Chiyou est un personnage mythique de
l'antiquité chinoise, chef des Jiuli et adversaire redoutable de Huangdi et
Yandi. Il était aussi jusqu'au début des Han un dieu de la guerre. Certains en
font un descendant de Shennong.
Chiyou est revendiqué comme ancêtre par
plusieurs ethnies non-Hans, en particulier les Hmongs (Miaos) chez qui il existe
plusieurs légendes le concernant. Le nom Chiyou semble d'ailleurs provenir du
hmong Txiv Yawg signifiant “père-grand-père” ou “souverain”.
Le Shiji
et le Shanhaijing mentionnent une bataille de Chiyou contre Huangdi, ou Huangdi
et Yandi, chefs des Huaxia, considérés par les Hans comme leurs ancêtres. Le
Shiji, ouvrage historique chinois, présente Chiyou comme un vassal rebelle et
situe la bataille à Zhuolu. Selon le Shanhaijing, recueil de mythes des Royaumes
combattants, Chiyou fit appel au dieu du vent Fengbo et à des shamans pour
susciter une tempête, que Huandi contra avec l'aide de Ba, déesse de la
sécheresse qui résidait jusque là dans le ciel. Elle n'y est jamais remonté et
cause depuis lors l'arrêt des pluies partout où elle passe. Quand il eut repris
le dessus, l'Empereur jaune envoya Yinglong donner le coup de grâce à Chiyou.
Dans les versions ultérieures de la légende, comme le Yunjiqiqian des Song,
Chiyou crée un épais brouillard à travers lequel Huangdi guide son armée grâce
au char qui montre le sud, inventé par lui-même, un conseiller, ou la Femme
obscure des neuf cieux. Cette dernière est l'acolyte de Xiwangmu, qui d'après le
Yongcheng jixianlu, recueil de vies d'immortelles composé sous les Tang,
apparait pendant la bataille avec un corps d'oiseau et vêtue d'une peau de
renard pour remettre à Huangdi le talisman des Cinq pics qui lui donnera la
victoire.
La bataille de Zhuolu est souvent relatée d'une
manière développée dans des recueils de lecture à l'usage des scolaires, avec
une certaine variété dans les détails selon l'auteur, du fait des divergences et
de la brièveté des textes sources.
Selon une autre version, les Jiuli (neuf Li),
peuple de Chiyou, ayant changé son nom en Sanmiao, fut défait définitivement par
Yu le Grand. On dit aussi que Zhuanxu, descendant de Huangdi, mit fin aux
pratiques religieuses des Sanmiao pour leur imposer celles de son peuple.
Selon une version hmong, après la mort de
Chiyou, son fils ainé partit vers le sud fonder le peuple Miao, le second prit
la direction du nord, et le cadet resta à Zhuolu avec les Huaxia.
Rien n'a encore pu confirmer que l'ancienne
préfecture de Zhuolu située au Hebei à la frontière du Liaoning est bien le site
de l'antique bataille. L'endroit est néanmoins devenu depuis les annés 90 un
site touristique sur le thème des trois héros Huangdi, Yandi et Chiyou, qui y
ont chacun sa statue et des sites naturels portant leur nom.
Il semble que Chiyou, du fait de sa réputation
militaire, soit devenu un dieu de la guerre chez les Hans également. On prétend
en effet qu'il était si redoutable qu'après sa mort Huangdi fit placer son
effigie partout pour tenir en respect la population. Il était encore honoré à la
fin du IIIe siècle av. J.C., puisque Han Gaozu lui rendit un culte avant une
bataille contre Xiang Yu ; il semble ensuite disparaitre du panthéon chinois. On
lui prête en particulier l'invention des armes de fer et de bronze, ce que
certains historiens interprètent comme le fait que les Jiuli étaient plus
avancés que les Huaxia dans le domaine de la métallurgie. On lui attribuait 81
ou 72 frères, six bras, quatre yeux, une tête de métal de forme bovine, des
sabots ; il se nourrissait de pierres.
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