Xiwangmu, Reine-mère d'Occident et reine des immortels



Xi Wangmu, Hsi Wang Mu, Xiwangmu ou Reine-mère d’Occident, est un personnage très important de la mythologie chinoise antique devenu sous la dynastie Han une divinité taoïste. Il s'agit en effet de l'une divinité chinoise les plus vénérées de tous les temps, symbole principal de l'essence Yin. Elle est la souveraine des immortels, elle protège la vie et dispense la longévité. Comme Mère du Métal, elle est associée à l'Ouest dans le système cosmologique des cinq éléments.


Elle réside dans un palais de jade situé sur le Kunlun céleste, lieu magique où pousseraient les herbes d’immortalité et les pêches de longue vie qui mûrissent tous les 3000 ou 9000 ans. Chef des immortelles, toutes les femmes aspirant à obtenir le Dao sont considérées comme ses disciples.

Des sources de l'époque des Zhou de l'Est l'associent au mont Kunlun, le paradis de l'occident des Immortels.


Selon la tradition, la Reine mère de l'occident dispense les pêches de l'immortalité. Ces pêches poussent aussi bien dans le paradis de l'Occident, demeure de la Reine Mère, que sur quelques îles mythiques situées dans l'océan à l'est de la Chine, habitées par les Immortels.

 La Reine mère de l'occident réside dans le paradis des immortels sur le mont Kunlun, où, lorsque poussent les pêches de l'immortalité (une fois tous les 3000 ans), se tient un banquet, la fête des Pêches de l'immortalité. Il s'agit de l'une des scènes les plus représentées dans l'art chinois. La fête des Pêches de l'immortalité est célébrée aujourd'hui encore le troisième jour de la troisième lune du calendrier lunaire, en concomitance avec l'anniversaire de la Reine Mère de l'Occident.   

Le Shanhai jing (Livre des montagnes et des mers) la décrit sous un aspect démoniaque et courroucé tandis que dans le Mu tianzi zhuan (Biographie de Mu, Enfant du Ciel), elle apparaît sous des traits plus aimables comme la fille de l'Empereur du Ciel. Sous les Han, son culte se développa considérablement à la cour impériale comme dans les mouvements messianiques. Elle est mentionnée pour la première fois dans un contexte taoïste dans le Zuangzi. Aux époques des six dynasties et Tang, elle fut placée dans les sommets des hiérarchies célestes ; par exemple, elle joua un rôle dans les révélations de la Suprême Pureté et reçut le titre de Maitresse de l'Origine (Yuanjun), qui guide toutes les femmes immortelles.


On a retrouvé sur les écrits oraculaires de la dynastie Shang le terme ximu « mère d'Occident », sans que l'on sache toutefois ce qu’il désigne. Comme il existait aussi une « mère d'Orient », on peut estimer que ces deux divinités formaient une paire contrastive. Son rapport avec Xiwangmu est ainsi douteux.

Le personnage de Xiwangmu est attesté à partir du IVè siècle av JC. Elle est mise en rapport avec le roi Mu de la dynastie Zhou. Ce souverain aurait effectué une expédition militaire dans l'actuelle province du Xinjiang au Xè siècle av JC contre des tribus appelées Quanrong. À cette occasion, il aurait rencontré Xiwangmu. En témoignent les Annales sur Bambou (Zhushu jinian), chroniques officielles du royaume de Wei. Elles ont été trouvées en 279 dans la tombe du roi Xiang. La période qu'elles couvrent va du règne mythique de Huangdi jusqu'à -299. Il y est écrit que « pendant la dix-septième année, le roi partit à l'Ouest vers le Kunlun, il eut une entrevue avec Xiwangmu; puis cette même année, Xiwangmu vint à la cour pour rendre hommage au roi Mu. En automne, au cours du huitième mois, le roi alla au Nord, passa les Sables Mouvants  et le mont Jiyu, il attaqua les Quanrong, leur prit cinq rois; il arriva jusqu'où les oiseaux bleus muent, puis Xiwangmu le retint ». D'autres textes confirment ce lien de Xiwangmu avec les oiseaux.

Le voyage du roi Mu a été « romancé » dans la Chronique du Fils du Ciel Mu  (mutianzi zhuan). Selon Rémi Mathieu, qui a traduit et commenté cet ouvrage en français, il aurait été rédigé entre -400 et -350. Xiwangmu y est décrite comme une belle femme à qui le roi rend visite. Ils s’entretiennent sur une berge du lac Yao (jaspe). Lorsque Mu doit repartir vers son royaume situé à l’Est, Xiwangmu lui demande de revenir ; il promet de le faire après avoir mis son domaine en ordre.

Selon le manuel d'alchimie de maître Chonghe (cité par Robert van Gulik dans Sexuel life in ancient China), Xiwangmu est « une femme qui obtint la Voie (le dao) en nourrissant son propre yin », c'est-à-dire en ayant de nombreux rapports sexuels. Elle apprécie particulièrement les jeunes garçons.

Il est encore question de Xiwangmu dans un ouvrage plus tardif, le Livre des monts et des mers (shanhaijing) entamé sous les Royaumes combattants et achevé sous les Han. Elle y apparait comme une créature rugissante d’aspect effrayant mi-humain mi-animal, aux fonctions sinistres : « Au sud de la mer occidentale, sur la rive des sables mouvants ... il y a un être portant un blason, avec des dents de tigre et une queue, il habite dans une grotte, on l’appelle Xiwangmu...il est en charge des maladies et des châtiments corporels ». D’autres passages précisent qu’elle habite sur le Mont de jade ou le mont Kunlun, lieu d'abondance ; sa queue est celle d’un léopard ; un oiseau bleu (ou noir) à trois pattes l’accompagne.
Dans le chapitre Dazongshi du Zhuangzi, c'est un être intemporel qui pénètre le Dao.

Dans le Huainanzi, on mentionne qu’elle détient les herbes d’immortalité qui transformèrent Chang'e en fée.
Une fiction historique, la Biographie de Han Wudi (hanwudi neizhuan) de Ban Gu, mentionne les pêches d’immortalité, que Sun Wukong aurait dérobées dans Le Voyage en Occident (Ming). Des historiens chinois modernes ont proposé que Xiwangmu soit la translitération d'un nom de tribu habitant à l'ouest de la Chine actuelle.

Dans le Livre des Han, annales officielles de la dynastie jusque l’an 9, on apprend qu’en l’an 4 de l’ère Jianping de l’empereur Aidi, une grande sécheresse sévit dans le Henan et le Shaanxi. Guidée par les oracles de Xiwangmu, la population des zones sinistrées migra jusqu’à la capitale Chang'an où on la vit danser et chanter en l’honneur de la déesse. Sous les Han son culte devient populaire et jouit d’une certaine reconnaissance officielle.

En tant que divinité taoïste, elle est associée au Roi-père d’Orient créé selon certains spécialement pour lui faire pendant. Ils sont chacun en charge des immortels de leur sexe. Selon certaines théories, ils sont aussi maîtres des souffles Yin et Yang et s’engendrent mutuellement. On lui prête parfois une messagère, sa disciple préférée, la Femme mystérieuse des neuf cieux (jiutianxuannu), identifiée avec qingniao, l’oiseau à trois pattes du Livre des monts et des mers, ou avec xuanniao, l’"oiseau sombre" ancêtre des Yin.

D’après le Yongcheng jixianlu, recueil de vies d’immortelles composé sous les Tang, elle serait apparue avec un corps d’oiseau et vêtue d’une peau de renard à Huangdi lors de sa bataille contre Chiyou pour lui remettre le talisman des Cinq pics. Sa messagère, la Femme mystérieuse, aurait fabriqué le char indiquant le sud qui permit à l’Empereur Jaune de guider son armée, c'est pourquoi elle est la patronne des carrossiers.
Sous le nom de Reine-mère aïeule, Xiwangmu forme parfois un couple avec l’Empereur de jade. Son anniversaire divin est le 3 du troisième mois ou le 18 du septième mois.

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