Mazu, la déesse chinoise des marins



Mazu est une déesse chinoise dont le culte, peut-être originaire du Fujian, s’étend principalement le long des côtes sud et est de la Chine (Zhejiang, Fujian, Guangdong), ainsi que à Macao, Taïwan et au Vietnam. Les relations maritimes entre les régions bordant la mer de Chine et l’immigration chinoise en Asie du Sud-Est expliquent qu’on trouve des temples qui lui sont consacrés dans de nombreux pays d’Asie : Malaisie, Singapour, Philippines, Japon, et jusque dans les quartiers chinois de Los Angeles et San Francisco. À l’origine protectrice des marins, elle a pris à Taïwan l’importance d’une divinité de premier plan aux fonctions multiples. Le petit archipel des Matsu et l’ile principale des Pescadores, Magong, lui doivent leur nom. Son origine en tant que mortelle est associée à Lin Moniang.

Le nom de Mazu peut se décomposer en Ma « mère » et Zu « ancêtre ». Elle est souvent appelée par l’un des titres qui lui ont été décernés par l’administration impériale en reconnaissance de son importance, comme c’est la coutume pour les divinités chinoises. Depuis le règne de l’empereur Huizong des Song jusqu’à l’ère Daoguang des Qing (1820-1850), Mazu s’est vu décerner près de trente titres, dont les plus usités sont : Tianfei ou Tianfei niangniang « Dame du palais céleste », Tianhou « Impératrice céleste », Tianshang shengmu « Sainte mère céleste ».

Le premier empereur à reconnaitre officiellement sa puissance fut Huizong des Song, à la suite du témoignage de l’ambassade envoyée en direction du royaume coréen de Koguryo. La flotte ayant rencontré une tempête, certains auraient aperçu une femme vêtue de rouge venant à leur aide. L’empereur offrit à son temple une inscription « sauvetage à point nommé ».

Dans la religion traditionnelle chinoise, les divinités sont typiquement des êtres humains exemplaires ayant accédé à un état supérieur par la vertu de leur force mentale, du culte rendu à leurs mânes ou d’une cooptation par des divinités déjà existantes. Néanmoins, si certains dieux ont une existence humaine attestée (Guandi), pour d’autres, dont Mazu, la biographie terrestre est probablement une invention postérieure au culte. On n’a en effet aucune certitude concernant l’existence de celle qui allait devenir la protectrice des marins : Lin Moniang, née sous les Song, originaire de Meizhou dans le district de Putian, province du Fujian. Son culte semble en tout état de cause être parti du Fujian et prend son essor sous les Song ; le premier temple consacré à Mazu apparait au XIe siècle à Dinghai

Les détails de sa vie varient selon les versions. Selon la biographie officielle des temples, elle serait née en 960 et morte à 27 ans en 987. Lors de sa naissance une lumière rouge emplit la chambre. Comme à un mois elle n’avait toujours pas pleuré, on lui donna le nom de Moniang, « la silencieuse ». Elle manifesta jeune du goût pour l’étude du Tao (ou de la dévotion aux bouddhas, taoïsme et bouddhisme se mêlant dans la religion populaire). À 16 ans, après plusieurs années de méditation, elle avait acquis des pouvoirs extraordinaires, dont celui de sauver les navigateurs en détresse. D’autres versions en font une fille de pêcheur douée d’un sixième sens lui permettant de détecter les marins en détresse. D'autres encore prétendent qu’elle avait l’habitude d’aller sur la côte avec une lampe les soirs de tempête pour guider les bateaux et serait morte noyée en tentant de sauver son frère. Certains en font un avatar du bodhisattva féminin Guan Yin.

Dans l’exercice de ses fonctions de sauvetage, elle se tient debout sur un nuage, vêtue d’un vêtement rouge et accompagnée de deux assistants : Qian li yan « yeux (qui voient à) mille lis » et Shun feng er « oreilles (qui entendent les sons) amenés par le vent ». Dans les temples, sa statue est le plus souvent celle d’une femme au visage noir vêtue en impératrice.

A l’occasion du Nouvel An, la tradition veut que "Ma Zu" soit portée dans un palanquin pour le parade accompagnée d’offrandes, de drapeaux, de tambours… pour souhaiter la sérénité des 4 saisons, bonheur et prospérité.

A travers les 4 dynasties chinoises (Song, Yuan, Minq, Qing), "Ma Zu" fut appelée successivement "Déesse", "Fille du Dragon", "Notre Dame céleste", "Déesse de la mer". Tous les ans, les croyants célèbrent sa naissance et sa métamorphose en Déesse (9e jour du 9e mois calendrier lunaire) honorés par les drapeaux qui flottent, les tambours, les bougies et les baguettes d’encens. De nombreux marins et pêcheurs l’honorent évidemment.

 La majorité de la population de Fujian et des Taïwanais portent leur croyance sur cette déesse appelée également "Déesse des deux territoires côtiers". "Ma Zu", l’un des patrimoines culturels de la Chine qui a 5000 ans d’histoire, est considérée comme "les 3 principales croyances de la Chine".

La situation géographique de Taïwan, face à la province du Fujian, berceau du culte de Mazu, et l’importance de cette divinité pour des immigrants ayant affronté le redoutable détroit de Taïwan, ont fait que la déesse est rapidement devenue dans l’île une divinité de premier plan dont le champ d’action s’étend à tous les domaines de la vie. Son importance s’est encore accrue récemment avec la prise de conscience de l’identité culturelle taïwanaise, dont elle est l’élément le plus représentatif dans le domaine religieux. Elle a également été impliquée dans l’évolution des relations avec la Chine populaire. En effet, les pèlerinages vers le temple d’origine ont été parmi les premières visites autorisées pour raison non-familiale.


On compte à Taïwan 510 temples dont Mazu est la divinité principale, parmi plus de 800 qui abritent sa statue. 39 sont précisément datés, 2 de l’époque Ming et 37 de l’époque Qing. Le plus ancien est le Tianhougong de l’île principale des Pescadores, Magong, « temple de Mazu ». Les temples Chaotiangong de Beigang et Zhenlangong de Dajia conservent des relations particulièrement étroites avec le temple d’origine de Meizhou.

Dans le monde, environ 200 millions de fidèles répartis dans une vingtaine de pays ou régions adoptent cette croyance (plus de 5000 lieux de culte en tout, dont un en France).

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