut le livre doré sur son lit. Il alluma la torche et se mit immédiatement à en étudier le contenu. Le jour n'était pas encore levé qu'il le connaissait par coeur ; il dit au revoir à sa mère, gagna la grève et de là plongea dans les eaux tourbillonnantes du fleuve.
Une fois devant l'antre du serpent, il souleva
un rocher, y trouva une sorte de chapeau en pierre qu'il posa sur sa tête et en
donna un grand coup à la porte qui s'ouvrit à l'instant.
La caverne était plongée dans l'obscurité et il ne pouvait rien distinguer. A
tâtons, il avança jusqu'à ce qu'il rencontre un coffre en pierre. Il en sortit
une paire de chaussures toujours en pierre qu'il chaussa et qui le
transportèrent en l'espace d'un instant au-delà de la deuxième porte.
Il trouva là un cheval qui hennit à son arrivée, les oreilles dressées. Xiaojiao s'approcha de lui, sortit de ses oreilles deux épées qu'il brandit en l'air. A la lueur de l'éclat froid de l'épée, il put lire les trois catactères gravés sur l'emmanchure : "Epée du roi Yu".
Puis toujours grâce aux chaussures magiques, il dépassa la troisième porte. Il se trouvait maintenant dans une caverne très vaste. Kuilong se reposait sur une terrasse de pierre. Il cligna des yeux et s'aperçut brusquement de la présence de Xiaojiao.
D'un bond, la bête fut debout. La terrasse était trop haute pour que le garçon puisse atteindre le monstre avec sa courte épée. L'idée lui vint de faire semblant de s'éloigner. Kuilong n'allait sans doute pas laisser s'échapper un bon repas.
En effet, la bête agita ses pates griffues et s'élança à la poursuite de Xiaojiao qui d'un bond fut sur la terrasse, la fendit de son arme et en sortit un cerceau magique; il le lança en l'air et sur-le-champ Kuilong se trouva enchaîné, hors combat.
Le jeune homme trouva les herbes Yanyu derrière la terrasse. Il passa la troisième porte, et à l'aide de trois grandes serrures posées sur le dos du cheval, il ferma successivement à clé les trois portes. Désormais Kuilong n'allait plus nuire à personne.
Les herbes Yanyu dans les bras, Xiaojiao courut à la maison. Il ne pouvait pas savoir qu'un jour passé dans l'antre du serpent équivaut à une année dans le monde; sa mère était morte. Le coeur lourd, il l'enterra.
Le temps passa, Xiaojiao continua, comme son père, à soigner les pêcheurs des Trois Grandes Gorges, grâce aux herbes Yanyu qu'il pouvait maintenant cultiver sans crainte.
Il trouva là un cheval qui hennit à son arrivée, les oreilles dressées. Xiaojiao s'approcha de lui, sortit de ses oreilles deux épées qu'il brandit en l'air. A la lueur de l'éclat froid de l'épée, il put lire les trois catactères gravés sur l'emmanchure : "Epée du roi Yu".
Puis toujours grâce aux chaussures magiques, il dépassa la troisième porte. Il se trouvait maintenant dans une caverne très vaste. Kuilong se reposait sur une terrasse de pierre. Il cligna des yeux et s'aperçut brusquement de la présence de Xiaojiao.
D'un bond, la bête fut debout. La terrasse était trop haute pour que le garçon puisse atteindre le monstre avec sa courte épée. L'idée lui vint de faire semblant de s'éloigner. Kuilong n'allait sans doute pas laisser s'échapper un bon repas.
En effet, la bête agita ses pates griffues et s'élança à la poursuite de Xiaojiao qui d'un bond fut sur la terrasse, la fendit de son arme et en sortit un cerceau magique; il le lança en l'air et sur-le-champ Kuilong se trouva enchaîné, hors combat.
Le jeune homme trouva les herbes Yanyu derrière la terrasse. Il passa la troisième porte, et à l'aide de trois grandes serrures posées sur le dos du cheval, il ferma successivement à clé les trois portes. Désormais Kuilong n'allait plus nuire à personne.
Les herbes Yanyu dans les bras, Xiaojiao courut à la maison. Il ne pouvait pas savoir qu'un jour passé dans l'antre du serpent équivaut à une année dans le monde; sa mère était morte. Le coeur lourd, il l'enterra.
Le temps passa, Xiaojiao continua, comme son père, à soigner les pêcheurs des Trois Grandes Gorges, grâce aux herbes Yanyu qu'il pouvait maintenant cultiver sans crainte.
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